Plus gros succès de la saga mettant en scène les aventures du plus gaffeur des flics, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? est une suite souvent hilarante qui constitue un morceau de choix en matière d’humour délirant et nonsensique. Totalement culte.
Synopsis : Après les inénarrables gaffes du policier Frank Drebin pour sauver la reine, le voici de retour, cette fois à la table du président des Etats-Unis. Il va faire la connaissance du professeur Meinheimer dont l’Institut va exploser quelques heures plus tard.
Critique : Trois ans après avoir connu un succès mérité avec Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988), David Zucker retrouve son complice Leslie Nielsen pour mettre en boîte de nouvelles aventures du flic gaffeur Frank Drebin. Le film précédent a permis à l’acteur de devenir sur le tard une véritable star du rire, lui qui était surtout cantonné depuis plus de trente ans aux seconds rôles de salauds.
Bien décidé à faire fructifier son nouveau statut, Leslie Nielsen nous revient donc en pleine forme, avec une équipe artistique et technique similaire à celle du premier opus. On retrouve ainsi au scénario David Zucker mais aussi son complice Pat Proft (futur réalisateur du Détonateur, toujours avec Nielsen), qui reprennent à peu près la même trame que celle du premier volet. Ainsi, les amateurs des deux œuvres pourront constater la grande similitude entre les intrigues, qui ne sont de toute façon que des prétextes à un déferlement de gags absurdes.
Car la marque de fabrique de la saga est bien cette capacité des auteurs à multiplier les gags les plus fous. Il faut notamment plusieurs visionnages pour s’apercevoir de tous les détails drolatiques dissimulés à l’arrière-plan. Il ne se passe donc pas une seconde sans qu’un élément ne vienne titiller nos zygomatiques. Certes, pour apprécier un tel spectacle, il faut aimer le non-sens, une certaine dose de vulgarité située en dessous de la ceinture et surtout une désinvolture absolue dans la cohérence de l’intrigue. Bref, il faut savoir lâcher prise et abandonner tout esprit cartésien à l’entrée du film. Si ces conditions sont réunies, alors cette suite particulièrement bien fichue fait le job et déclenche à maintes reprises l’hilarité.
Toujours prêts à parodier les derniers gros succès du moment, les auteurs se moquent ainsi des derniers James Bond avec Timothy Dalton (surtout Permis de tuer) et vont jusqu’à ridiculiser la séquence d’amour culte de Ghost, justement réalisé par Jerry Zucker, le propre frère de David. Toutefois, derrière cette apparente légèreté, on notera un message politique un peu plus marqué dans cet épisode. Visiblement énervés par l’accession au pouvoir du président républicain George Bush (père), les auteurs n’ont de cesse de se moquer du cabinet présidentiel, mais aussi du malheureux candidat démocrate Michael Dukakis, sa défaite électorale étant comparée au naufrage du Titanic. Enfin, David Zucker en profite également pour glisser quelques idées écologistes bienvenues.
Tout ceci ne serait pas aussi drôle sans la puissance comique de Leslie Nielsen, encore une fois parfait dès qu’il s’agit de se ridiculiser en public tout en gardant un sérieux imperturbable. Il est encore secondé par George Kennedy, lui aussi en fin de carrière, et par une Priscilla Presley toujours à l’aise dans un rôle de cruche un peu nunuche mais finalement plus maline qu’elle n’en a l’air. Face à eux, le chanteur des années 60 Robert Goulet incarne un Don Juan sur le retour plutôt crédible, même si légèrement en retrait par rapport au méchant d’anthologie du premier volet, alors interprété par Ricardo Montalban.
Drôle de bout en bout, cette suite a capitalisé sur le culte initié par le premier épisode et s’est avérée être le segment le plus lucratif de la saga. Aux États-Unis, le film a cumulé 86,9 millions de dollars de recettes. Cette fois, même la France a succombé au charme de Drebin puisque le film a presque atteint le million d’entrées à une époque où la crise du cinéma sévissait encore, se hissant ainsi à la 30ᵉ place annuelle. Un score plutôt correct quand on connaît le manque d’intérêt du public français pour ce type d’humour. De quoi permettre la mise en chantier d’un troisième opus, cette fois un peu moins réussi.
Critique de Virgile Dumez
Box-office de Y a-t-il un flic pour sauver le président ?
C’est le mercredi 11 septembre 1991 que Y a-t-il un flic pour sauver le président ? débarque dans les salles françaises. L’objectif est de prolonger un sentiment d’été en cette rentrée, avec un divertissement drôlissime qui a fait ses preuves au box-office américain.
Pour le distributeur UIP, qui regroupe Paramount et Universal, l’objectif est clairement d’accroître les chiffres du premier Y a-t-il un flic et d’atteindre le million d’entrées en France. La promotion sera beaucoup plus conséquente que pour le premier film, avec notamment un passage par le Festival de Deauville où Paramount propose également Backdraft de Ron Howard.
Logiquement, le mercredi 11 septembre, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? prend largement la tête du box-office dans un contexte plutôt défavorable à la fréquentation puisqu’il s’agit d’un mois de rentrée en pleine crise du cinéma. Il n’a d’ailleurs pas beaucoup de concurrence ce jour-là, puisque la comédie avec Frank Drebin bénéficie de 42 écrans, contre 26 pour le film Rage in Harlem, qui tente de reproduire le miracle de Boyz n the Hood, sorti une semaine auparavant. Enfin, un troisième film bénéficie d’une sortie dans plus de 10 salles : il s’agit de la comédie britannique Twenty One avec Patsy Kensit, proposée sur 10 écrans. On aura une pensée émue pour Mon ami Washington, d’Helvio Soto, qui ne bénéficiera que de 2 écrans.
Pour ce premier jour, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? rassemble le plus, avec 14 786 spectateurs. Rage in Harlem est très loin derrière, puisqu’il ne propose que 4 995 tickets à son compteur.
À l’issue de sa première semaine, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? réussit l’exploit de gagner 30 000 spectateurs supplémentaires par rapport au premier volet. La suite, largement acquise au public notamment grâce au succès de Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? en VHS, récolte 89 133 spectateurs dans 42 cinémas. Pour Paramount, ce score est d’autant plus remarquable que la comédie Robin des Bois avec Kevin Costner caracolait en tête du box-office français depuis 5 semaines.

