Suite ratée, La nonne : la malédiction de Sainte-Lucie ventile ses quelques idées sur près de deux heures sans jamais faire avancer l’intrigue. Du vide caractérisé, parfaitement ennuyeux et inutile.
Synopsis : Le mal n’a jamais été aussi proche : Valak, la nonne démoniaque de Conjuring revient… Dans le sud de la France.
La nonne revient sonder les profondeurs du vide abyssal
Critique : Cela fait très exactement dix ans que le tout premier Conjuring : les dossiers Warren (James Wan, 2013) est sorti dans les salles, avec l’impact que l’on connaît. Il faut dire que le film inaugural était d’une très belle efficacité, mais on ne pensait pas alors qu’il engendrerait une telle descendance puisqu’en dix ans, pas moins de neuf films ont été produits autour de cet univers partagé. Sur la totalité de ce corpus, fort peu de bonnes surprises si l’on excepte Annabelle 2 : la création du mal (David F. Sandberg, 2017) et La nonne (Corin Hardy, 2018) qui n’ont rien d’exceptionnel, mais qui remplissent aisément leur contrat.
Malheureusement, les autres rejetons toujours produits par James Wan n’ont eu de cesse de sonder le vide intersidéral de leur vacuité. A chaque fois, les mêmes recettes sont utilisées ad nauseam en confrontant des personnages au bon cœur à des entités maléfiques qui oublient au passage de tuer des gens. Car la constante de la saga est cette irritante tendance à épargner tous les protagonistes principaux et à épicer l’intrigue par la mort inutile de quelques personnages purement secondaires. Le tout au service d’un discours qui tient de la pure bondieuserie.
Dans la salle, personne ne vous entendra ronfler
Si La nonne premier du nom a su nous séduire par la réalisation habile du réalisateur britannique Corin Hardy dont on avait déjà beaucoup aimé Le sanctuaire (2015), la présence du cinéaste Michael Chaves aux commandes de La nonne : la malédiction de Sainte-Lucie (2023) n’était pas pour nous rassurer. Effectivement, le réalisateur a déjà commis deux autres films de l’univers Conjuring, à savoir les médiocres La Malédiction de la dame blanche (2019) et Conjuring : Sous l’emprise du Diable (2021).
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Ces deux œuvres nous avaient déjà laissé l’impression que le réalisateur était incapable de créer une ambiance anxiogène à l’écran. Il confirme avec son troisième essai cette incompétence notoire. Dans La nonne 2, rien ne fait vraiment peur, si ce n’est l’utilisation abusive de jump scares qui sont là pour faire mollement sursauter un public assoupi. Vu le rythme lambinant du film et l’inconséquence totale de son script, on peut parier que beaucoup dormiront durant la projection. Il aurait fallu amputer le métrage d’une bonne demi-heure afin de resserrer cette non-intrigue en une durée acceptable. L’ennui s’empare donc très rapidement du spectateur, persuadé d’avoir encore à supporter un sommet de vide. Et dans ce domaine, on n’est pas déçu.
La malédiction d’une franchise faiblarde
Michael Chaves est non seulement incapable de gérer la terreur, mais il se débrouille même pour faire passer son décor français pour factice… alors qu’une grande partie du film a effectivement été tourné en France. Jamais notre pays n’a autant ressemblé à un pays de l’Est européen et l’on ne se croit tout simplement jamais dans la France des années 50. Même en faisant abstraction de cette donnée, La nonne 2 peine tout simplement à proposer quelque chose de neuf dans un genre bien trop exploité depuis dix ans. On trouve bien une exception avec la jolie séquence où la nonne apparaît par le biais de multiples magazines qui se déplient, d’abord de manière aléatoire, puis en dessinant la forme de la figure démoniaque.
Ce sont donc quelques minutes à sauver dans un ensemble bien ennuyeux où les actrices et acteurs n’ont quasiment rien à défendre. Taissa Farmiga écarquille les yeux en permanence, Jonas Bloquet semble complètement à côté de la plaque. Et que dire de la séquence post-générique complètement hors de propos qui convoque à nouveau le couple Warren (Vera Farmiga et Patrick Wilson) pour annoncer une nouvelle mission en forme de teasing maladroit. Décidément, il serait temps d’arrêter les frais…
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 13 septembre 2023
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Biographies +
Michael Chaves, Patrick Wilson, Vera Farmiga, Taissa Farmiga, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Storm Reid, Anna Popplewell
Mots clés
La franchise Conjuring, Film de possession démoniaque, Film à la thématique religieuse