Les Ripoux : la critique du film et le test blu-ray (1984)

Comédie policière, Buddy movie, Comédie | 1h47min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Les ripoux, l'affiche

Note des spectateurs :

Les ripoux, énorme succès du cinéma français est une charmante comédie entièrement fondée sur un script accrocheur et des acteurs charismatiques. La réalisation, elle, est en berne.

Synopsis : René est inspecteur de police dans le 18ème arrondissement de Paris. Depuis des années, il tient son quartier à coups de combines. François jeune inspecteur fraîchement diplômé et droit comme la justice est le nouveau partenaire de René. La cohabitation s’annonce difficile…

Un script inspiré par les anecdotes d’un ancien policier

Critique : Quand à Cannes, en 1983, Claude Zidi rencontre l’ancien flic Simon Michaël, il est immédiatement conquis par les multiples anecdotes croustillantes que celui-ci raconte à propos de son ancien métier, notamment à propos d’une bande de flics ripoux (pour pourri en verlan) qui sévissait dans son service.

A partir de là, Zidi et son compère dialoguiste Didier Kaminka se mettent au travail pour signer une comédie de mœurs qui n’aurait pas pour vocation d’aligner des gags à la chaîne, mais bien de dresser le portrait amusé d’un boulot (celui de flic) tout en l’inscrivant dans une réalité moderne tangible (le quartier très métissé de Barbès). Jusque-là grand spécialiste de la comédie populaire où le script est moins important que l’immédiate efficacité des gags, Claude Zidi s’oriente donc vers une forme de comédie plus fine et aboutie, ce qui lui a valu d’ailleurs ses premières bonnes critiques à l’époque.

Des acteurs formidables, à l’alchimie parfaite

Il faut dire que le quotidien de ces flics ripoux est porté par un script particulièrement bien écrit, notamment dans ses dialogues qui touchent juste à tous les coups. On apprécie également le côté amoral de cette histoire qui voit triompher la corruption, avec l’entière complicité du spectateur, absolument ravi que ces flics peu recommandables s’en sortent. Il fallait tout de même oser montrer des policiers boire, se droguer et devenir des truands dans une comédie destinée au grand public.

Pour que le film fonctionne, il lui fallait également un casting impeccable. Philippe Noiret est tout bonnement magnifique dans un rôle taillé sur mesure pour lui. A la manière d’un Gabin, il en fait des tonnes pour imposer son personnage de vieux ripoux apôtre de la mauvaise foi et des coups fourrés. Face à lui, Zidi a tablé sur la confrontation avec la jeune génération du café-théâtre en la personne de Thierry Lhermitte. Celui-ci compose un personnage d’abord sévère, puis peu à peu gagné par le démon de l’argent facile avec une verve truculente qui le met à jeu égal avec son partenaire. A côté de ce duo imparable, Zidi a également soigné ses seconds rôles : de Julien Guiomar, absolument irrésistible en commissaire drogué, à Grace de Capitani en passant par Régine, tout le monde s’acquitte de sa tâche avec ferveur et implication.

Un triomphe public relayé par des récompenses assez surréalistes aux César

Finalement, le seul véritable défaut de ces Ripoux vient de la réalisation de Zidi. Trop occupé à laisser le champ libre à ses acteurs, le cinéaste en oublie d’investir le champ technique pour s’affranchir des codes télévisuels. Aucun plan ne vient vraiment relever le niveau et même la photographie apparaît encore aujourd’hui bien plate au regard des possibilités offertes par un tel script.

Cela n’a pourtant pas empêché le long-métrage de recevoir – de manière totalement surréaliste – le César du Meilleur Film français en 1985, tandis que, bien plus étonnant encore, Claude Zidi a été honoré du César du Meilleur Réalisateur. Le script et les acteurs, cela passe encore, mais pourquoi donc tant d’honneurs ? Au final, Les ripoux s’est placé deuxième du box-office de l’année 1984 avec 5 882 397 entrées. Une performance qui permettra de mettre en chantier une première suite tardive en 1990, puis une deuxième complètement à côté de la plaque en 2003.

Sorties de la semaine du 19 septembre 1984

Les ripoux, l'affiche

© 1984 Films 7 / Illustrateur : Patrick Claeys / Affiche :

Le blu-ray

Cette édition de Les Ripoux, sortie en 2014 demeure sympathique malgré le peu d’apport de la HD sur un tel produit.

