La vieille qui marchait dans la mer : la critique du film (1991)

Comédie | 1h35min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
La vieille qui marchait dans la mer, l'affiche

  • Réalisateur : Laurent Heynemann
  • Acteurs : Michel Serrault, Jeanne Moreau, Luc Thuillier, Géraldine Danon, Francis Renaud
  • Date de sortie: 18 Sep 1991
  • Nationalité : Français, Italien
  • Scénario : Dominique Roulet et Laurent Heynemann d'après un roman de Frédéric Dard (San-Antonio)
  • Musique : Philippe Sarde
  • Distributeur : AMLF
  • Éditeur vidéo : Fil à film (VHS) / StudioCanal (DVD)
  • Sortie vidéo (DVD) : 1er octobre 2009
  • Box-office France / Paris-périphérie : 526 018 entrées / 191 617 entrées
  • Récompenses : César de la Meilleure Actrice pour Jeanne Moreau en 1992
  • Crédits affiche : © 1991 StudioCanal - France 2 Cinéma - JM Productions - Little Bear Production - Société SFC. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Fidèle adaptation d’un célèbre roman de San-Antonio, La vieille qui marchait dans la mer est une œuvre décomplexée aux dialogues orduriers savoureux. Le tout est porté par l’interprétation magistrale du duo Moreau / Serrault.

Synopsis : Une aventurière monte des escroqueries avec l’aide d’un vieux diplomate et d’un gigolo.

Une adaptation plutôt fidèle de San-Antonio

Critique : L’écrivain Frédéric Dard, également connu sous le pseudonyme de San-Antonio pour ses œuvres les plus trash, a souvent été adapté au cinéma, notamment par Robert Hossein, mais il a rarement été bien servi. Si la verve de son écriture a séduit bon nombre de prétendants, peu furent les élus parvenus à lui rendre justice sur grand écran. Lui-même se désolait souvent de cet état de fait.

Pourtant, en 1988, la publication au Fleuve Noir de son roman La vieille qui marchait dans la mer va quelque peu changer la donne. Effectivement, le cinéaste Laurent Heynemann et le scénariste Dominique Roulet (déjà reconnu pour son travail sur Poulet au vinaigre, Inspecteur Lavardin ou encore Noyade interdite) se lancent dans une adaptation pour le compte de Gérard Jourd’hui qui investit la production cinématographique, après avoir œuvré à la télévision, notamment pour l’émission culte La dernière séance.

Des dialogues savoureux servis par des comédiens au top

Même si les scénaristes sont obligés d’édulcorer quelque peu le roman, ils en gardent la substantifique moelle en conservant notamment des dialogues particulièrement salés. Effectivement, les personnages s’expriment avec un langage fleuri qui évoque celui d’un Bertrand Blier. En continuateur d’une certaine tradition française issue des années 70-80, La vieille qui marchait dans la mer (1991) parle de sexe de la manière la plus crue possible, comme si les différents protagonistes n’avaient aucune pudeur. Une saveur que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître puisque ce type de cinéma a définitivement déserté les écrans de cinéma, balayé par la bien-pensance générale.

Pour qui a baigné dans cette atmosphère décomplexée durant toute son enfance et son adolescence, les dialogues de ce long-métrage sont absolument savoureux, car à la fois profondément vulgaires et littéraires, ce qui n’est aucunement contradictoire. Ils sont servis par des acteurs de premier choix. Jeanne Moreau est tout bonnement splendide dans ce rôle où elle prend à nouveau des risques. Michel Serrault est quant à lui parfaitement à sa place dans ce type de cinéma déjanté. Enfin, le jeune Luc Thuillier s’en sort plutôt bien en bellâtre qui finira par éprouver un amour sincère envers la vieille arnaqueuse.

Vive la croqueuse de diamants !