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En 2ᵉ place, on retrouve Jamais sans ma fille plutôt stable avec 53 085 spectateurs, tandis que Boyz n the Hood de John Singleton, à l’aise avec 39 074 spectateurs dans 29 salles, fait de l’ombre à la nouveauté Rage in Harlem, qui se contente de 37 464 spectateurs dans 26 cinémas. Dans un contexte où le cinéma français est quasiment absent du top 10, à l’exception du documentaire de Luc Besson Atlantis en 7ᵉ place, le divertissement américain règne sans partage dans les salles françaises.
En 2ᵉ semaine, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? bénéficie d’une belle stabilité avec 66 433 spectateurs dans 44 salles et conserve sa première position. Le film parodique empêche La vieille qui marchait dans la mer (Jeanne Moreau, Michel Serrault) d’accéder à la tête du podium : celui-ci se contente de la 2ᵉ place avec 56 590 entrées. Échec pour le mélodrame avec Julia Roberts, Le choix d’’aimer, qui totalise 41 054 entrées dans 29 salles. La maladie, cela ne paie pas au cinéma.
En 3ᵉ semaine, le pastiche avec Leslie Nielsen se maintient remarquablement en 3ᵉ place avec 48 863 spectateurs dans 42 cinémas. Le score est d’autant plus remarquable que son distributeur UIP sortait ce jour-là Backdraft de Ron Howard dans 45 cinémas. Évidemment, le film d’action mettant en scène des pompiers dans des scènes effroyables trône en tête avec 93 297 spectateurs. Cette semaine-là, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? réalise à Paris davantage d’entrées que son prédécesseur sur toute sa carrière.
La parodie chute en 5ᵉ position lors de sa 4ᵉ semaine avec 32 667 spectateurs, mais demeure dans le top ten. En 5ᵉ semaine, ils sont encore 26 722 spectateurs à accourir dans les 31 salles le programmant. La domination du cinéma américain est toujours quasi-totale avec un seul film français dans le top 10.

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Au total, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? restera dans le top 15 pendant sept semaines, puis quittera le haut du classement en 8ᵉ semaine, puisque réduit alors à 3 cinémas sur Paris intra-muros : l’UGC Normandie, l’UGC Montparnasse et le Paramount Opéra. Le flic gaffeur parvient tout de même à satisfaire la curiosité de 4 219 spectateurs sur ces trois écrans.
Dans un box-office toujours dynamique, une autre comédie absurde fait son apparition dans les salles, en l’occurrence Hot Shots!, une parodie de Top Gun avec Charlie Sheen. Le casting un peu plus jeune lui permet de démarrer à 141 000 spectateurs dans 39 cinémas, derrière le phénomène Terminator 2, qui est en 3ᵉ semaine. Hot Shots! est réalisé par un autre ZAZ, Jim Abrahams.
Finalement, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? restera à l’affiche à Paris pendant 10 semaines. Son ultime écran sera le Hollywood Boulevard, un cinéma de quartier où il récolte 1 068 tickets pour un total excellent de 295 000 spectateurs. Cependant, il ne faudra que 3 semaines pour que Hot Shots! dépasse les 300 000 entrées, démontrant que le cinéma est bien souvent une question de génération.
Aux USA en revanche, Hot Shots! calera derrière Y a-t-il un flic pour sauver le président ? puisque le film de Jim Abrahams est à court de carburant lorsqu’il franchit les 69M$ (12e dans le classement annuel), contre 87M$ pour The Naked Gun 2½: The Smell of Fear qui se positionne en 9e place annuelle dans un top 10 annuel comprenant également Maman, j’ai raté l’avion (285M$), La vie l’amour… les vaches (124M$) et La famille Addams (113M$).
En résumé, loin derrière le phénomène Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (2 992 000 entrées), Le président est le seul film de la trilogie avec Leslie Nielsen à avoir franchi le seuil du million en France (1 021 666), contre 600 095 entrées pour Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? et 605 949 entrées pour le futur troisième volet, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? en 1994.
Box-office par Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 11 septembre 1991
La Franchise Y a-t-il un flic

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