Atomic Blonde est tout simplement le film d’action le plus couillu de l’été 2017. Un must see du genre avec Charlize Theron.
Synopsis : L’agent Lorraine Broughton est une des meilleures espionne du Service de renseignement de Sa Majesté ; à la fois sensuelle et sauvage et prête à déployer toutes ses compétences pour rester en vie durant sa mission impossible. Envoyée seule à Berlin dans le but de livrer un dossier de la plus haute importance dans cette ville au climat instable, elle s’associe avec David Percival, le chef de station local, et commence alors un jeu d’espions des plus meurtriers.
Charlize Theron à son meilleur
Critique : L’action lui va à ravir. Charlize Theron ne change pas de cap. Après Prometheus, Blanche-Neige et le chasseur et Mad Max Fury Road, l’actrice à la beauté la plus glaciale de Hollywood rempile dans le pur divertissement musclé, et ce après un rôle déjà carnassier dans Fast & Furious 8 en avril de cette même année. C’est désormais dans l’action qu’elle emploie sa lutte féministe en s’appropriant les armes, le vocable baraqué des action men. Avec Atomic Blonde, hors de question de laisser les cascades, bastons, hectolitres de sang, voire même les belles brunes, à ces messieurs. Dans tous ces domaines, les femmes sont aussi douées que les mecs, semble-t-elle vouloir nous dire systématiquement à l’écran. Voire même plus. Un bel exemple d’appropriation culturelle et de genre.
Les chiennes de garde de Hollywood
Ce message en filigrane sert de fil conducteur à cette série B tordue qui, avec Keanu Reeves aux premières loges, aurait été décrite comme gonflée à la testostérone, et on aurait appelé le jeu de massacre… John Wick 3. Mais voilà, l’héroïne aux visages multiples est une femme, agent secret entre James Bond et Jason Bourne, des dures à cuir qui ne se laissent pas marcher sur les talons hauts, et cognent jusqu’à la mort, en parfaite chienne de garde de Hollywood. Le concept rend justice à Theron, dont la présence glaciale rend le rôle implacable. Donnant de sa personne dans les impressionnantes scènes de courses-poursuites (certaines parmi les plus époustouflantes du genre), de bagarres et de sexe 100% au féminin, elle n’est pas là pour obtempérer. Le monde souterrain de Berlin lui appartient et, lâchée à la fin des années 80, dans une Europe en proie au chaos et à l’espoir (la chute imminente du Mur), elle est l’agent trouble qui va mettre la ville à feu et à sang, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui cherchent une alternative aux sempiternelles productions lisses américaines.
Atomic Blonde est un régal de politiquement incorrect
Politiquement incorrect, ce noyau dur de l’action américaine tranche par son cadre européen déliquescent et peu affable, ses idées démentes (l’hommage étrange à Tarkovski lors d’une scène en mise en abyme, à savoir une chasse à l’homme dans un cinéma diffusant l’un des films du cinéaste russe), son sens véloce du rythme et son jusqu’au-boutisme dans la chorégraphie des échauffourées.
The soundrack to the eighties
Cette furie armée se déploie sur une bande-son eighties improbable, développée à l’excès, et qui va probablement injurier le bon goût musical de la nouvelle génération à qui on n’épargnera pas la durée des morceaux enchaînés dans leur quasi-intégralité. Parfois Atomic Blonde s’apparente à un féroce vidéo-clip, où chaque scène est sublimée par les morceaux européens du Berlin déliquescent des années 80 : Peter Schilling, The Cure, Depeche Mode, Falco, Nena, New Order et forcément Bowie… La classe !
Iconoclaste et barré
Comme le film est un brin iconoclaste et pervers, la présence de James McAvoy n’en que plus opportune. La star de Split, Trance et Ordure!, s’amuse une fois de plus à sonder sa capacité à la démesure dans son interprétation, forgeant un peu plus sa solide réputation d’acteur caméléon.
Sous ses aspects de divertissement estival inoffensif, Atomic Blonde, avec son personnage principal bisexuel, a surtout tout du film culte en devenir, n’en déplaise à ses détracteurs. Charlize Theron, heureuse de cette expérience, rempilera dans l’action pour Netflix, avec un film générique, The Old Guard. L’expérience ne prendra pas. Cette fois-ci réalisé à la façon d’un homme par une femme peu à l’aise avec les rudiments du genre, le métrage est l’appropriation des formules les plus grossières du cinéma masculin et a surtout démontré les limites d’un type de cinéma qu’une seule femme à ce jour à réussi à transcender à la réalisation, une certaine Kathryn Bigelow.
Critique de Frédéric Mignard