Les sept bérets rouges : la critique et le test DVD (1973)

Aventures, Guerre | 1h35min
Note de la rédaction :
5/10
5
Les sept bérets rouges, l'affiche de Les 7 bérets rouges

  • Réalisateur : Mario Siciliano
  • Acteurs : Ivan Rassimov, Sieghardt Rupp, Pamela Tudor, Kirk Morris, Arthur Brauss
  • Date de sortie: 01 Fév 1973
  • Nationalité : Italien, Allemand
  • Titre original : Sette baschi rossi
  • Titres alternatifs : The Seven Red Berets (USA) / Sieben dreckige Teufel (Allemagne) / Congo Hell (Grande-Bretagne) / Siete boinas rojas (Espagne) / Os Sete Boinas Vermelhas (Portugal)
  • Année de production : 1969
  • Scénariste(s) : Piero Regnoli, August Rieger
  • Directeur de la photographie : Gino Santini
  • Compositeur : Gianni Marchetti
  • Société(s) de production : Lisa-Film, Metheus Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Etoile Distribution
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : VIP (VHS), VIP-Proserpine (1988), Artus Films (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 3 novembre 2020 (DVD)
  • Box-office Paris-périphérie : 15 478 entrées
  • Budget : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Benjamin Mazure (DVD Artus)
  • Crédits : MovieTime - Artus Films
Note des spectateurs :

Pur film d’exploitation sacrément putassier, Les sept bérets rouges bénéficie d’une ambiance nauséabonde à la lisière du film d’horreur, mais se vautre aussi dans un propos réactionnaire dont on peine à saisir la pertinence.

Synopsis : Au Congo, dans la région de Simba, des soldats sont sauvagement massacrés par des rebelles qui leur dérobent des documents précieux. Seul survivant, le capitaine Brandt rejoint le Quartier Général. Son colonel décide alors de former une troupe de 7 mercenaires, dont un Français, un Irlandais, un Africain et un Allemand, avec pour mission de récupérer les documents.

Les douze salopards en ligne de mire

Critique : Producteur et scénariste dès le milieu des années 60, Mario Siciliano se spécialise très rapidement dans le cinéma d’exploitation populaire. Il a notamment produit des westerns comme Gringo joue sur le rouge (Cardone, 1966) et surtout Les colts de la violence (Cardone, 1966). Pourtant, désireux de passer à la vitesse supérieure, Mario Siciliano s’empare d’un script original de Piero Regnoli (célèbre pour avoir écrit Les vampires pour Riccardo Freda ou encore Navajo Joe pour Sergio Corbucci) et décide de le réaliser lui-même. Ainsi Les sept bérets rouges devient son tout premier long-métrage, lui qui en enchaînera une vingtaine jusqu’au début des années 80.

Sous influence évidente des Douze salopards (Aldrich, 1967), mais aussi de ses déclinaisons italiennes comme Les chiens verts du désert (Lenzi, 1967), Les sept bérets rouges (1969) nous propose de suivre une classique mission commando au cœur de l’Afrique noire. Coproduit par l’Allemagne – d’où la présence au casting de quelques acteurs germaniques – le long-métrage bénéficie d’un budget certes réduit, mais plutôt bien utilisé grâce à un tournage effectué en Erythrée. Ainsi, Mario Siciliano se régale à plonger ses acteurs dans des paysages aussi variés qu’originaux car rarement vus sur un grand écran. Il signe à l’aide de son chef opérateur Gino Santini quelques très beaux plans, profitant de la magnificence des paysages africains pour donner un certain cachet à son film.

Les 7 bérets rouges de Mario Siciliano, en VHS, chez Proserpine

© VIP Vidéocassette / Proserpine

Au croisement entre film de guerre, mondo et film de cannibales

Cela lui permet notamment de compenser l’absence de scénario. Ecrit sur un ticket de métro, ce dernier se contente d’envoyer en mission un groupe d’hommes (et une femme) chargés de récupérer des documents dont les auteurs semblent se moquer totalement. Ils ne cherchent même pas à justifier cette mission par une quelconque explication et préfèrent se jeter à corps perdu dans l’action pure et dure. Même rapidité d’écriture en ce qui concerne les personnages, tous tracés à grands traits. Souvent réduits à des archétypes, voire à des caricatures, ils représentent différents aspects de l’humanité. Cela va du raciste intégral incarné par Arthur Brauss jusqu’au guide nihiliste et désabusé campé avec autorité par Ivan Rassimov.

Pur film d’exploitation, Les sept bérets rouges ne s’embarrasse jamais de subtilité et anticipe par moments le cinéma horrifique des années 70-80 et notamment ces films de cannibales qui ont pullulé sur les écrans. Parfois proche du film d’horreur, le métrage de Mario Siciliano peut également être rapproché du film mondo (faux documentaires aux commentaires souvent racistes qui ont fleuri dès le milieu des années 60 en Italie). Effectivement, le cinéaste tente de décrire l’Afrique noire comme une terre hostile où tout est danger pour l’homme blanc.

