Proposition de science-fiction horrifique pour adolescents, M3GAN n’est pas forcément mauvais, mais manque d’originalité et de prise de risque dans le domaine de l’horreur. A réserver à un jeune public qui n’est pas encore lassé des films à formule.
Synopsis : M3GAN est un miracle technologique, une cyber poupée dont l’intelligence artificielle est programmée pour être la compagne idéale des enfants et la plus sûre alliée des parents. Quand Gemma devient tout à coup responsable de sa nièce de 8 ans, Cady, dont les parents sont soudainement décédés, elle n’est absolument pas prête à assumer son rôle. Débordée et sous pression au travail, elle décide de lier le prototype M3GAN encore en développement à la petite fille.
Une énième initiative de l’infatigable James Wan
Critique : Comme souvent avec les productions de James Wan, l’idée initiale de M3GAN émane du producteur qui souhaitait remettre au goût du jour la thématique de la poupée tueuse en croisant deux influences majeures, à savoir Terminator (James Cameron, 1984) et Annabelle (John R. Leonetti, 2014). Son but avoué était de toucher le public féminin qui est généralement plus rétif à aller voir un film d’horreur. Pour cela, il a engagé la scénariste afro-américaine Akela Cooper, avec laquelle il avait déjà collaboré sur le script surréaliste de son très bis Malignant (James Wan, 2021). Ils ont d’ailleurs continué à bosser ensemble par la suite avec le très médiocre La Nonne : La malédiction de Sainte-Lucie (Michael Chaves, 2023). Autant dire que leur association n’est pas forcément gage de qualité.
Afin de réaliser le long-métrage pour la somme assez dérisoire de 12 millions de dollars, le producteur a fait appel au cinéaste néo-zélandais Gerard Johnstone dont on avait apprécié le long-métrage comico-horrifique Housebound (2014). Même si l’action du film est censée se dérouler à Seattle, le tournage a été effectué au Canada et dans la ville d’Auckland en Nouvelle-Zélande où les coûts de production sont moins élevés. L’argent a surtout servi à créer une poupée animatronique convaincante pour M3GAN, même si celle-ci est interprétée conjointement par une jeune danseuse émérite du nom d’Amie Donald.
M3GAN ne se distingue pas pour son originalité
Le résultat est un petit film commercial tout à fait regardable, mais qui se distingue assez peu dans le genre horrifique. En réalité, le spectateur n’éprouvera guère de frissons devant cette œuvre qui ressort essentiellement du genre de la science-fiction, avec quelques meurtres très soft à la clé. Nous devons préciser toutefois que la version cinéma a été expurgée des moments plus sanglants qui ont visiblement été réintégrés dans la version diffusée en DVD et blu-ray. Pour notre part, nous n’avons eu droit qu’à la version grand public qui ose tout de même s’en prendre à un chien et un enfant, mais toujours hors champ.
En fait, le problème essentiel de M3GAN vient de son absence totale d’originalité. Le scénario semble avoir été rédigé par une IA en manque de créativité tant tous les passages obligés du genre ont été respectés à la lettre. Il en ressort une œuvre qui n’est jamais désagréable puisque le réalisateur n’est pas un manchot et qu’il signe plusieurs scènes fort sympathiques, mais on recherche en vain le moindre frisson. D’ailleurs, plutôt spécialisé dans l’humour noir, Gerard Johnstone ne semble guère convaincu par son script au point qu’il aborde certaines séquences avec détachement et humour. Ainsi, avec une bonne dose de second degré, il n’est pas interdit de rire lors des évolutions de la poupée bitchy. On retrouve ici un style très bis, finalement assez proche de celui de Malignant, ce qui n’est pas nécessairement pour nous déplaire.
Tuer n’est pas jouer
Le cinéaste s’appuie sur le jeu assez solide d’Allison Williams qui est plutôt à l’aise dans le rôle de cette tutrice décidément peu faite pour être une mère. Face à elle, la petite Violet McGraw est d’une belle justesse de jeu, aussi bien lors des moments d’émotion que lorsqu’elle joue les têtes à claques. Enfin, il faut signaler l’implication de la jeune Amie Donald qui s’impose véritablement dans le rôle de la poupée dont la technologie finit par dépasser ses créateurs. Ses mouvements saccadés, puis désarticulés sont la preuve du talent physique de cette jeune danseuse néo-zélandaise.
Loin d’être un incontournable du genre – on lui préfère largement le remake de Chucky intitulé Child’s Play : La poupée du mal (Lars Klevberg, 2019) – M3GAN satisfera donc sans aucun doute un jeune public, mais laissera sur leur faim les vieux routiers du genre à qui on ne la fait plus.
M3GAN est un succès qui initie une nouvelle franchise
En cumulant 95 millions de dollars au box-office nord-américain et 180 millions dans le monde entier, M3GAN a été une très bonne affaire pour ses producteurs et son distributeur Universal, d’autant que la mise de départ était faible. On notera d’ailleurs que le long-métrage s’est particulièrement bien comporté au box-office local puisqu’il devait tout de même affronter le mastodonte Avatar, la voie de l’eau (James Cameron, 2022).
Positionné le 28 décembre 2022 en France, M3GAN a été un très beau succès dès son premier jour avec 57 000 entrées sur 330 copies et une belle première place nationale. A la fin de sa première semaine (qui correspondait aux fêtes de fin d’année), le film de SF a séduit 218 120 adolescents, ce qui en fait une belle affaire. Avec la reprise des cours, la septaine suivante est moins satisfaisante (126 143 retardataires), mais le métrage franchit tout de même la barre des 400 000 entrées dès sa troisième semaine. La chute est ensuite assez rapide avec 480 447 entrées en sept semaines de présence sur les écrans. Cela fait tout de même du film un beau succès.
De quoi initier une suite actuellement en préparation et qui est annoncée pour l’année 2025, avec pour titre actuel M3GAN 2.0.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 28 décembre 2022
Acheter le film en UHD 4K
Voir le film en VOD
Biographies +
Gerard Johnstone, Allison Williams, Violet McGraw, Amie Donald
Mots clés
Les productions Blumhouse, Les poupées maléfiques au cinéma, Les films de SF des années 2020