Inspecteur Labavure revu et corrigé par l’esprit tordu de Quentin Dupieux, fidèle Au poste de commissaire de l’humour noir et décalé pour aficionados de l’étrange. Savoureux, comme toujours.
Synopsis : Les membres d’un poste de police doivent résoudre une affaire de meurtre.
Toujours plus de stars chez Quentin Dupieux
Critique : Dans la filmographie de l’absurde de Quentin Dupieux, où les pneus sont tueurs, l’on ne sait plus trop quelles situations surréalistes relèvent d’un film ou d’un autre, tant l’étrangeté de l’œuvre dans sa globalité, est d’une cohérence infinie.
Les défilés de stars comiques françaises dans le monde iconique de Dupieux, d’Eric et Ramzy pour Steak à Alain Chabat dans Realité, démontrent l’adhésion de tout un pan du cinéma hexagonal, fidèle à l’absurde de cette œuvre personnelle.
En 2018, c’est au tour de Poelvoorde avec Au poste !, puis en 2019, celui de Jean Dujardin dans Le Daim… Les acteurs prennent des risques à étoffer leur filmographie d’une comédie qui ne fera pas le consensus chez leurs fans plus terre-à-terre.
Une affiche pastiche de la grande époque de Belmondo
Pourtant Au poste !, malgré son final nawak en forme de mise en abîme qui remet (presque) à plat toute l’intrigue, est sans nul doute l’OFNI le plus abordable de son auteur. Abordable, mais pas pour tout le monde, à l’instar de l’humour de Monsieur Fraize, Marc Fraize dans la vraie vie, qui tient un second rôle savoureux.
Contrairement à ce que l’affiche pastiche en forme de clin d’œil aux productions René Château / Cérito des années 80, mettant en scène Bébel (la typo, le cadre…), de l’aventure, du suspense et de l’action, ces ingrédients seront absents de ce quasi huis clos en commissariat, duquel on sort essentiellement lors d’étranges scènes de flashback, où la narration et les croisements de personnages du passé/présent/futur intriguent, et qui permettent à un homme – excellent Grégoire Ludig, le plus sobre de tous les doux dingues du film – suspecté d’un crime, de relater comment il est arrivé à trouver le cadavre – explosé de l’intérieur -d’un voisin, sur le bitume de sa rue…
Au poste !, un aboutissement pour Quentin Dupieux
Bizarre, bizarre. Dans cette turpide de jeux de mots, de déboulonnage délicieux de nos expressions françaises les plus banales, de mise en scène grandiose de l’imbécillité crasse de l’inspecteur Poelvoorde, qui roule des méninges comme d’autres rouleraient des mécaniques lors d’un interrogatoire joyeusement idiot, le réalisateur Quentin Dupieux s’applique à l’atmosphère, à la gestion de l’espace et à la direction des acteurs qui naviguent avec justesse dans son univers.
La volubilité de chaque protagoniste, tous travaillant de la casquette lors de cette folle nuit Au poste de police, donne une vraie fluidité au récit qui, il est vrai, ne peut jamais provoquer l’ennui de par sa durée courte d’1h13mn. C’est à la fois la force et la faiblesse du film, qui peut aussi s’apparenter à un long sketch, entre pièce de boulevard noir et gaudriole de café-théâtre.
Les initiés apprécieront, les autres peuvent fuir. Quant aux fans de Mr. Oizo, le DJ derrière le réalisateur, ils remarqueront une bande originale vraiment moins étrange qu’à l’accoutumée, et ça, c’est vraiment dommage.