Une vision de l’Afrique teintée de racisme

On a d’ailleurs du mal à saisir son point de vue à travers ce premier film tendancieux. Effectivement, le réalisateur multiplie les remarques racistes, sexistes et réactionnaires avec une constance qui frise l’indécence – et peut amuser au quinzième degré. Son insistance à décrire les massacres orchestrés par les Blancs sur les populations locales, avec un voyeurisme assez déplaisant d’ailleurs, peut être interprétée à la fois comme une critique du colonialisme ou bien comme un simple mépris affiché envers les populations autochtones. Difficile de s’y retrouver, d’autant que le personnage principal joué par Rassimov est un nihiliste qui semble revenu de tout et crache sa bile sur l’ensemble de l’humanité. On optera donc pour un point de vue misanthrope, tout en signalant un goût assez particulier du cinéaste pour les plans putassiers et les ambiances nauséabondes.

Malgré une absence certaine de script, Siciliano est parvenu à livrer un film au rythme soutenu qui évite l’ennui. Il est aidé par une belle partition musicale de Gianni Marchetti qui a utilisé un harmonica de manière originale et séduisante. Enfin, signalons que la plupart des séquences de fusillades et de massacres sont dotées d’une réelle efficacité. Reste que l’ensemble pâtit d’un manque de finesse évident et d’un discours franchement douteux qui risque d’en choquer plus d’un de nos jours.

Les 7 bérets rouges de Mario Siciliano, en VHS, chez VIPUn long-métrage dont des scènes entières ont servi pour Ecorchés vifs

Sorti tardivement en France en 1973, Les sept bérets verts n’a fait qu’un court passage dans nos salles, avant de disparaître de la circulation pendant longtemps. Cela n’a pas empêché Mario Siciliano de récidiver dans le genre avec un autre film de commando intitulé Les sept de Marsa Matruh (1970). Puis, en bon artisan du bis, il a ensuite réalisé Ecorchés vifs (1978) où il a carrément repris une partie des séquences des Sept bérets rouges pour livrer un nouveau film à moindre frais. On nage donc bien ici dans les eaux parfois saumâtres du cinéma d’exploitation.

Critique de Virgile Dumez

Box-office :

Les 7 bérets rouges trouvent symboliquement 7 cinémas parisiens pour sa sortie le 1er février 1973. Le film d’exploitation italien était présent aux Mac-Mahon, Concordia, Barbizon, St-Antoine, Gloria, à la Cigale, et dans un cinéma de périphérie, pour un total insuffisant de 15 478 spectateurs. Il sera retiré de l’affiche à l’issue de cette première semaine ingrate. La même semaine, le western Et viva la révolution de Duccio Tessari, avec Franco Nero, en affichait 7 455 sur 4 cinémas, pour sa première semaine également. Ce dernier, proposé par une major (Fox/Lira) poursuivra son exploitation sur la capitale.

Le test DVD :

Les sept bérets rouges, la jaquette DVD

© 1969 MovieTime – Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Artus Films ose sortir un pur film d’exploitation qui bat en brèche la notion de politiquement correct. On salue l’initiative, d’autant que la copie est de bonne qualité. Le test a été effectué à partir du produit définitif.

Compléments & packaging : 3 / 5

Le DVD est présenté dans un boîtier classique, avec la même esthétique vert kaki que le reste de la collection « guerre » de l’éditeur. Au niveau des bonus vidéo, on trouve ici un diaporama et surtout une intervention de Curd Ridel de 34min. Le spécialiste du western et du cinéma d’exploitation italien revient en détail sur les carrières respectives du réalisateur et des différents acteurs. Si l’on apprécie toujours le sens du détail de l’intervenant, on peut tout de même regretter qu’il ne se livre jamais à la moindre analyse du long-métrage, ni à aucune mise en perspective de l’œuvre au sein de l’exploitation italienne. L’ensemble est toujours intéressant, mais sans doute trop factuel.

L’image : 4 / 5

Si l’on omet un générique très abîmé, dont on se demande si les plans de paysages ne sont pas issus de stock-shots, Les sept bérets rouges est proposé par l’éditeur dans une copie très correcte et qui utilise au mieux les possibilités (et donc les limites) du support SD. La copie est lumineuse, avec un léger grain cinéma respecté et peu d’accrocs, voire pas du tout. La définition est également bonne, encore une fois dans la limite de ce que peut offrir le support DVD. Bref, il s’agit assurément d’une bonne pioche.

Le son : 4 / 5

L’éditeur nous offre deux pistes sonores (VF et VOSTF) en mono. Les deux sont marquées par la présence d’un léger souffle, mais on peut préférer la version originale, plus naturelle et offrant une meilleure présence à la belle musique de Marchetti. On notera que, contrairement à d’habitude, certains dialogues très épicés en VO ont été édulcorés en français. Cela risque tout de même de choquer plus d’une oreille chaste tant les dialogues font dans le racisme le plus primaire.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 31 janvier 1973

Acheter le DVD sur le site de l’éditeur 

Les éditions Artus sur CinéDweller

Les sept bérets rouges, l'affiche de Les 7 bérets rouges

© 1969 MovieTime – Artus Films. Tous droits réservés.

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