Réalisateur, scénariste et producteur germano-américain, Robert Siodmak est né aux Etats-Unis en 1900 dans une famille juive allemande. Mais, à peine un an après sa naissance, ses parents décident de revenir vivre en Allemagne. Le jeune Robert passe donc son enfance dans ce pays et y effectue ses études.
Robert Siodmak, les débuts en Allemagne
Ainsi, Robert Siodmak commence sa carrière professionnelle dans la banque, mais finalement il quitte son emploi pour le milieu du cinéma qui lui plaît davantage.
L’apprenti débute en tant que rédacteur des intertitres des films muets. Toutefois, sa première percée en tant que réalisateur est très remarquée puisqu’il cosigne Les hommes le dimanche (1930) avec Edgar G. Ulmer sur un scénario de son frère cadet Curt Siodmak. Le long-métrage fait sensation à l’époque car il est anticipe de plus de quinze ans le néoréalisme en tournant notamment en extérieur et en observant des personnages dans la vraie vie quotidienne.
Cela ouvre au jeune réalisateur les portes de la grande compagnie allemande UFA. Il y signe une comédie intéressante intitulée L’homme qui cherche son assassin (1931), puis il tourne les versions allemandes de certains films français à l’époque où le doublage n’était pas encore établi. Il réalise notamment Autour d’une enquête (1931), puis Tumultes (1932) avec Charles Boyer.
Un cinéaste juif en exil face au nazisme
Conscient de la menace qui pèse sur lui en tant que juif, Robert Siodmak fuit le régime nazi et part s’installer en France où il réalise quelques films dont La vie parisienne (1935), un très bon Mollenard, Capitaine corsaire (1938) mené par le grand Harry Baur et enfin Pièges (1939) avec Maurice Chevalier.
Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, Robert et son frère Curt Siodmak s’exilent cette fois-ci aux Etats-Unis et plus précisément à Hollywood. Là, le cinéaste est contraint d’accepter des commandes de séries B assez insipides, même si on peut sauver de ces productions Le meurtrier s’est échappé (1942). Toutefois, les producteurs vont lui faire davantage confiance après le succès commercial et artistique du film d’horreur Le Fils de Dracula (1943) d’après un script de Curt Siodmak. Dès lors, Robert Siodmak peut entamer le cycle de ses thrillers noirs qui ont fait sa renommée internationale. Cela débute avec Les mains qui tuent (1944) avec Franchot Tone et Le signe du cobra (1944) avec Maria Montez.
Le temps des grands films noirs
Rapidement, Siodmak devient un des maîtres absolu du film noir, alors très en vogue. Il tire le meilleur de Charles Laughton dans Le Suspect (1944), puis signe un intéressant L’oncle Harry (1945), pourtant un peu moins connu. Enfin, son thriller horrifique Deux mains, la nuit (1946) impressionne encore de nos jours.
L’année 1946 marque le temps du succès et de la révélation pour Robert Siodmak qui triomphe avec le génial Les tueurs (1946) qui révèle les talents conjugués de Burt Lancaster et d’Ava Gardner. Su un script de John Huston adapté d’une nouvelle d’Hemingway, Robert Siodmak fait un travail d’atmosphère remarquable. Cela lui a permis de recevoir une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. Toujours très inspiré, le cinéaste poursuit son exploration des recoins sombres de l’âme humaine avec La proie (1948) où il oppose Victor Mature et Richard Conte. Aussitôt, il enchaîne avec Pour toi, j’ai tué (1949) à nouveau avec Burt Lancaster. Enfin, le cinéaste est encore à son aise avec La femme à l’écharpe pailletée (1949) avec la grande Barbara Stanwyck et Passion fatale (1949) où il retrouve Ava Gardner.
Pourtant, à l’orée des années 50, Robert Siodmak choisit d’abandonner le genre qui a fait sa gloire et s’oriente vers un cinéma plus divertissant. Pour Burt Lancaster, il tourne notamment le coloré Le corsaire rouge (1952).
Un retour décevant en Europe
Finalement, le réalisateur choisit de revenir en Europe où il va se disperser en fonction des occasions qui lui sont offertes. Il réalise ainsi Le grand jeu (1954) avec Gina Lollobrigida, puis Les rats (1955) avec Maria Schell et Les SS frappent la nuit (1957). Il commence également à travailler pour la télévision allemande et livre encore Katia (1959) qui met en valeur le talent de la jeune Romy Schneider face à Curd Jürgens. Parmi ses dernières créations, on peut encore citer L’affaire Nina B. (1961) avec Pierre Brasseur, Le prince noir (1964) d’après l’œuvre de Karl May avec Lex Barker.
Robert Siodmak succombe au genre du western avec Custer, l’homme de l’Ouest (1968) avant de se fourvoyer dans une grosse production européenne en deux parties intitulée Le dernier des Romains (1968).
En bout de course, Robert Siodmak décède finalement d’une crise cardiaque en 1973 à l’âge de 72 ans, soit sept jours seulement après la mort de sa femme Bertha Odenheimer.