Mandy : la critique du film (2018)

Epouvante-horreur, Fantastique, Gore | 2h01min
Note de la rédaction :
8/10
8
Mandy, l'affiche française

  • Réalisateur : Panos Cosmatos
  • Acteurs : Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Richard Brake, Linus Roache, Bill Duke, Olwen Fouéré
  • Date de sortie: 14 Sep 2018
  • Nationalité : Américain, Britannique, Français, Belge
  • Titre original : Mandy
  • Titres alternatifs : Mandy: Sede de Vingança (Brésil)
  • Année de production : 2018
  • Scénariste(s) : Panos Cosmatos, Aaron Stewart-Ahn
  • Directeur de la photographie : Benjamin Loeb
  • Compositeur : Jóhann Jóhannsson
  • Société(s) de production : SpectreVision, Umedia, Legion M
  • Distributeur (1ère sortie) : Film inédit en salles en France. La date ci-dessus est celle de la sortie américaine.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Universal Pictures France (DVD et blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 6 février 2019
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : 1,2 M$
  • Budget : 6 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs
  • Festivals et récompenses : Festival international du film de Catalogne 2018 : Prix du meilleur réalisateur pour Panos Cosmatos
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Universal Pictures
Note des spectateurs :

Véritable OVNI cinématographique, Mandy oscille entre film d’auteur new age et délire gore totalement barré. Il confirme le talent de Panos Cosmatos et permet à Nicolas Cage de tourner enfin dans un bon film.

Synopsis : Pacific Northwest, 1983. Red Miller et Mandy Bloom mènent une existence paisible et empreinte d’amour. Quand leur refuge entouré de pinèdes est sauvagement détruit par les membres d’une secte dirigée par le sadique Jérémie Sand, Red est catapulté dans un voyage fantasmagorique marqué par la vengeance, le sang et le feu…

Mandy ne peut laisser indifférent

Critique : Fils du réalisateur George Pan Cosmatos qui est célèbre pour avoir tourné des œuvres aussi efficaces que Le pont de Cassandra (1976), Rambo 2 : la mission (1985), Cobra (1986) ou encore Tombstone (1993), Panos Cosmatos a appris le métier sur le tas en traînant notamment sur les plateaux de son père. En totale indépendance, il a signé un premier film de science-fiction intitulé Beyond the Black Rainbow (2010) qui a remporté plusieurs prix au Canada, son pays d’origine. Ce premier essai, considéré déjà comme un objet filmique non identifié, a eu les honneurs d’une diffusion à l’Etrange Festival ainsi qu’à Gérardmer, laissant les spectateurs dubitatifs devant une esthétique formelle très travaillée et une intrigue absconse.

Avec Mandy (2018), tourné plusieurs années plus tard dans un coin reculé de Belgique, Panos Cosmatos ne fait toujours pas l’unanimité et livre un nouvel objet cinématographique insaisissable. Si l’intrigue linéaire semble assez simple de prime abord, Panos Cosmatos orchestre un nombre conséquent de dérapages qui font glisser le film dans l’étrangeté la plus absolue. On peut d’ailleurs diviser Mandy en deux parties distinctes.

Affiche américaine de Mandy

© 2017 Mandy Films. LTD All Rights Reserved

Une première heure planante entre David Lynch et Tarkovski

La première heure s’inscrit dans une démarche de pur film d’auteur, avec des plans superbes sur une nature splendide, mais déjà contrariée par l’usage de filtres de couleurs parfois déstabilisants pour l’œil. Nous suivons la vie quotidienne d’un couple au cœur des bois, uniquement rythmée par une musique tour à tour fascinante (la magnifique chanson Starless de King Crimson en ouverture), planante ou inquiétante (le score très inspiré signé du regretté Jóhann Jóhannsson). Parallèlement, le spectateur est invité à suivre les agissements d’une secte menée par un étrange gourou (excellent Linus Roache) et leur complicité avec des créatures de l’enfer qui semblent tout droit sortis de l’imagination d’un Clive Barker. On ne peut s’empêcher de songer aux fameux Cénobites vus dans la saga Hellraiser.

Portée par des cadrages inspirés et une réalisation planante tout à fait audacieuse, cette première partie ne raconte en apparence rien du tout, mais établit une atmosphère de douce étrangeté, comme dans un trip new age. Les images sont parfois décalées avec le son ou bardées de filtres de couleurs pour une expérience immersive totale, pour peu qu’on se laisse aller au trip proposé. Jusque-là, les amateurs de cinéma d’action attirés par la présence au générique de Nicolas Cage risquent bien de décrocher, tant l’on se situe ici plutôt du côté des expériences sensorielles de David Lynch, et parfois le temps d’un plan ou deux de Tarkovski. Le cinéaste centre d’ailleurs le récit autour de la personnalité fascinante d’Andrea Riseborough, actrice toujours aussi charismatique.

Une deuxième heure portée sur le gore et le cinéma bis

Après cette mise en bouche, le film entre dans une seconde phase que l’on pourrait qualifier de bis. Les influences du cinéaste évoluent durant cette deuxième heure où l’on ressent davantage le goût de Panos Cosmatos pour l’horreur vintage des années 70-80. Le réalisateur se laisse aller à des séquences surréalistes qui satisferont davantage les amoureux de Tobe Hooper (l’affrontement à deux tronçonneuses) et tous ceux qui aiment les films gore des années 80. Devenu un ange vengeur après une sorte de crucifixion (qui rappelle celle du Keoma de Castellari), Nicolas Cage part en vrille et livre une nouvelle prestation excessive dont il a le secret. Le bonhomme hurle, éructe et parfois effectue des sorties de route (un plan ridicule vient d’ailleurs ruiner la magnificence de la séquence de fin). Il n’est pas nécessairement le point fort d’un film qui vaut vraiment pour la maestria de sa réalisation et son ambiance complètement folle.

De la graine de film culte

On adore notamment toute l’esthétique autour du repaire de la secte qui évoque les meilleurs moments du chef-d’œuvre d’Ari Aster Midsommar (2019). Et que dire de ce plan final qui révèle la dimension fantastique du film de manière assez surréaliste, comme avait pu le faire autrefois Tarkovski dans son classique Solaris (1972).

Si tout n’est pas réussi dans Mandy, à cause de quelques fautes de goût sur le plan esthétique et de moyens qu’on devine limités, le long-métrage a au moins le mérite de proposer quelque chose de différent, une expérience inédite que les cinéphiles sauront chérir avec le temps. C’est donc de la graine de film culte, diffusé là encore à Sundance, à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, à l’Etrange Festival et un peu partout dans le monde. Il s’agit assurément du meilleur film tourné par Nicolas Cage depuis… quand déjà ?

Critique de Virgile Dumez

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Mandy, l'affiche française

© 2018 SpectreVision – Umedia – XYZ Films / © 2019 Universal Home Entertainment. Tous droits réservés.

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Mandy, l'affiche française

Bande-annonce de Mandy (VF)

Epouvante-horreur, Fantastique, Gore

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