Réalisatrice et scénariste italienne, Liliana Cavani envisage tout d’abord des études universitaires en lettres classiques et linguistique. Elle étudie ainsi les grandes tragédies antiques qui serviront de base à son travail futur de scénariste. A l’université, elle découvre le cinéma par la création avec des étudiants d’un ciné-club. Elle choisit alors de postuler pour la section réalisation du Centro Sperimentale de Rome dont elle sort diplômée.
Liliana Cavani, brillante documentariste des années 60
Liliana Cavani postule alors un emploi à la RAI qui va lui permettre de tourner de nombreux documentaires historiques entre 1962 et 1965. Elle réalise un mémorable Storia del III Reich (1963) qui a fait date en Italie, mais aussi un documentaire sur Pétain intitulé Philippe Pétain : Processo a Vichy (1965). Ce sont essentiellement des films de montage, mais qui font preuve d’un vrai sens de l’Histoire et de la politique. La RAI lui commande ensuite un téléfilm sur Francesco d’Assisi (1966) qui sera sa première incursion dans la vie de ce saint homme. Mais c’est surtout son premier film de cinéma, Galileo (1968) qui lui vaut ses premiers déboires avec l’Eglise qui tente de faire interdire sa projection.
Devenue plus indépendante et frondeuse que jamais, la réalisatrice dégoupille Les cannibales (1970), brûlot contestataire où elle crache sur toute forme d’autorité. Elle y confirme une vision radicale et très personnelle d’un cinéma en totale liberté. Pour la RAI, elle tourne L’ospite (1971), téléfilm qui sera finalement diffusé au cinéma en Italie et visible dans différents festivals.
Le choc Portier de nuit
Toutefois, la véritable révélation internationale intervient en 1974. Elle tourne coup sur coup deux films marquants. Si Milarepa (1974) est présenté à Cannes, le film ne connaît pas un grand écho auprès du grand public, contrairement à Portier de nuit (1974) qui fait scandale. Cet étrange objet filmique qui conte les rapports troubles entre un nazi et sa victime remporte un incroyable succès public, attirant notamment 1,3 million de spectateurs en France.
Scandale toujours autour de son biopic sur Nietzsche intitulé Au-delà du bien et du mal (1977) qui est accusé de trahir la vérité historique. Liliana Cavani n’en continue pas moins son exploration de la culture européenne en adaptant Malaparte dans La peau (1981) qu’elle tourne avec Burt Lancaster et Marcello Mastroianni. Le long-métrage fait à nouveau scandale pour la vision très sombre qu’elle donne de la libération de l’Italie par les troupes américaines en 1945.
Derrière la porte (1982) avec Mastroianni et Tom Berenger convainc moins et passe davantage inaperçu (78 840 entrées en France). Cavani revient au nazisme avec Berlin Affair (1985) qui anime le festival de Berlin 1986. C’est alors que Liliana Cavani décide de revenir étudier la figure de François d’Assise dans Francesco (1989) qu’elle tourne avec un Mickey Rourke déjà en bout de course. L’entente est bonne entre la réalisatrice et son acteur principal, mais le long-métrage ne rencontre pas le succès et demeure inédit dans les salles françaises.
Une série d’échecs qui l’éloignent du cinéma
En 1993, Liliana Cavani signe son long-métrage le plus personnel avec Sans pouvoir le dire. L’échec commercial du film et sa très faible distribution la laisse désespérée et elle décide de mettre entre parenthèse sa carrière de réalisatrice à cause de la crise du cinéma italien.
Durant les années 90, elle signe de nombreuses mises en scène d’opéras. Elle revient finalement au cinéma en 2002 avec Ripley’s Game qui est la suite du Talentueux Mr. Ripley (Minghella, 1999), mais sans Matt Damon. Comme l’échec est à nouveau au rendez-vous, Liliana Cavani tourne depuis cette époque pour la télévision et on peut noter qu’elle a réalisé une troisième version de la vie de François d’Assise en 2014 intitulée Francesco.
Depuis 2014, elle semble être à la retraite.