Théodora, impératrice de Byzance : la critique du film (1954)

Péplum, Historique | 1h31min
Note de la rédaction :
7/10
7
Theodora, impératrice de Byzance, l'affiche

  • Réalisateur : Riccardo Freda
  • Acteurs : Irene Papas, Georges Marchal, Henri Guisol, Gianna Maria Canale, Roger Pigaut, Renato Baldini
  • Date de sortie: 02 Juil 1954
  • Nationalité : Italien, Français
  • Titre original : Teodora, imperatrice di Bisanzio
  • Titres alternatifs : Teodora (titre VHS alternatif français) / Theodora, Slave Empress (titre américain) / Theodora - Kaiserin von Byzanz (Allemagne) / Teodora - en gatflickas karriär (Suède) / Teodora, emperatriz de Bizancio (Espagne) / Teodora, Imperatriz de Bizâncio (Portugal) / Teodora, cesarzowa bizantyjska (Pologne) / Teodora - En gatepikes karriere (Norvège) / Teodora, Imperatriz de Bizâncio (Brésil)
  • Année de production : 1953
  • Autres acteurs : Nerio Bernardi, Carlo Sposito, Olga Solbelli, Alessandro Fersen
  • Scénaristes : Claude Accursi, André-Paul Antoine, Ranieri Cochetti, Riccardo Freda, René Wheeler
  • Monteur : Mario Serandrei
  • Directeur de la photographie : Rodolfo Lombardi
  • Compositeur : Renzo Rossellini
  • Chef maquilleur : Giuseppe Annunziata, Giuseppe Peruzzi
  • Chef décorateur : Flora Capponi
  • Directeur artistique : Riccardo Freda, Franco Lolli
  • Producteurs : Giuseppe Fatigati, Renato Gualino, Riccardo Gualino, Pierre Gurgo-Salice
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Lux Film, Lux Compagnie Cinématographique de France
  • Distributeur : Lux Films
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeurs vidéo : Atlantic Home Vidéo (VHS, sous le titre Teodora, 1986) / Virgin Vidéo (VHS, 1988) / Métropole Home Vidéo (VHS, sous le titre Teodora, 1989)
  • Dates de sortie vidéo : 1986 (VHS) / 1988 (VHS) / 1989 (VHS)
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 685 225 entrées / 338 091 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Couleur (Ferraniacolor) / Son : Mono
  • Festivals : -
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © StudioCanal. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : -
Note des spectateurs :

Théodora, impératrice de Byzance est un péplum valeureux dont le point de vue historique est intéressant, tout en étant divertissant grâce à quelques séquences spectaculaires dont une course de chars mémorable. A découvrir.

Synopsis : Sous le charme d’une danseuse égyptienne Théodora, l’empereur Justinien décide de l’épouser. Devenue impératrice, la jeune femme s’intéresse au sort de son peuple et obtient des mesures en faveur des pauvres, ce qui n’est pas du goût des nobles. Deux d’entre eux se liguent contre Théodora et tentent de la discréditer aux yeux de l’empereur…

Début des années 50 : retour d’un âge d’or pour le péplum

Critique : Au début des années 50, le péplum, qui fut une grande spécialité de l’Italie dans les années 10 au temps du cinéma muet, refait une apparition dans son pays d’origine avec quelques films valeureux. Cette nouvelle tendance est également motivée par la présence de tournages américains dans la péninsule italienne pour des raisons de coûts plus modérés. Ainsi, le tournage de Quo Vadis (Mervyn LeRoy et Anthony Mann) en 1951 a permis aux artisans locaux de construire des décors gigantesques que les producteurs locaux ont eu l’intelligence de réutiliser. Ainsi, plusieurs productions italiennes voient le jour au début des années 50 dont Messaline (Carmine Gallone, 1951) et le Spartacus (1952) de Riccardo Freda.

Pourtant, durant l’année 1953, deux tournages font beaucoup parler d’eux en Italie. Il s’agit d’une part d’Attila, fléau de Dieu (Pietro Francisci) et de Théodora, impératrice de Byzance de Riccardo Freda, ce dernier étant le remake d’un film muet. Les deux œuvres concurrentes auront un parcours assez similaire, connaissant un joli succès partout en Europe et consolidant ainsi la bonne réputation du péplum à l’italienne. Nous sommes pourtant ici plusieurs années avant le déferlement du genre initié à la fin des années 50 par les triomphes des films consacrés à Hercule.