Compléments : 1.5 / 5

Les Ripoux en blu-ray (2014), cover & jaquette

© 1984 Films 7 – Pathé vidéo

Un seul supplément (24mn), par ailleurs très sympathique, permet au réalisateur Claude Zidi et au scénariste Simon Michaël de revenir sur leur collaboration au scénario. Tandis que le premier évoque ses bons rapports avec l’ensemble du casting et son étonnement face aux multiples récompenses glanées aux César, le second confirme la véracité de certaines anecdotes entendues ou vues dans le long-métrage. On aurait quand même aimé retrouver la bande-annonce d’époque et quelques interventions de certains acteurs encore vivants.

Image : 2.5 /5

L’image retravaillée en HD n’apporte pas d’éclat particulier au film qui demeure assez faible sur le plan visuel et technique. Claude Zidi ne jouant pas sur la profondeur de champ et livrant généralement des plans assez plats, la HD n’a pas vraiment d’intérêt et ne parvient aucunement à rehausser le niveau du long-métrage. La définition est pourtant correcte et le grain cinéma plutôt agréable.

Son : 3.5 /5

Même s’il est labellisé DTS HD Master Audio, le son n’est proposé que dans un mono d’origine assez étriqué, notamment au niveau des ambiances. Par contre, il faut lui reconnaître une très grande clarté en ce qui concerne les voix des acteurs et c’est finalement ce qui compte le plus pour une telle œuvre.

Critique et test blu-ray  de Virgile Dumez

Box-office :

Analyse d’un phénomène

Quand Zidi sort Les ripoux, le 19 septembre 1984, “le roi des gags” Claude Zidi sort de succès burlesques comme Inspecteur la Bavure et Banzaï, mais aussi Les sous-doués et son sequel. Quatre triomphes. Son buddy cop movie, tourné dans le XVIIIe arrondissement de Paris, sans pour autant être un virage à 90°, sera le film le plus sérieux de son répertoire jusqu’alors. Le pari était risqué alors que le potache Police Academy triomphait le même mois, qu’Indiana Jones et le temple maudit le précédait d’une semaine. Zidi devait même affronter une Palme d’or placée le jour de sa sortie, en l’occurrence Paris, Texas de Wenders.

Le virage risqué de Claude Zidi dans une comédie plus mâture

Dans son 15e long métrage, Zidi confronte deux différentes générations d’acteurs. D’un côté celle de Régine et Philippe Noiret, de l’autre celle de Lhermitte et Grace de Capitani. La chanteuse Régine revenait d’une pause cinéma et Noiret n’était a priori pas forcément porté sur le cinéma de Zidi dont il reconnaissait au moins la qualité de plaire au grand public faute d’avoir eu le courage de voir ses comédies populaires.

Le mariage des générations et la cartographie d’un Paris populaire va faire mouche au cinéma.

Dans 48 salles sur Paname, le film propulsé par AMLF (donc Pathé, aujourd’hui), réalise 13 194 entrées, un premier jour presque discret à côté des 12 474 spectateurs de Paris, Texas qui aurait pu pâtir de ses 20 écrans de moins ! Mais, pour Les ripoux, qu’importe la première journée, en une semaine, il réalise 132 173 entrées et se positionne fièrement derrière le phénomène de Steven Spielberg qui entame sa deuxième semaine. Les ripoux démarre alors une carrière extraordinaire, au bouche-à-oreille qui le conduira au-delà des 60 semaines à l’affiche, fortement aidée par les deux César inespérés en cours de route (Meilleur film, Meilleur réalisateur). La comédie urbaine aux truculents dialogues restera plus d’un an et demi à l’affiche, touchera près de 6 millions de Français dont 1 600 000 Parisiens à une époque où l’intérêt des Français commençait à se tourner vers les blockbusters yankees.

Les Ripoux, box-office première semaine

Copyrights Le Film Français – extrait du numéro du 28 septembre 1984

Les Ripoux restera plus de 60 semaines à l’affiche

Sur les deux premières semaines, l’intérêt est surtout parisien. Les 15 plus grandes villes françaises donnent l’avantage à Paris, Texas ou Top secret des ZAZ, peut-être sont-elles un peu rebutées par le cadre parisien. Mais Les ripoux est là pour rester dans le top 10  de très nombreux mois. Après les César et durant l’été 1985, la province se rattrapera.

En 2e semaine parisienne, le film se maintient à 119 658 entrées et dépasse déjà les 251 000 spectateurs. 104 470 (3e), 87 954 (4e), 70 409 (5e) et voilà maintenant le film au-dessus du demi-million parisien. 65 597 (6e), 57 086 (7e), 41 751 (8e), 27 316 (9e), désormais, c’est la barre des 700 000 qui est dépassée sur la capitale. En fin d’année et donc en 14e semaine, Les ripoux est toujours bien présent, à 14 596 entrées, il dépasse désormais les 801 515 spectateurs. Personne ne peut alors deviner qu’il n’en est qu’à la moitié de sa carrière.

