Réalisateur, scénariste, monteur, décorateur et producteur italien, Riccardo Freda étudie d’abord l’architecture, avant de s’orienter vers le cinéma. Il entre au Centro sperimentale de Rome, avant de débuter comme scénariste dès 1937 avec Lasciate ogni speranza (Righelli). Puis, il continue à officier durant plusieurs années dans cette fonction et écrit ainsi Les Robinsons de la mer (Calzavara, 1939) ou encore Caravaggio, le peintre maudit (Alessandrini, 1941).
Riccardo Freda, toujours en avance d’une mode
En 1942, il parvient à passer pour la première fois derrière la caméra avec un film de cape et d’épée mené par Gino Cervi : Don César de Bazan. Le film, même perfectible, démontre déjà une talent manifeste pour une esthétique travaillée et des aventures débridées.
Freda doit attendre la fin de la guerre pour retourner sur les plateaux et tourner deux comédies musicales. Toutefois, il retrouve un genre qui lui convient mieux avec L’aigle noir (1946), adapté de Pouchkine. Ensuite, le cinéaste retrouve Gino Cervi pour L’évadé du bagne (1948) inspiré des {Misérables} de Victor Hugo. Il dirige Vittorio Gassman dans Le chevalier mystérieux (1948), puis s’amuse avec l’univers de Dumas dans Le fils de d’Artagnan (1950). Enfin, il réalise la suite d’un de ses succès avec La vengeance de l’Aigle noir (1951).
Devenu un spécialiste du film de cape et d’épée, il se lance dans le péplum qu’il contribue à rendre de nouveau populaire, bien avant la vogue des années 60. Freda réalise un Spartacus (1953) interprété par Massimo Girotti, puis Théodora, impératrice de Byzance (1954) avec Gianna Maria Canale. Créateur de modes plutôt que suiveur, Riccardo Freda anticipe également la vague des films gothiques et livre quelques œuvres fondatrices du genre comme les superbes Le château des amants maudits (1956) avec Micheline Presle, et Les vampires (1957), aidé par un certain Mario Bava.
Artisan de l’horreur gothique, du péplum et de l’eurospy
De plus en plus à l’aise derrière la caméra, le réalisateur signe encore des œuvres passionnantes avec Caltiki, le monstre immortel (1959), Maciste en enfer (1962) et surtout le faux diptyque gothique L’effroyable secret du docteur Hichcock (1962) / Le spectre du professeur Hichcock (1963). Entre-temps, il est revenu au film de cape et d’épée avec l’excellent Sept épées pour le roi (1962) qui développe un sens de l’aventure formidable. Par la suite, il réalise une nouvelle version du mélo Les deux orphelines (1965) et se lance dans l’eurospy avec Coplan FX-18 casse tout (1965) et Coplan ouvre le feu à Mexico (1967). Riccardo Freda tourne en France Roger la honte (1966) et réalise un western peu marquant : Quand l’heure de la vengeance sonnera (1967).
Un cinéaste oublié, empêché de tourner
Désormais à la remorque des modes, Freda réalise le giallo L’iguane à la langue de feu (1971) qui ne marque guère le genre. Le réalisateur a du mal à trouver du travail dans les années 70 et il revient avec le film d’horreur Angoisse (1981). En 1994, il parvient à monter La fille de d’Artagnan qui devait être son baroud d’honneur, mais il est évincé de son propre film par Sophie Marceau et c’est finalement Bertrand Tavernier qui en signera la réalisation, rendant ainsi hommage à l’un de ses maîtres.
Riccardo Freda est décédé en 1999 à l’âge de 90 ans. Il reste l’un des représentants les plus sérieux d’un cinéma populaire éclairé.
On notera que Riccardo Freda signait souvent du pseudonyme de Robert Hampton.