Wahou ! est une comédie gentiment caustique qui, sous couvert de se moquer des agents immobiliers, se penche sur nos petits secrets et nos grandes psychoses.
Synopsis : Catherine et Oracio sont conseillers immobiliers et enchaînent les visites de deux biens : une grande maison bourgeoise « piscinable, vue RER », et un petit appartement moderne situé en plein triangle d’or de Bougival. Malgré des visites agitées, ils ne perdent pas de vue leur objectif : provoquer le coup de cœur chez les potentiels acheteurs, le vrai, l’unique qui leur fera oublier tous les défauts. Celui qui leur fera dire « Wahou ! »
Critique : Après s’être amusé avec Les 2 Alfred (2021) à dézinguer le monde de l’entreprise et tout particulièrement celui des start-ups, Bruno Podalydès, aidé par un casting prestigieux, s’attaque avec autant de malice que de bienveillance aux agents immobiliers.
Catherine (Karin Viard), professionnelle aguerrie, actuellement perturbée par la disparition récente de son compagnon, Oracio (Bruno Podalydès lui-même), arrivé dans le métier sans véritable vocation, et Jim (Victor Lefebvre), leur zélé stagiaire exercent la profession de conseillers immobiliers. Si leurs parcours sont diamétralement opposés, ils ont pour objectif commun de susciter un « Wahou » d’enthousiasme chez leurs clients. Bien plus, certains, poussés par toutes sortes de raisons plus ou moins louables, n’hésiteront pas à leur livrer secrets familiaux ou chamboulements irrationnels, les reléguant, bien malgré eux, au rang de psy.
Autant d’éléments qu’exploite le réalisateur pour bâtir une histoire cruelle et drôle, dynamique et nostalgique, spontanée et tortueuse où tout n’est que gémellité et contradictions : des couples dépareillés, deux biens en totale opposition, des personnages éternellement tiraillés entre deux choix, baignés dans une mise en scène sans flagornerie qui utilise le moindre détail pour amarrer solidement le récit dans une ambiance gaiement loufoque.
Wahou !, la nouvelle comédie cocasse de Bruno Dodalydès nous ravit
Multipliant les saynètes entre humour et tendresse, navigant entre une maison de maître bruyante et plein de mystère et un appartement insonorisé à la blancheur immaculée presque inquiétante, Wahou ! s’appuie sur un puzzle habilement désordonné, peuplé de personnages pittoresques teintés de mille nuances.
Josepha (Agnès Jaoui), à la forte et vulnérable, protectrice et envahissante, accompagnée de sa formation musicale, participe largement à la vitalité de cette farce immobilière. Elle s’efface juste à point pour laisser la place à un improbable couple, composé d’une Isabelle Candelier, délicieuse d’authenticité dans ce rôle de bourgeoise exubérante et d’un mari au raffinement drôlement douteux (Patrick Ligardès). Se succéderont Denis Podalydès dans une scène courte mais marquante, puis toujours le temps d’une prestation aussi fugitive que talentueuse, Manu Payet, Roschdy Zem et quelques autres. Mais le meilleur reste à venir grâce à cette demeure d’un autre temps, son piano, son escalier en chêne, ses étages supérieurs réservés aux châtelains et ses sous-sols dédiés au personnel, son séquoia séculaire et surtout ses habitants fantasques, Simon et Sylvette, qu’Eddy Mitchell et Sabine Azéma prennent un malin plaisir à habiller d’une bonne dose de rouerie et de complicité.
De toute évidence, Bruno Podalydès s’amuse. Encore mieux, il nous amuse des travers de ses semblables empêtrés dans des conventions qui les asservissent. S’il signe, une fois encore une comédie, en apparence légère et caustique, on sent poindre un doux parfum de mélancolie juste suffisant pour la rendre profonde et attachante.
Critique : Claudine Levanneur
Box-office de Wahou!
Avec plus de 240 000 entrées en 17 semaines à l’affiche, notamment à Paris où le Cinéma du Panthéon lui a conservé quelques séances tout au long de son 4e mois d’exploitation, Wahou! est un beau succès du box-office, puisque la comédie n’a coûté que 1 200 000 euros de budget.
En première semaine, ses 95 610 entrées (262 salles) étaient enthousiasmantes, sa deuxième semaine (54 047, -43%) intéressante? On note une vraie stabilité en 3e semaine, avec 43 299 (-20%) et en 4e semaine (30 694, -29%), grâce à un ancrage plus en profondeur dans les territoires (le film monte jusqu’à 588 cinémas). La 4e semaine est également celle de la Fête du Cinéma.
Attention, pas d’effet Wahou! pour autant, il s’agit du deuxième moins score de Bruno Podalydès réalisateur après Bécassine (229 933 entrées, 2018) dont la moyenne des entrées se situent généralement autour des 430 000 spectateurs.
UGC n’en proposera pas de version physique HD, mais seulement un DVD, quatre mois après son lancement en salle, le 11 octobre.
Sorties de la semaine du 7 juin 2013
© Dessin : Charles Berberian – Adaptation : Fidelio. Tous droits réservés / All rights reserved