Max et Jérémie : la critique du film (1992)

Policier, Comédie dramatique | 1h55min
Note de la rédaction :
6/10
6
Max & Jérémie, cover VOD

  • Réalisateur : Claire Devers
  • Acteurs : Karin Viard, Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Michèle Laroque, Nanou Garcia, Christophe Lambert, José Quaglio, Christophe Odent, Feodor Chaliapin Jr.
  • Date de sortie: 14 Oct 1992
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Max et Jérémie
  • Titres alternatifs : Max & Jeremie (titre international), Max & Jérémie (graphie de l'affiche uniquement) / Max & Jeremie devono morire (titre italien), Max und Jeremy (Allemagne), Max y Jeremy (Espagne), Max e Jeremie: Parceiros Explosivos (Brésil)
  • Année de production : 1992
  • Scénariste(s) : Claire Devers, Bernard Stora, d'après le roman de Teri White : Max Trueblood and the Jersey Desperado
  • Directeur de la photographie : Bruno de Keyzer
  • Compositeur : Philippe Sarde
  • Société(s) de production : Canal+, Gruppo Bema, Les Films Alain Sarde, TF1 Films Production
  • Distributeur (1ère sortie) : AMLF
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Le Studio Canal + (VHS, 1993) / StudioCanal (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 24 février 2004 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 626 147 entrées / 233 771 entrées
  • Budget : 7,6 M d’euros
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Dolby
  • Festivals et récompenses : 1 nomination aux César 1993 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Jean-Pierre Marielle.
  • Illustrateur / Création graphique : Sygma (agence) - Etienne George (photographe) - Bonne Question ! (agence). Tous droits réservés.
  • Crédits : © 1992 StudioCanal
Note des spectateurs :

Sympathique polar français, Max et Jérémie jongle assez habilement entre thriller, drame et comédie par la grâce d’un bon trio d’acteurs. La réalisation, très classique, n’a pas trop vieilli.

Synopsis : Tueur à la retraite, Max se lie d’amitié avec Jérémie, un petit voyou ambitieux. Ce dernier, comme premier “contrat”, a pour mission d’éliminer le vieil homme. Mais une tendre complicité naît entre les deux tueurs…

Claire Devers se lance dans le polar

Critique : Découverte à Cannes avec son premier long-métrage Noir et blanc (1986) qui a obtenu la Caméra d’or, Claire Devers est ensuite revenue sur la Croisette avec le drame Chimère (1989). Si les deux films ont su trouver un écho auprès de la critique, ils n’ont pas connu le succès à une époque où le cinéma français est en crise. Lectrice de l’œuvre noire de la romancière américaine Teri White, Claire Devers a ensuite voulu adapter au cinéma le polar Max Trueblood and the Jersey Desperado, publié en France en 1987 sous le titre Les Lamentations de Jeremiah.

Aidée au scénario par Bernard Stora, Claire Devers réussit à trouver un producteur intéressé en la personne d’Alain Sarde, tout en convaincant Christophe Lambert et Philippe Noiret de former le duo principal de ce qui deviendra Max et Jérémie. Sur les conseils de Noiret, Claire Devers engage également Jean-Pierre Marielle pour interpréter le rôle du policier Almeida qui traque Max depuis plusieurs décennies.

Comment deux solitudes peuvent se rencontrer

Doté d’un budget plutôt confortable, le film s’inscrit dans une certaine tradition du polar à la française. Ainsi la transposition de l’intrigue en France est parfaitement cohérente et crédible puisque l’histoire est surtout centrée sur les relations entre les personnages plus que sur un contexte précis. Il s’agissait pour Claire Devers de détourner un poncif du genre – à savoir le passage de témoin entre deux générations de tueurs à gages – pour en faire une œuvre plus humaine et psychologique. Ainsi, l’enjeu ici n’est pas tant d’assister à la formation d’un jeune tueur par un vieux briscard, mais bien au contraire de casser cette chaîne de transmission pour aborder des relations plus humaines et amicales.

Certes, le début du film apparaît comme légèrement maladroit, notamment dans la présentation du personnage incarné par Christophe Lambert, mais le long-métrage décolle dès que le duo se forme. La relation plus ou moins ambigüe qui se crée entre les deux hommes permet au film d’éviter le cliché attaché à ce type d’intrigue pour aller vers davantage de complexité. Si l’on pense au début à une vague attirance homosexuelle, cette théorie s’effondre assez rapidement. Dans Max et Jérémie, il s’agit surtout d’un attachement sincère entre deux solitaires qui finissent par devenir inséparables. La relation est davantage celle d’un père envers son fils.

En équilibre délicat entre drame, polar et comédie

Pour appuyer cette thèse, Claire Devers insiste sur la naïveté enfantine du personnage joué avec conviction par Christophe Lambert. Incapable de prendre en main sa vie, peu adapté aux relations humaines et vivant dans un monde télévisuel imaginaire, le jeune homme n’est clairement pas sorti de l’enfance. Il considère donc Max comme une figure paternelle sans laquelle il se sent perdu. Face à lui, le vieux tueur solitaire dont la vie est parfaitement minutée et ordonnée, retrouve enfin le goût de l’inattendu à travers ce gamin finalement attachant. Enfin, troisième figure du trio, Jean-Pierre Marielle est un flic au bout du rouleau qui ne supporte pas l’idée de prendre sa retraite et fait tout pour précipiter sa propre fin dans un élan suicidaire magnifiquement traduit par le jeu du comédien.

Porté par des dialogues ciselés qui parviennent à faire sourire, Max et Jérémie évolue sur une ligne de crête un peu périlleuse, quelque part entre tragédie, polar et comédie. Cela peut être parfois un peu déroutant, mais c’est finalement ce numéro d’équilibriste qui rend la projection intéressante de bout en bout. Réalisé de manière assez classique par une Claire Devers qui n’a pas pris de grands risques sur le plan formel, Max et Jérémie est donc avant tout un film d’acteurs, tous parfaitement dirigés et tenus. Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle sont notamment très sobres, eux qui pouvaient parfois cabotiner.

Un passage de témoin émouvant entre plusieurs générations de comédiens

Enfin, on pourra noter que si le sujet est celui du passage de témoin entre générations, le film de Claire Devers fait de même en ce qui concerne ses comédiens. On trouve ici des personnalités comme Feodor Chaliapin Jr. dont ce fut le dernier long-métrage à 86 ans, lui qui a commencé sa carrière au temps du cinéma muet. Ensuite, Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle incarnent une autre génération de valeurs sûres et Christophe Lambert cherchait alors à retrouver une certaine popularité égratignée par de nombreux échecs commerciaux successifs (Le Sicilien, Le complot, Love Dream, Why Me ? un plan d’enfer). Enfin, Claire Devers a offert des petits rôles à des actrices qui allaient percer quelques temps plus tard comme Michèle Laroque et Karin Viard.

Sorti au cinéma au mois d’octobre 1992, Max et Jérémie a convaincu 626 147 amateurs de polar français, ce qui en fait assurément le plus gros succès personnel de la réalisatrice Claire Devers. Depuis, le film est quelque peu tombé dans l’oubli, au point de n’avoir été édité en DVD qu’une seule fois en 2004. Sans être un incontournable du genre, il n’en demeure pas moins un long-métrage sympathique et plaisant à revoir encore de nos jours.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 14 octobre 1992

Voir le film en VOD

Max et Jérémie, l'affiche

© 1992 StudioCanal / Affiche : Sygma (agence) – Etienne George (photographe) – Bonne Question ! (agence). Tous droits réservés.

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