Réalisateur, scénariste, producteur et décorateur austro-américain, Edgar Georg Ulmer est né en 1904 dans l’empire austro-hongrois. Il a notamment effectué ses études à Vienne où il devient rapidement décorateur de théâtre pour Max Reinhardt. Un certain flou entoure les premières années de sa carrière. Effectivement, Ulmer a déclaré avoir travaillé avec les plus grands comme Fritz Lang sur Metropolis, ou Murnau sur Faust, mais aucun document ne vient étayer ses affirmations.
Les productions B des années 30
Ce qui est certain, c’est que l’homme participe activement à la réalisation de Les hommes, le dimanche (Robert Siodmak, 1929) où il est même crédité en tant que coréalisateur. Il s’agit d’un documentaire qui relate un dimanche dans la capitale allemande, Berlin. Il rejoint Murnau aux Etats-Unis à partir de 1930 et commence à officier sur quelques films en tant que décorateur. Il accède enfin à la réalisation de longs-métrages en 1933 avec Le grand fléau, un drame d’une heure. Toutefois, il se fait surtout remarquer des cinéphiles par le film d’horreur Le Chat noir (1934) qui oppose Boris Karloff et Bela Lugosi au cœur de décors magnifiques. Au lieu de capitaliser sur cette réussite, Edgar G. Ulmer se lance dans une série de films destinés au public juif, parfois tournés en yiddish comme Les vertes prairies (1937). Sans doute est-ce sa façon de répondre au nazisme galopant à l’époque.
Edgar G. Ulmer, spécialiste du film noir
Edgar G. Ulmer est connu pour tourner vite et avec des budgets souvent ridicules. Cela ne l’empêche aucunement de signer quelques œuvres reconnues pour leurs immenses qualités visuelles comme L’affaire Barbe bleue (1944), Au bord de l’abîme (1945) et Détour (1945) qui sont de très bons films noirs. Ce genre s’accorde parfaitement avec le sens visuel de son auteur, malgré la faiblesse des moyens engagés.
Ulmer est encore à son aise avec Le démon de la chair (1946) porté par Hedy Lamarr et il termine ce cycle admirable avec un dernier noir intitulé L’impitoyable (1948). Malheureusement, cette période faste cesse avec les années 50 et Edgar G. Ulmer se perd à nouveau dans des productions indignes de son talent. On lui doit un petit film de SF nommé L’homme de la planète X (1951), ainsi qu’un western étrange et correct intitulé Le bandit (1955). Lorsqu’on lui propose enfin un budget conséquent pour tourner en Italie Annibal (1959) avec en vedette Victor Mature, il rate lamentablement cette commande en partie réalisée par Carlo Ludovico Bragaglia. Le film est un échec qui le ramène aux séries B.
En 1961, il donne une version peu enthousiasmante de L’Atlantide, avant de tourner un dernier film plus convaincant, le film de guerre Sept contre la mort (1964) avec John Saxon. Edgar G. Ulmer meurt des suites d’une attaque cardiaque en 1972, à l’âge de 68 ans. Son œuvre pléthorique est désormais saluée par les cinéphiles, malgré un nombre conséquent de nanars insauvables.