Tre piani : la critique du film (2021)

Comédie dramatique | 1h59min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Tre Piani de Nanni Moretti, affiche

  • Réalisateur : Nanni Moretti
  • Acteurs : Riccardo Scamarcio, Nanni Moretti, Margherita Buy, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Elena Lietti, Alessandro Sperduti, Denise Tantucci, Anna Bonaiuto, Stefano Dionisi, Paolo Graziosi, Tommaso Ragno
  • Date de sortie: 10 Nov 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Italien, Français
  • Titre original : La nostra strada
  • Titres alternatifs : Three Floors (International, USA, Royaume-Uni), Drie verdiepingen (Pays-Bas), Tres pisos (Espagne)
  • Autres acteurs : Teco Celio, Gea Dall'Orto
  • Scénaristes : Nanni Moretti, Federica Pontremoli, Valia Santella
  • D'après le roman : "Trois étages" d'Eshkol Nevo
  • Directeur de la photographie : Michele D'Attanasio
  • Monteur : Clelio Benevento
  • Compositeur : Franco Piersanti
  • Producteurs : Nanni Moretti, Domenico Procacci
  • Sociétés de production : Sacher Film, Fandango, Rai Cinema, Le Pacte
  • Distributeur : Le Pacte
  • Distributeur : (reprise) -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Format : 2.39 : 1 / Couleur / Format sonore non précisé
  • Sélection officielle Cannes 2021 : Compétition officielle
  • Autres festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Sentenza. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits: © Le Pacte. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :
Bandeau Cannes 2021 bleu

© FDC / Philippe Savoir (www.filifox.com)

Tre piani est un film choral grave et émouvant qui reprend les thèmes chers à Moretti. L’œuvre est de bonne tenue malgré quelques chutes de rythme.

Synopsis : Une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre-ensemble.
Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…

La cellule du fils

Critique : Réalisateur au carrefour de la comédie et du cinéma politique italien, Nanni Moretti adopte ici une tonalité sombre, dans la lignée de son film le plus célèbre, La chambre du fils (Palme d’or Cannes 2001). Cette noirceur était aussi celle du roman d’origine écrit par Eshkol Nevo, et que Moretti a adapté avec Federica Pontremoli et Valia Santella. Moretti fait aussi sa première incursion dans le film choral en montrant les interactions entre trois familles voisines d’une rue dans un quartier cossu de Rome. Tout commence lorsque Andrea, vingt ans (Alessandro Sperduti), en état d’ivresse, percute la maison de Lucio (Riccardo Scamarcio) et Sara (Elena Lietti), après avoir renversé une riveraine. Andrea est le fils d’un couple de magistrats (Moretti et Margherita Buy), avec lesquels il est en conflit depuis son enfance. Le témoin de l’accident ne se souvient de rien. Il s’agit de Monica (Alba Rohrwacher), qui prend un taxi pour aller accoucher à l’hôpital, en l’absence de son époux (Adriano Giannini), un ingénieur en contrat à l’étranger.

Ce dernier est en conflit avec son frère (Stefano Dionisi), au point de refuser tout cadeau de naissance de sa part. Lucio et Sara ont quant à eux l’habitude de confier la garde de leur fillette à Renato (Paolo Graziosi) et Giovanna (Anna Bonaiuto), un couple de retraités, voisins de palier. Mais Lucio se méfie des intentions de Renato et est par ailleurs séduit par Charlotte (Denise Tantucci), la petite fille de Giovanna et Renato. Des années plus tard, un responsable d’association humanitaire (Tommaso Ragno) tentera de rapprocher une mère et son fils… Nanni Moretti arrive à capter l’attention avec ce récit mettant en exergue des solidarités mécaniques à l’ancienne au sein d’un immeuble, au sens durkheimien dans la mesure où tout écart (réel ou supposé) aux normes sociales et juridiques est l’objet de sanctions de la part d’une micro-communauté, même si chacun mène sa propre vie dans un parcours individuel. Moretti parvient également à concilier les codes du soap avec l’épure de la tragédie, à l’instar d’un Almodóvar depuis les années 2000. Ici, nulle digression comique ou légèreté de dialogues ne viennent subvertir le pessimisme ambiant.

Tre piani, un film choral attachant

Photo de Tre piani de Nanni Moretti

Tre piani. Copyright Alberto Novelli © 2021. Le Pacte. Tous droits réservés.

Le réalisateur parvient à capter l’attention du spectateur par des enjeux dramatiques et le souci de susciter l’identification via des archétypes (le juge intègre mais rigide, le père inquiet). « Cette histoire raconte notre tendance à mener des vies isolées, à nous éloigner d’une communauté que non seulement nous ne voyons plus, mais dont nous pensons pouvoir nous passer. Pourtant, ce qui arrive à ces personnages nous montre à quel point nous sommes tous concernés par l’effort commun à faire pour se sentir membre d’une communauté. Le film est une invitation à s’ouvrir au monde extérieur qui emplit nos rues, à l’extérieur de nos maisons », a ainsi déclaré Nanni Moretti dans le dossier de presse. L’impact émotionnel est indéniable, et le cinéaste réussit à capter l’attention en structurant son récit en trois périodes révélatrices de l’évolution des protagonistes. Pour autant, tout n’est pas parfait et Tre piani a quelques défauts.

On regrette l’accumulation d’invraisemblances, à commencer par la relation entre Lucio et Charlotte, présentée comme une nymphette cherchant à séduire le fringant quadragénaire, quand ce dernier a des soupçons graves vis-à-vis du grand-père de la jeune fille. Nous serons reconnaissants à Nanni Moretti d’avoir voulu montrer les limites et les ravages de la cancel culture #MeToo. Mais n’aurait-il pas pu l’entreprendre avec davantage de finesse et de nuances ? Nous nous demandons aussi ce que vient faire cette brève scène sur le soutien aux réfugiés, si ce n’est que le réalisateur envoie un message pour rappeler qu’il a toujours une conscience politique. On regrettera également des maladresses de dialogues et un classicisme évitant de justesse l’académisme. Il n’empêche que Nanni Moretti est imbattable lorqu’il joue la carte de l’émotion contenue et demeure un maître de la tension narrative. En dépit de nos réserves, Tre piani est donc une œuvre de bonne tenue qui s’inscrit avec cohérence dans la filmographie de son auteur.

Gérard Crespo

Les films de la sélection du Festival de Cannes 2021

Le site du Festival

Sorties de la semaine du 10 novembre 2021

Tre Piani de Nanni Moretti, affiche

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