Un effet César historique

En 18e semaine, Les ripoux semble enfin à bout de souffle et descend sous la barre des 10 000 hebdomadaires sur Paris : 9 532 entrées dans 5 salles, plus aucun cinéma en périphérie, 853 234 entrées. Les grandes villes de province l’ont abandonné. Le Zidi reste encore quelques semaines à osciller entre les 9 000 et les 10 000 entrées. Sur ce rythme, en 23e semaine, toujours dans 6 salles, il dépasse les 12 000 places vendues et un total formidable de 900 000 tickets.

Lors de la 10e nuit des César, tout va changer pour Lhermitte et Noiret. Leur collaboration est couronnée des César ultime : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur. En quelques jours, Les ripoux, qui est passé à 11 salles, monte à 32 856 entrées en 24e semaine et réintègre le Top 10. En Province, où le film avait un certain retard, c’est une révélation, le film ré-entre dans le top 5…

Affiche 4X3 de Les Ripoux, rare, archives de Frédéric Mignard

© 1984 Films 7 / Illustrateur : Patrick Claeys

Quand Zidi occupe la première et la deuxième place du box-office…

Une semaine après les César, Les Ripoux est millionnaire sur la capitale (25e semaine) et a séduit un peu plus de 2 600 000 spectateurs sur la France à la fin du mois de février. Pour Zidi, c’est la deuxième fois de sa carrière qu’il parvient à cet exploit sur la capitale, où seul L’aile ou la cuisse, aidé par la présence de Louis de Funès, avait franchi la barre symbolique du million. L’effet César est particulièrement impressionnant, puisque durant cette 25e semaine, avec 32 salles, le film repasse à 98 866 entrées sur P.P. et se positionne en 2e place derrière une comédie burlesque réalisée par… Claude Zidi, Les rois du Gag. Celui-ci est numéro 1 avec 167 491 entrées, porté par le nom du cinéaste qui est sur toutes les bouches, mais aussi la présence de Lhermitte, Serrault et Coluche. Toutefois, ce 16e film sera in fine un échec en raison de critiques assassines et d’un bouche-à-oreille impitoyable. Qu’importe, Les Ripoux épongera les pertes.

Pour la 26e semaine des Ripoux, Les spécialistes de Leconte, avec Giraudeau et Lanvin, fait des remous. C’est incontestablement l’événement médiatique et commercial du printemps, avec 408 125 entrées dans 67 salles pour son lancement parisien. De ce fait Les rois du gag s’écroule, mais pas Les ripoux qui double le nouveau Zidi avec 84 334 retardataires. Dans 37 cinémas parisiens en 27e semaine, le film de flics pourris enchante encore 69 000 spectateurs contre 39 000 pour son successeur qui est pourtant présent sur 48 sites. En province, Les ripoux rattrape peu à peu Amadeus et Marche à l’ombre, sorti après lui, durant l’automne 84, et aux triomphes plus attendus. Les ripoux repassera sous la barre des 10 000 sur “la Francilie” en 37e semaine, avec 8 431 entrées dans 11 cinémas. Les rois du gag n’est alors même plus à l’affiche, taxé d’accident industriel.

Près d’un an après sa sortie, en 49e semaine, soit à la fin de l’été 1985, Les ripoux rayonne encore : 12 437 amateurs de comédies policières pour un total de 1 603 829 poulets. De façon surréaliste, Noiret et Lhermitte sont toujours dans le top 10 en province. La France s’est peu à peu accaparée le phénomène avec 5 883 397 spectateurs en fin de carrière contre 1 672 813 pour Paris-périphérie.

En 1990, Ripoux contre Ripoux, la suite, réalisera 2 917 115 spectateurs sur l’ensemble du territoire. Ringardisé, en 2003, le tandem comique peine à satisfaire la demande avec Les ripoux 3 qui floppe à  804 737 spectateurs. Fair play, Claude Zidi se voit contraint de prendre sa retraite cinématographique en tant que réalisateur. Les passages télé de ses nombreux succès populaires lui permettront de rester un cinéaste d’affluence et d’influence.

Frédéric Mignard

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Les ripoux, l'affiche

Bande annonce de Les Ripoux

Comédie policière, Buddy movie, Comédie

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