Pâle photocopie du premier volet, Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ? provoque encore occasionnellement le rire, mais sans posséder la folie du film séminal. Un coup pour rien.
Synopsis : La première navette spatiale commerciale pilotée par le commandant Over est en partance pour la Lune. Dès l’envol, déjà laborieux, les difficultés commencent. Malgré les efforts de sa responsable Elaine, l’ordinateur de bord devient fou. Ted, évadé d’un établissement psychiatrique et membre de l’équipage, prend désormais les commandes en main.
Une suite opportuniste, sans la contribution des ZAZ
Critique : Face au triomphe inattendu obtenu par Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (Zucker, Abraham, Zucker, 1980), le studio Paramount Pictures demande au producteur Howard W. Koch de mettre sur pied assez rapidement une suite. Toutefois, un problème de taille se pose aux responsables du studio puisque le trio ZAZ n’a alors aucune intention de travailler immédiatement sur une séquelle. Finalement, Howard W. Koch opte pour une solution radicale et demande au Canadien Ken Finkleman d’écrire et de réaliser une suite, sans demander leur autorisation aux trois joyeux lurons.
Malgré l’absence des créateurs originaux, le studio parvient à convaincre les acteurs principaux du précédent volet de remettre le couvert. On retrouve donc ici le duo formé par Robert Hays et Julie Hagerty, secondé par Lloyd Bridges et Peter Graves qui reprennent leurs rôles avec une certaine délectation. Seul Leslie Nielsen est absent, car engagé sur un autre tournage – il apparaît toutefois dans un flashback. Même si ce second épisode parvient encore à nous faire rire grâce à quelques gags impertinents (la jeune nymphomane qui alpague tous les hommes de l’avion, avant de trouver l’extase avec un âne, le berceau avec le bébé abandonné en soute et quelques autres joyeusetés), il faut avouer que l’entreprise est à la lisière de la malhonnêteté.
Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ? ou l’art de la décalcomanie
Effectivement, la plupart des gags sont en réalité décalqués sur ceux du premier épisode et l’on cherchera donc en vain quelque originalité dans cette photocopie mal déguisée. Certes, l’auteur a déplacé l’intrigue dans l’espace, ce qui lui permet de parodier les derniers succès de la SF de ce début des années 80, mais la structure est absolument identique à celle du premier et les gags sont tout bonnement dupliqués, avec toutefois une efficacité moindre. Outre le fait que l’effet de surprise n’agit plus, la réalisation paraît bien plus pauvre que celle des ZAZ – alors même que le budget de cette suite est nettement supérieur.
Les fans des films de science-fiction pourront toujours s’amuser des parodies de E.T., Star Wars, 2001 l’odyssée de l’espace, Star Trek et bien entendu la saga Airport, toujours en ligne de mire. Cependant, la plupart des gags apparaissent bien plus lourds et le goût du réalisateur pour l’absurde passe parfois les bornes de l’acceptable (comme cette confrontation entre deux valises qui s’aboient dessus l’une l’autre). Heureusement que les invités prestigieux comme Raymond Burr ou William Shatner font passer la pilule.
Des résultats décevants au box-office mondial
Le résultat, pas du tout catastrophique, mais simplement routinier et décevant par rapport au brio du premier film, n’a pas vraiment convaincu le public américain lors de sa sortie au mois de décembre 1982. Au lieu d’atteindre la deuxième place annuelle comme l’avait fait son prédécesseur, la Paramount a dû se contenter d’une catastrophique 48ème place annuelle avec seulement 27,1 millions de dollars de recettes pour un budget costaud.
En France, le hasard lui octroie la même place annuelle (48ème, donc) sur l’année 1983. Même s’ils furent plus d’un million à venir rire dans les salles hexagonales, cela représente tout de même trois fois moins de spectateurs que pour le précédent, et ceci malgré un étonnant Grand Prix au festival d’humour de Chamrousse. Alors que les producteurs avaient déjà mis en route la préproduction d’un troisième volet, avec des contrats signés par la plupart des acteurs, la faiblesse de ces résultats a entraîné l’arrêt immédiat de la saga. On ne s’en plaindra pas puisque le tour du sujet avait déjà été fait avec cette suite sympathique, mais franchement inutile.
Critique de Virgile Dumez