Solaris : la critique du film et le test blu-ray (1974)

Science-fiction | 3h18min (version intégrale) / 2h24min (version cinéma en France)
Note de la rédaction :
10/10
10
Solaris, l'affiche

  • Réalisateur : Andreï Tarkovski
  • Acteurs : Nikolaï Grinko, Anatoli Solonitsyne, Donatas Banionis, Natalia Bondartchouk, Jüri Järvet
  • Date de sortie: 27 Fév 1974
  • Nationalité : Soviétique
  • Titre original : Solyaris
  • Titres alternatifs : Solaris : Aventura espacial (Argentine), Wakusei Sorarisu (Japon)
  • Année de production : 1972
  • Scénariste(s) : Andreï Tarkovski, Friedrich Gorenstein d'après le roman homonyme de Stanisław Lem
  • Directeur de la photographie : Vadim Ioussov
  • Compositeur : Edouard Artemiev
  • Société(s) de production : Mosfilm, Chetvyortoe Tvorcheskoe Obedinenie
  • Distributeur (1ère sortie) : Michèle Dimitri Films
  • Distributeur (reprise) : Potemkine Films
  • Date de reprise : 5 juillet 2017
  • Éditeur(s) vidéo : RCA-Gaumont collection Les Archives du furtur (VHS, 1981) / Gaumont-Columbia-TriStar collection Les Films de ma vie (VHS) / MK2 (DVD, 2009) / Potemkine films (DVD, 2009) / Potemkine Films (blu-ray, 2017)
  • Date de sortie vidéo : 8 décembre 2017 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 74 005 entrées / 39 694 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs, Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Grand prix du Festival de Cannes en 1972 malgré les 48 coupures proposées par la censure soviétique / Prix FIPRESCI du Festival de Cannes en 1972, Cannes Classics 2016, Festival dell'Unità (Italie, 1972), BFI London Film Festival (1972), Chicago International Film Festival (1972), Gent International Film Festival (Belgique, 1974)
  • Illustrateur / Création graphique : Houzapel. Tous droits réservés.
  • Crédits : © 1972 Mosfilm
Note des spectateurs :

Film de SF ambitieux, Solaris est la réponse soviétique à 2001 l’odyssée de l’espace, avec une même propension à développer un discours métaphysique. Un chef d’œuvre, d’une incroyable poésie.

Synopsis : La planète Solaris, recouverte d’un océan, a longtemps intrigué les chercheurs qui y ont installé une station. Faute de résultats concluants, le docteur Kris Kelvin, un homme bouleversé par le suicide de sa femme, y est envoyé afin de définir s’il faut fermer la station ou non. Sur place, il découvre l’équipe du laboratoire spatial pris par une folie à laquelle il risque de succomber lui-même.

Solaris ou la réponse soviétique à 2001, l’odyssée de l’espace

Critique : Le cinéma soviétique possède une longue tradition en matière de science-fiction depuis la création en 1924 du long-métrage Aelita de Protazanov. Le genre permet généralement aux artistes d’Etat de chanter la gloire du régime soviétique sous couvert de métaphores plus ou moins fines. Toutefois, après le triomphe international de 2001 l’odyssée de l’espace (Kubrick, 1968), les pontes du studio Mosfilm comptent bien répondre au bloc de l’Ouest par un projet de SF tout aussi grandiose.

Leur choix s’arrête sur la nouvelle de Stanislav Lem intitulée Solaris et ils confient assez rapidement ce projet fou au cinéaste Andreï Tarkovski qui venait de rencontrer un bel écho international avec son mémorable Andreï Roublev (1966). Si Tarkovski accepte ce projet, c’est avant tout dans le but de créer par la suite des œuvres plus personnelles. Il demande toutefois à pouvoir réviser le script pour le rendre plus conforme à sa vision personnelle.

Le voyage proposé est avant tout intérieur et métaphysique

Le résultat final a sans doute laissé rêveur plus d’un producteur tant le produit fini ne ressemble à aucun autre film de SF. Visiblement peu intéressé par la technologie ou encore par les effets spéciaux, Tarkovski transforme ce qui devait être un voyage spatial intersidéral en un parcours intérieur sidérant.

Si vous abordez pour la première fois l’œuvre du cinéaste, ne vous attendez pas à suivre le voyage dans l’espace d’un homme à la rescousse d’une mission en détresse. En réalité, le réalisateur s’attarde durant trois quarts d’heure sur les préparatifs ayant lieu sur Terre, puis par une ellipse audacieuse, il nous transporte en un coup de baguette magique sur la station spatiale où l’on suit le délitement progressif de la psyché de personnages tourmentés par une entité dont on ne saura jamais si elle est maléfique ou d’essence divine.

