Spectacle anodin, S.O.S. Fantômes : La menace de glace n’est ni déshonorant, ni enthousiasmant par sa volonté de plaire à tout le monde. Le spectacle est garanti sans aucune prise de risques.
Synopsis : La famille Spengler revient là où tout a commencé, l’emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d’un ancien artefact libère une force maléfique, les deux équipes S.O.S. Fantômes doivent unir leurs forces pour protéger leurs maisons et sauver le monde d’une seconde ère glaciaire.
Une suite qui peut laisser froid
Critique : Après le succès du reboot campagnard de la franchise S.O.S. Fantômes qui s’intitulait S.O.S. Fantômes : L’héritage (Jason Reitman, 2021), il était prévisible que les producteurs réclament une nouvelle suite aux aventures des chasseurs de fantômes. Pour mémoire, le long métrage de 2021 avait rapporté près de 200 millions de dollars dans le monde pour une mise de départ de 75 millions. Rappelons que le reboot est sorti dans une période difficile post-Covid.
Pour S.O.S. Fantômes : La menace de glace qui ramène les personnages à New York, le budget est revu à la hausse avec 100 millions de billets verts déboursés pour illustrer les nouvelles aventures de la petite famille recomposée menée par Paul Rudd et Carrie Coon. On retrouve ici le même casting que sur le précédent volet, avec notamment les jeunes acteurs comme Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Celeste O’Connor ou encore Logan Kim. Si tous ces jeunes gens ne font pas preuve d’un charisme formidable, leurs personnages ont été un peu plus approfondis cette fois, même si l’intrigue rappelle à s’y méprendre l’ensemble des productions pour ados de ces dernières décennies.
Un script cousu de fil blanc
Effectivement, les scénaristes ont pris acte de l’âge un peu plus avancé des acteurs et ils proposent une énième histoire de rébellion adolescente par rapport aux adultes qui ne les comprennent pas. Seul le jeune public cible sera sensible à cette thématique éculée qui ne constitue pas le point fort du long métrage. Ainsi, la résolution de l’intrigue qui verra les parents triompher et les adolescents prendre conscience de leur naïveté est cousue de fil blanc.
Heureusement, pour contrebalancer cet aspect très familial, les auteurs ont pris soin de développer une intrigue maléfique qui fait intervenir un grand méchant assez charismatique. Ainsi, le démon antique Garraka est plutôt réussi, même s’il demeure sous-employé. On regrette notamment qu’il soit convié lors de la séquence introductive, puis confiné dans un artefact jusqu’à sa sortie effective dans la dernière demi-heure du film. Dans l’intervalle, le spectateur lambda risque de trouver le temps long puisque le scénario lambine sérieusement.
Une dernière demi-heure plus dynamique
En fait, en étant incapable de développer correctement leurs personnages, les scénaristes ont multiplié les sous-intrigues qui n’ont guère d’intérêt. Pour passer le temps, les fans pourront s’amuser de nombreux clins d’œil cinéphiliques, comme cette référence à Cannibal Girls (Ivan Reitman, 1983), film bis signé du père de la saga S.O.S. Fantômes. De même, on peut apprécier le retour en force du casting d’origine qui ne se contente pas d’être une caution, mais intervient bien dans l’action. Particulièrement bien servi, Dan Aykroyd est ainsi très sollicité, tandis qu’on voit aussi beaucoup Ernie Hudson. Bien que davantage en retrait, Bill Murray est également de la partie et donne lieu à une scène amusante face au comique Kumail Nanjiani.
Là encore à cause d’un manque de soin dans l’écriture, ces séquences ont parfois du mal à s’insérer harmonieusement dans la structure générale du film, à tel point qu’on a parfois l’impression d’un collage aléatoire de scènes, notamment au centre du film. Cela s’améliore durant la dernière demi-heure qui fait se déchaîner les éléments. Dès lors, les effets spéciaux compensent le peu de consistance de l’histoire. Enfin, certains passages humoristiques fonctionnent bien, tandis que d’autres laissent davantage indifférents.
S.O.S. Fantômes : La menace adolescente
Comme souvent avec ce genre de production, rien n’est fondamentalement mauvais dans S.O.S. Fantômes : La menace de glace, mais l’ensemble pâtit d’un manque de courage et d’ambition à toutes les échelles. Cherchant à la fois à séduire le public jeune avec des protagonistes adolescents, tout en faisant plaisir aux vieux nostalgiques des années 80, les auteurs se condamnent à répéter sempiternellement les mêmes formules, au risque d’indisposer tout le monde.
Le résultat n’est ni un revival vivifiant, ni le naufrage décrit par certains critiques, mais parfaitement représentatif de ce qu’est devenu le cinéma commercial américain dont le but est de satisfaire les actionnaires et non les véritables amoureux du septième art.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 10 avril 2024
Biographies +
Gil Kenan, Paul Rudd, Bill Murray, Dan Aykroyd, McKenna Grace, Carrie Coon, Celeste O’Connor, Finn Wolfhard, Logan Kim, Ernie Hudson, Kumail Nanjiani
Mots clés
Franchise : SOS Fantômes, Les fantômes au cinéma, New York au cinéma