Réalisatrice, scénariste et romancière française, Catherine Breillat est née en 1948 à Bressuire. Elle naît dans la famille d’un médecin où elle est la sœur cadette de la future actrice Marie-Hélène Breillat. Durant les années 60, Catherine Breillat se lance dans l’écriture et publie en 1968 un premier roman intitulé L’homme facile. Dès ce premier essai, une interdiction aux moins de 18 ans est prononcée. Effectivement, la jeune romancière n’a pas sa langue dans sa poche et ne va cesser de provoquer la censure durant toutes ses années d’exercice.
Catherine Breillat, une romancière derrière la caméra
Catherine Breillat pénètre dans le milieu du cinéma grâce à sa sœur qui lui propose de jouer avec elle dans le film à scandale Le dernier tango à Paris (Bertolucci, 1972). Toutefois, c’est bien l’écriture qui motive Catherine Breillat dont le script de Catherine et Cie (1975) est finalement réalisé par Michel Boisrond avec Jane Birkin et Patrick Dewaere. Pourtant, c’est avec son projet suivant que Catherine Breillat franchit une étape supplémentaire. Avec le scénario d’Une vraie jeune fille (1976), Breillat opte pour la réalisation et signe un premier film qui porte déjà la marque de son cinéma sans filtre. Malheureusement pour la réalisatrice novice, Une vraie jeune fille reste dans un placard à cause de la faillite de son producteur. Le long-métrage est finalement sorti en salles en 2000 et fait parler de lui à cause de plusieurs plans de sexe explicite.
Après cette expérience terriblement décevante, Catherine Breillat travaille sur le scénario du film érotique Bilitis (Hamilton, 1977) qui, lui, rencontre le succès avec 1,4 million d’entrées en France. Pourtant, Catherine Breillat revient à un cinéma d’auteur plus radical avec son Tapage nocturne (1979), un drame porté par Dominique Laffin. Le film connaît une sortie saluée par la critique et 178 793 spectateurs avides de partager les expériences amoureuses extrêmes de l’héroïne.
Du scénario à la réalisation de films d’auteur exigeants
Pourtant, après cette deuxième expérience, Catherine Breillat abandonne pendant plusieurs années la réalisation et se consacre à l’écriture de scénarios pour les autres. Ainsi, elle rédige les scripts de La peau (Cavani, 1981), Les yeux, la bouche (Bellocchio, 1982) et surtout du Police (1985) de Maurice Pialat qui réunit 1,8 million de spectateurs grâce au duo formé par Gérard Depardieu et Sophie Marceau. Le film, loin d’être une œuvre commerciale, marque par sa radicalité.
© 1988 CB Films – French Productions / Affiche : Benjamin Baltimore. Tous droits réservés.
En 1988, Breillat repasse derrière la caméra pour 36 fillette (1988) qui évoque une fois de plus une relation sexuelle et toxique entre un quadragénaire et une gamine tout juste sortie de l’adolescence. Si le thème peut mener au scandale, le film s’est surtout écrasé sur le mur de l’indifférence, avec peu d’entrées au compteur. La réalisatrice insiste avec Sale comme un ange (1991) avec Lio. Le polar est encore frappé par la crise du cinéma qui sévit alors et ne réunit que 34 527 spectateurs. Décidément, le cinéma de Catherine Breillat, très radical et particulier est peu connu du grand public.
Durant cette période difficile, l’auteure parvient à placer plusieurs scripts dont ceux de Zanzibar (Pascal, 1989), La thune (Galland, 1991), La nuit de l’océan (Perset, 1992) et Couples et amants (Lvoff, 1993). Après une longue interruption, Catherine Breillat revient à la réalisation avec Parfait amour ! (1996) qui fait beaucoup pour sa réputation. Le métrage, très particulier, se termine notamment par une scène de meurtre monstrueuse qui glace le sang.
La reconnaissance de la fin des années 90 et du début des années 2000
Elle confirme ce goût pour le trash avec Romance (1999) où elle octroie un rôle à l’acteur X Rocco Siffredi. Elle inclue également des scènes de sexe explicite dans cette œuvre malaisante qui rencontre un extraordinaire succès de scandale. Si le métrage est loin d’être son meilleur, il fascine tout de même 343 954 polissons. Désormais considérée comme une réalisatrice incontournable, Catherine Breillat peut voir sortir son tout premier long sur les écrans, tout en offrant sa vision extrême de la sororité avec l’excellent À ma soeur! (2001). Le métrage est accueilli par 97 731 curieux, désormais admirateurs de son cinéma sans concession. Durant cette période faste, elle parvient aussi à livrer le scénario de Selon Mathieu (Beauvois, 2000) qui fonctionne plutôt bien en salles.
© 2004 Flach Film – CB Films / Affiche : Label Com (agence) – Stéphane Bielikoff. Tous droits réservés.
Après un téléfilm tourné pour Arte (Brève traversée en 2001), Catherine Breillat revient sur les problèmes qu’elle a rencontrés sur ses tournages précédents avec Sex Is Comedy (2002) qui réunit à nouveau 90 955 fans dans les salles. Le métrage n’est pas forcément le plus intéressant de sa filmographie, contrairement au mystérieux et très étrange Anatomie de l’enfer (2004) où elle retrouve Rocco Siffredi. Mais malgré un certain parfum de scandale, le film est un échec public, à cause notamment de sa radicalité de film d’auteur quasiment bressionien si l’on exclut les scènes de sexe explicite. Ils ne sont plus que 54 285 à faire l’expérience du cinéma malaisant de la réalisatrice.
Des malheurs à répétition
Le malheur frappe pourtant la créatrice d’exception en 2005 par le biais d’une hémorragie cérébrale qui laisse la réalisatrice à moitié paralysée. Après plusieurs mois de rééducation, la réalisatrice finit par retrouver ses facultés. Elle tourne ainsi une adaptation littéraire moyenne avec Une vieille maîtresse (2007). Pourtant, la rencontre tant attendue entre la cinéaste et la sulfureuse Asia Argento est quelque peu décevante. Le film, qui a coûté très cher, est un bide à 99 903 entrées.
En 2009, la réalisatrice tourne une nouvelle version de Barbe-Bleue (2009) qui n’est présenté que dans des festivals et ne sort pas en salles. A cette même période, l’artiste borderline se fait escroquer de plus de 800 000 euros par l’arnaqueur Christophe Rocancourt. A la suite de cette affaire, Catherine Breillat publie sa version des faits dans le livre Abus de faiblesse qu’elle a ensuite adapté au cinéma en 2013 avec Isabelle Huppert. Ce dernier long-métrage est un bide sévère avec seulement 26 078 spectateurs.
Un retour providentiel à Cannes après dix ans de pause ?
Après une pause de dix longues années où elle a toutefois été vue en 2019 en tant que jury du Festival de Locarno, Catherine Breillat revient en 2023 avec L’été dernier qui sera présenté au Festival de Cannes. Il s’agit à nouveau d’une histoire d’amour sulfureuse entre une femme mûre et un adolescent. Le monde des années 2020 est-il prêt pour le cinéma radical de cette artiste hors normes ? Réponse prochainement.