Solaris, l’anti-film de science-fiction est d’une beauté à couper le souffle

D’une lenteur hypnotique, Solaris n’ennuie pourtant jamais, pour peu que l’on fasse l’effort de se lover dans cet espace mental que nous concocte le cinéaste. Pour nous accompagner, Tarkovski nous offre des images d’une grande beauté, des cadrages saisissants et des plans séquences chorégraphiés de main de maître sans être démonstratifs. Le travail sur le son effectué conjointement avec Edouard Artemiev est d’une importance capitale puisque les deux hommes ont insisté sur les bruits de la nature dans la partie terrestre, supplantés par des sonorités étranges dans l’espace. Le tout éclairé à intervalles réguliers par la musique de Jean-Sébastien Bach. Afin de créer un espace mental pur, le réalisateur alterne sans cesse le noir et blanc et la couleur, sans logique apparente, si ce n’est pour casser les habitudes du spectateur et créer ainsi une inquiétante étrangeté.

Film mystique qui cherche à placer l’Homme face à son Créateur, Solaris affirme également le primat de la croyance sur la science et livre donc une œuvre aux antipodes de ce que souhaitait alors le régime soviétique. Le cinéaste y clame la nécessité de privilégier l’amour dans les rapports humains, bien loin des normes très codifiées du régime en place.

Le tout est suggéré avec beaucoup de sensibilité, des images bouleversantes de beauté poétique, faisant de Solaris l’une des œuvres majeures de Tarkovski et l’un des plus beaux films de science-fiction de tous les temps. Le film reçut d’ailleurs le Grand Prix Spécial du Jury au festival de Cannes de 1972 et demeure une référence. Il a même fait l’objet d’un remake américain convenable en 2002 par Steven Soderbergh avec George Clooney.

Critique de Virgile Dumez

Voir le film en VOD

Les sorties de la semaine du 27 février 1974

Solaris, l'affiche

© 1972 Mosfilm / Affiche : Houzapel. Tous droits réservés.

Box-office :

Solaris est sorti en France via le distributeur Michèle Dimitri Films, spécialisé dans les productions soviétiques. Avec une exclusivité à la Pagode, le démarrage à Paris est de 350 spectateurs quand le gros succès commercial du 27 février 1974 était Les Chinois à Paris (20 531 entrées pour Jean Yanne), suivi de Magnum Force (8 333 tickets pour Clint Eastwood et Hal Holbrook) et Juliette et Juliette (5 874 en un jour pour le duo Marlène Jobert, Annie Girardot, accompagné de Pierre Richard).

Dans un contexte d’art et essai, le classique russe se positionne en première place des films programmés dans les salles spécialisées, avec 3 311 spectateurs. Une belle réussite, mais pas de quoi, pour la Pagode, rivaliser avec les salles programmant Les Chinois à Paris comme Le Rex qui attire à lui seul 22 893 spectateurs hilares dans son temple. Même le Paramount Opéra réussissait à entasser 6 766 spectateurs dans la salle qui programmait Mondwest.

Le succès de Solaris, sur Paris, se bâtira sur la durée, puisque le film chutera vite. Il se retrouve en 3e semaine à 1 701 spectateurs, en 4e semaine à 1 202…  A l’issue de sa 7e semaine, il sera déprogrammé, pour un total de 11 272 amateurs d’art contemplatif.

Les reprises, rétrospectives et séances spéciales lui permettront de gravir les échelons avec les décennies, et Solaris atteindra un total de 39 694 Parisiens et de 74 005 Français.

Frédéric Mignard

Le test blu-ray :

Les suppléments : 4 / 5

Comme sur les autres titres du coffret, nous retrouvons l’enseignante Eugénie Zvonkine dans une présentation de 16min où elle donne quelques clés de lecture bienvenues et explique à quel point le métrage est original dans sa démarche. Elle rappelle également les heurts entre Tarkovski et un Stanislav Lem pas vraiment enchanté du résultat final. On peut ensuite suivre un très court témoignage de la sœur de Tarkovski, Marina qui insiste sur le projet artistique de son frère durant deux petites minutes. Enfin, l’actrice Natalia Bondartchouk évoque pendant cinq minutes le tournage du film et ses difficultés lors des séquences à effets spéciaux. Le tout est court, mais suffisamment analytique et informatif.

L’image : 5 / 5

Restauré en 2016, le film a fait l’objet d’un toilettage magnifique qui lui a redonné des couleurs et une luminosité absents des copies précédentes. On se retrouve plongé dans une nature sublimée en début de métrage, avant de parcourir les couloirs froids et aseptisés de la station spatiale. A chaque fois, la définition est impeccable et le piqué remarquable, tout en conservant un léger grain cinéma qui donne tout son cachet à la photographie d’époque. Tout bonnement splendide.

Le son : 4 / 5

Là aussi belle restauration pour l’unique piste sonore en version originale sous-titrée en DTS HD Master Audio et en mono. Malgré ce format un peu frustre, la piste parvient à faire résonner des bruits dans toute la pièce et l’espace sonore ne paraît jamais étriqué pour peu que l’on monte sérieusement le son. Celui-ci ne sature pas non plus lors des envolées musicales.

Test blu-ray de Virgile Dumez

Acheter le blu-ray sur le site de l’éditeur 

Solaris, jaquette blu-ray

© 1972 Mosfilm / © 2017 Potemkine Films. Tous droits réservés.

Trailers & Vidéos

trailers
x
Solaris, l'affiche

Bande-annonce de Solaris (VOsta)

Science-fiction

x