Théodora, impératrice de Byzance est un film plutôt correct sur le plan historique

D’ailleurs, loin d’être fantaisiste, Théodora, impératrice de Byzance (1954) peut être pleinement considéré comme un film historique tant il essaye de se rapprocher au maximum des connaissances livresques disponibles à l’époque. Ainsi, la description des différentes factions à l’œuvre dans l’empire romain d’Orient (qui deviendra ensuite l’empire byzantin) est plutôt juste, bien que sommaire. Le long-métrage oppose donc très justement les factions des Verts (plutôt des gens de la plèbe) aux Bleus (issus des patriciens), division initialement liée aux joutes sportives, mais qui a progressivement pris une signification politique. De même, les auteurs se sont renseignés sur les relations entre l’empereur Justinien et son épouse Théodora, issue d’un milieu plus populaire et dont l’influence fut majeure sur le règne de son époux. Enfin, Théodora, impératrice de Byzance évoque justement la révolte orchestrée par les patriciens afin de renverser le pouvoir, notamment lorsque l’impératrice commence à favoriser les couches les plus basses de la société.

Bien évidemment, le long-métrage prend des libertés dans la scénarisation des événements – qui sont d’ailleurs assez mal connus et dépendants de sources peu profuses – mais cela permet d’offrir au grand public des séquences spectaculaires attendues dans ce type de divertissement. Et dans le domaine, Riccardo Freda n’est pas un novice. Malgré un budget que l’on imagine contraint, il livre notamment une course de chars mémorable qui entendait surpasser celle du Ben-Hur (1925) de Fred Niblo. On notera d’ailleurs que cette séquence anticipe de plusieurs années le fameux passage culte du Ben-Hur (1959) de William Wyler. Enfin, la révolte finale donne lieu également à plusieurs scènes d’action rondement menées. Elles sont placées à des moments stratégiques, dynamisant notamment le film qui ne se perd ainsi jamais dans des intrigues de palais ennuyeuses.

Un magnifique écrin pour la grande Gianna Maria Canale

Mené de main de maître par un Riccardo Freda en pleine possession de ses moyens, Théodora, impératrice de Byzance apparaît comme un modèle de construction narrative et offre par ailleurs des prestations intéressantes de la part du casting. Gianna Maria Canale, alors épouse du cinéaste, est sublimée par son mari qui la filme amoureusement. L’actrice incarne avec charisme et une bonne dose de sensualité cette femme de tête qui figure de manière impressionnante l’émancipation de la femme. En 1954, la vision de cette femme qui prend les rênes d’un char pour se mesurer aux hommes faisait assurément son petit effet dans des salles médusées par tant d’audaces.

Face à elle, les femmes sont encore mises à l’honneur par la prestation impliquée de la grande Irène Papas, alors en début de carrière. Du côté des hommes, on apprécie l’interprétation impeccable de Georges Marchal, tout en lui préférant les figures d’intrigants composées par deux valeurs sûres du cinéma français : Henri Guisol et Roger Pigaut. Film féministe avant l’heure, Théodora, impératrice de Byzance s’avère donc une œuvre tout à fait recommandable et qui a bien moins vieilli que nombre de ses épigones plus tardifs, y compris tournés par le même Riccardo Freda.

Un beau succès international

Sorti en France au début du mois de juillet 1954, Théodora, impératrice de Byzance a débuté sa carrière française à la 6ème place du box-office avec 48 378 fans de l’Antiquité à son bord. Par la suite, sa première exclusivité lui a permis de se maintenir correctement, puis de partir en voyage dans toute la France pendant de longs mois. Le résultat est tout à fait satisfaisant avec 1,6 million d’entrées en fin de parcours qui a conforté le statut de vedette de Georges Marchal, aussi bien en France qu’en Italie, tout en confirmant le caractère de diva de Gianna Maria Canale.

Au cours des années 80, le métrage a fait l’objet de plusieurs éditions en VHS, mais le support DVD n’a malheureusement pas été considéré par l’éditeur Studiocanal, pourtant détenteur des droits. Le long-métrage est désormais disponible sur sa plateforme dématérialisée.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 2 juillet 1954

Voir le film en VOD

Theodora, impératrice de Byzance, l'affiche

© 1954 StudioCanal. Tous droits réservés.

Biographies +

Riccardo Freda, Irene Papas, Georges Marchal, Henri Guisol, Gianna Maria Canale, Roger Pigaut, Renato Baldini

Mots clés

Biopic, Fresque historique, Les succès de l’année 1954

x