Fast & Furious : Hobbs & Shaw, en tant que spin-off, excelle dans les cascades et l’humour de buddy-movie, nourrissant l’esprit du collectif de la franchise. Cette production Universal offre une contrepartie rafraîchissante aux sempiternels films de super-héros pour adolescents.
Synopsis : Depuis que Hobbs, fidèle agent de sécurité au service diplomatique des Etats-Unis, combatif mais droit, et Shaw, un homme sans foi ni loi, ancien membre de l’élite militaire britannique, se sont affrontés en 2015 dans Fast & Furious 7 ; les deux hommes font tout ce qu’ils peuvent pour se nuire l’un à l’autre.
Mais lorsque Brixton, un anarchiste génétiquement modifié, met la main sur une arme de destruction massive après avoir battu le meilleur agent du MI6 qui se trouve être la sœur de Shaw. Les deux ennemis de longue date vont devoir alors faire équipe pour faire tomber le seul adversaire capable de les anéantir.
Au lit les adolescents, Fast & Furious : Hobbs & Shaw, c’est pas pour vous !
Critique : Que Spider-Man aille se coucher. Les péripéties de teen-movie du gamin araignée sur fond vert, c’est du spectacle pour mômes pré-pubères qui ne fait vraiment pas le poids face à l’action costaude, intrinsèquement impressionnante, car à l’ancienne, et un humour définitivement adulte dans ses connotations sexuelles qu’offre pour cet été 2019 Hobbs & Shaw… Oui, Jason Statham, le bad-boy britannique n’a pas amendé sa conduite de Transporteur badass et Dwayne Johnson, bien qu’habitué aux spectacles familiaux fadasses (Jumanji & co), n’est jamais le dernier pour déconner. C’est l’esprit testostéroné du ring qui reprend le dessus, voir tribal, avec la séquence insulaire qui achève le film.
Welcome to the crew : même à deux, Hobbs & Shaw restent dans la famille
Dans cet épisode qui se détache vraiment du cast historique des Fast & Furious, l’on ne retrouve que nos deux gaillards que tout oppose (l’un est une montagne de muscles américain qui représente la loi ; l’autre est un Britannique né pour enfreindre cette loi, forcément plus fin dans l’action, le verbe et le physique…, vous voyez l’humour qui peut en découler?). Pourtant, le scénario va entièrement dresser un parallèle de leurs passés et de leurs destins. L’idée ingénieuse est plutôt bien fignolée et reprend l’esprit de famille fondamental dans la saga que Vin Diesel et Paul Walker avaient su développer avec bonhomie et fraternité. Cela avait rendu cette franchise d’autant plus accueillante que le spectateur semblait appartenir à la “team, crew, équipe”, ou à “la famille”. Chacun est libre d’y choisir son mot.
Une trame accessoire qui ne diminue en rien le plaisir
La famille dans Hobbs & Shaw, c’est compliqué, entre une mère en taule (Helen Mirren qui, malheureusement, ne fait qu’ouvrir et clore le film), la petite sœur de Shaw, sexy en diable, brouillée (la divine Vanessa Kirby, qui avait conquis le monde entier dans Mission Impossible : Fallout, un an auparavant), un frérot tout aussi furax pour Hobbs (le Néo-zélandais Cliff Curtis, éternel second rôle du cinéma américain qui avait partagé l’affiche de En eaux troubles avec Statham)… Paradoxalement, tout tourne sur les rapports humains, alors que cascades, bastons, explosions, courses-poursuites nourrissent le semblant de scénario jusqu’à la déraison dans l’exagération. Mais attention, ne prenez pas la remarque pour une critique, c’est tellement bien foutu et tellement drôle, que cela accomplit l’essentiel : le show est fun, drôle et digne. Et pourtant, le scénario est vraiment accessoire, puisqu’ici, comme dans Inferno de Ron Howard ou Grimsby agent trop spécial, avec Sacha Baron Cohen, c’est de nouveau une histoire de virus à des fins de rééquilibre écologique de la démographie mondiale (sic) qui active nos bonshommes.
Marvel, EuropaCorp? Des ringards…
Dans son approche de l’action, de sa mise en scène spectaculaire, on est bel et bien dans l’esprit cinématographique total des derniers Fast & Furious ou des Mission : Impossible, loin des action-flicks, jadis léchés, mais depuis ringardisés, que produisait Luc Besson à la chaîne, ou des univers totalement verts de Marvel, studio incapable de nous faire croire au danger pour l’acteur, incapable de l’éprouver, de le sortir de sa zone de confort ronflante (sacrée Elizabeth Olsen, n’est-ce pas?).
Fast & Furious : Hobbs & Shaw est le blockbuster de l’été 2019
Bref, Fast & Furious : Hobbs & Shaw, n’est sûrement pas à la hauteur des cinquième et sixième volets de la saga sur roues, mais demeure un cinéma d’exception dans le paysage balisé des super-héros lisses. On préfère se marrer des vannes de ses protagonistes, s’étonner de leur invincibilité, et savourer le spectacle sexy d’un Idris Elba rebooté en Terminator. On aime y voir de la sueur, savourer ce sentiment d’authenticité dans la fabrication de l’action, toujours en phase avec les très nombreux effets numériques. C’est plus honnête pour le spectateur, plus gratifiant, et définitivement plus adapté au grand-écran que tous ces jeux de super-héros où tout repose sur la réalisation digitale, le talent de graphistes géniaux qui ont déjà détruits tellement d’univers avec leurs logiciels qu’on ne s’étonne plus de rien. Oui, David Leitch a donné de sa personne sur le plateau de Fast & Furious : Hobbs & Shaw et on n’imagine pas Kenneth Brannagh (Thor), Joss Whedon (Avengers), Jon Favreau (le super mal réalisé Iron Man) ou plus récemment Anna Boden sur l’imbuvable Captain Marvel, avoir une vraie vision de ce que représente une cascade à l’écran et de ce que représente l’action comme terreau du blockbuster.
Rien que pour cela, Fast & Furious : Hobbs & Shaw est le blockbuster de l’été 2019.
Critique de Frédéric Mignard
Sorties de la semaine du 7 août 2019