Toutefois, si les dialogues sont souvent à mourir de rire, le long-métrage ne peut se résumer à cela. Il propose effectivement une réflexion assez sombre sur le vieillissement, ainsi que sur la perte d’autonomie progressive des personnes âgées. A une époque où l’on ne parlait pas encore directement de maladie d’Alzheimer, le film aborde ce sujet de manière assez poignante. On peut sans doute regretter une fin trop légère, qui ne respecte d’ailleurs pas le roman d’origine, bien plus sombre. Les scénaristes ont sans doute estimé qu’une comédie ne pouvait se terminer sur des séquences trop dures, mais la dernière séquence a tendance à contredire le dernier quart d’heure.

On peut également regretter que Laurent Heynemann se soit effacé derrière la maestria de ses comédiens. Sa réalisation, correcte mais assez fonctionnelle, n’a pas vraiment de relief et manque cruellement de folie. Heureusement, la jolie musique de Philippe Sarde compense en partie ces manques.

Jeanne Moreau, au firmament, décroche un César bien mérité

Toutefois, on peut saluer le travail de Laurent Heynemann dans sa direction d’acteurs. Il a offert ainsi à Jeanne Moreau l’un de ses plus beaux rôles de maturité, elle qui venait d’illuminer de sa présence magnétique quelques séquences culte du Nikita (1990) de Luc Besson. Sa prestation dans La vieille qui marchait dans la mer lui a d’ailleurs valu son deuxième César de la meilleure actrice en 1992. Elle ne l’a pas volé.

Malgré la bonne tenue du film, le cinéaste Laurent Heynemann allait se consacrer à la télévision durant la décennie suivante, lui qui avait su électriser les salles de cinéma françaises avec des œuvres ambitieuses durant les années 80.

Box-office :

Sorti le 18 septembre 1991, La vieille qui marchait dans la mer était exposé dans 26 salles à Paris-Périphérie. Leader du mercredi, avec 5 666 entrées, il devrait affronter le mélodrame avec Julia Roberts Le choix d’aimer (5 283, 29 cinémas), La tentation de Vénus (4 456 entrées, 19 salles) et Mississipi Masala (12 salles, 968).

En première semaine, l’adaptation de Frédéric Dard se hisse en première place sur Paname avec 56 590 entrées, derrière le blockbuster du rire Y a-t-il un flic pour sauver le président, en 2e semaine, qui jouissait de 44 écrans. Le démarrage est beau, même si en province le succès est moindre, avec une 5e place lors de son lancement.

En 2e semaine, le film chute à 37 785, à 28 123 entrées en 3e semaine, puis se maintient à 23 117 entrées. En 5e semaine, toujours dans le top 10, la comédie du verbe glane encore 13 657 spectateurs. 9 754 y assisteront en 6e semaine, 5 727 en 7e, 4 919, 3 249, 2 280, 1 420 en 12e semaine. La semaine suivante, pour la première fois, Laurent Heynemann voit son titre acerbe glisser sous les 1 000 spectateurs dans une seule salle, les Parnassiens.  Désormais à 188 000 tickets vendus. Le film a su se maintenir grâce à un bouche-à-oreille solide. Il glanera encore 3 000 spectateurs pour finir sa carrière en 17e semaine à 191 000 entrées.

Les cinémas parisiens diffusant le dernier grand rôle de Jeanne Moreau au cinéma étaient Le Pathé Marignan, le Pathé Clichy, le Pathé Montparnasse, le Pathé Français, le Pathé Hautefeuille, l’UGC Maillot, l’UGC Lyon Bastille, le Forum Horizon, le St Lazare Pasquier, le Fauvette, le Nation, le Miramar, le Gaumont Alésia et le Gaumont Convention.

Voir le film en VOD

Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 18 septembre 1991

La vieille qui marchait dans la mer, l'affiche

© 1991 StudioCanal – France 2 Cinéma – JM Productions – Little Bear Production – Société SFC. Tous droits réservés.

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La vieille qui marchait dans la mer, l'affiche

Dialogue d'anthologie de La vieille qui marchait dans la mer

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