The Fabelmans est une magnifique leçon de cinéma par Steven Spielberg, conteur génial qui relate sa propre histoire avec passion et modestie. Une œuvre destinée aux amoureux du 7e art.
Synopsis : Portrait profondément intime d’une enfance américaine au XXème siècle, The Fabelmans de Steven Spielberg nous plonge dans l’histoire familiale du cinéaste qui a façonné sa vie personnelle et professionnelle. A partir du récit initiatique d’un jeune homme solitaire qui aspire à réaliser ses rêves, le film explore les relations amoureuses, l’ambition artistique, le sacrifice et les moments de lucidité qui nous permettent d’avoir un regard sincère et tendre sur nous-mêmes et nos parents.
The Fabelmans, un flop américain
Critique : Echec commercial américain total, The Fabelmans n’a pas su accrocher les spectateurs locaux, incapable de susciter l’intérêt d’une Amérique scindée en deux qui a fait du 7e art son champ de bataille. A ce niveau, la belle réalisation du cinéaste Steven Spielberg n’avait pas d’arguments pour la société progressiste face à un film d’un autre temps, aux allures conservatrices, ni même pour la radicalité de droite et d’ultra droite qui se refuse de célébrer les jalons d’un Hollywood gauchiste et décadent qu’ils conspuent.
The Fabelmans a d’ailleurs le désavantage d’être une biographie où la passion du cinéma anime son jeune adolescent de protagoniste. Ce n’est pas vraiment le thème qui suscite l’envie des foules. Et à moins d’être un cinéphile averti et un fan de Steven Spielberg, il peut être difficile au premier abord d’être sensible à cette chronique familiale où la dépression maternelle et la fadeur du père gentillet n’ont pas de quoi enflammer les esprits tempétueux qui en ont vu d’autres dans la déchirure familiale.
Une psychologie à l’image du cinéma de Steven Spielberg sans profondeur, mais…
Les personnages de The Fabelmans sont à l’image de Steven Spielberg, gentils, sans noirceur, pas très complexes, il véhicule les clichés d’une Amérique des années 50 et 60 qui ont été démystifiés il y a bien longtemps par Cassavetes, Douglas Sirk et dont le plus bel avatar récent était The Hours de Stephen Daldry, mélodrame puissant où la dépression de Julianne Moore face à sa vie conjugale avait troublé, ému, bouleversé, aidé il est vrai par la composition imbibée de tristesse de Philip Glass. Aussi, face au jeu transparent de Paul Dano et sans réel charisme de Michelle Williams, les réserves du public s’imposaient. Tout le monde n’a pas la profondeur d’une Julianne Moore pour nous emporter dans les vertiges du drame que The Fabelmans ne veut pas tout à fait être, demeurant une chronique familiale.
Toute la magie et la maestria d’un conteur et réalisateur exceptionnel
Toutefois, il y a l’autre Fableman, le gamin, vite devenu ado. Lui est fabuleux. Spielberg se met en scène sans fausse modestie. Il se dévoile dans sa simplicité d’ado monomaniaque de garçon né pour filmer. Cela tombe bien, le réalisateur est une majesté en matière de caméra. Ses récits filmiques ont été cinématographiquement audacieux et novateurs. Ils ont innové plus qu’ils n’ont évolué car Steven Spielberg est un peintre de l’image et un roi du montage qui voit dans le mouvement, du cinéma, et le cinéma, dans tout ce qui l’entoure, des récits d’enfants à la grande histoire. La liste de Schindler, Il faut sauver le soldat Rayan, AI, Minority Report, ou plus récemment West Side Story… il est impossible de ne pas retrouver dans tous ces films le jeune garçon aux yeux grands ouverts de The Fablemans dont on partage des moments simples, mais fondateurs, un peu comme les œuvres du maître qui ont forgé tant de passions chez les cinéphiles de ces 50 dernières années.
Du très grand cinéma, évidemment
The Fabelmans n’est pas pure perfection dramatique, mais c’est la sincérité faite film. Une œuvre belle et personnelle, subtilement anachronique, dont on peut se sentir proche ou éloigné, mais dans tous les cas qui démontre l’importance fondamentale de Steven Spielberg dans l’inconscient collectif de nos sociétés. Bref, c’est du cinéma. Et du très grand.
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