Les ripoux, énorme succès du cinéma français est une charmante comédie entièrement fondée sur un script accrocheur et des acteurs charismatiques. La réalisation, elle, est en berne.
Synopsis : René est inspecteur de police dans le 18ème arrondissement de Paris. Depuis des années, il tient son quartier à coups de combines. François jeune inspecteur fraîchement diplômé et droit comme la justice est le nouveau partenaire de René. La cohabitation s’annonce difficile…
Un script inspiré par les anecdotes d’un ancien policier
Critique : Quand à Cannes, en 1983, Claude Zidi rencontre l’ancien flic Simon Michaël, il est immédiatement conquis par les multiples anecdotes croustillantes que celui-ci raconte à propos de son ancien métier, notamment à propos d’une bande de flics ripoux (pour pourri en verlan) qui sévissait dans son service.
A partir de là, Zidi et son compère dialoguiste Didier Kaminka se mettent au travail pour signer une comédie de mœurs qui n’aurait pas pour vocation d’aligner des gags à la chaîne, mais bien de dresser le portrait amusé d’un boulot (celui de flic) tout en l’inscrivant dans une réalité moderne tangible (le quartier très métissé de Barbès). Jusque-là grand spécialiste de la comédie populaire où le script est moins important que l’immédiate efficacité des gags, Claude Zidi s’oriente donc vers une forme de comédie plus fine et aboutie, ce qui lui a valu d’ailleurs ses premières bonnes critiques à l’époque.
Des acteurs formidables, à l’alchimie parfaite
Il faut dire que le quotidien de ces flics ripoux est porté par un script particulièrement bien écrit, notamment dans ses dialogues qui touchent juste à tous les coups. On apprécie également le côté amoral de cette histoire qui voit triompher la corruption, avec l’entière complicité du spectateur, absolument ravi que ces flics peu recommandables s’en sortent. Il fallait tout de même oser montrer des policiers boire, se droguer et devenir des truands dans une comédie destinée au grand public.
Pour que le film fonctionne, il lui fallait également un casting impeccable. Philippe Noiret est tout bonnement magnifique dans un rôle taillé sur mesure pour lui. A la manière d’un Gabin, il en fait des tonnes pour imposer son personnage de vieux ripoux apôtre de la mauvaise foi et des coups fourrés. Face à lui, Zidi a tablé sur la confrontation avec la jeune génération du café-théâtre en la personne de Thierry Lhermitte. Celui-ci compose un personnage d’abord sévère, puis peu à peu gagné par le démon de l’argent facile avec une verve truculente qui le met à jeu égal avec son partenaire. A côté de ce duo imparable, Zidi a également soigné ses seconds rôles : de Julien Guiomar, absolument irrésistible en commissaire drogué, à Grace de Capitani en passant par Régine, tout le monde s’acquitte de sa tâche avec ferveur et implication.
Un triomphe public relayé par des récompenses assez surréalistes aux César
Finalement, le seul véritable défaut de ces Ripoux vient de la réalisation de Zidi. Trop occupé à laisser le champ libre à ses acteurs, le cinéaste en oublie d’investir le champ technique pour s’affranchir des codes télévisuels. Aucun plan ne vient vraiment relever le niveau et même la photographie apparaît encore aujourd’hui bien plate au regard des possibilités offertes par un tel script.
Cela n’a pourtant pas empêché le long-métrage de recevoir – de manière totalement surréaliste – le César du Meilleur Film français en 1985, tandis que, bien plus étonnant encore, Claude Zidi a été honoré du César du Meilleur Réalisateur. Le script et les acteurs, cela passe encore, mais pourquoi donc tant d’honneurs ? Au final, Les ripoux s’est placé deuxième du box-office de l’année 1984 avec 5 882 397 entrées. Une performance qui permettra de mettre en chantier une première suite tardive en 1990, puis une deuxième complètement à côté de la plaque en 2003.
Sorties de la semaine du 19 septembre 1984
Le blu-ray
Cette édition de Les Ripoux, sortie en 2014 demeure sympathique malgré le peu d’apport de la HD sur un tel produit.
Compléments : 1.5 / 5
Un seul supplément (24mn), par ailleurs très sympathique, permet au réalisateur Claude Zidi et au scénariste Simon Michaël de revenir sur leur collaboration au scénario. Tandis que le premier évoque ses bons rapports avec l’ensemble du casting et son étonnement face aux multiples récompenses glanées aux César, le second confirme la véracité de certaines anecdotes entendues ou vues dans le long-métrage. On aurait quand même aimé retrouver la bande-annonce d’époque et quelques interventions de certains acteurs encore vivants.
Image : 2.5 /5
L’image retravaillée en HD n’apporte pas d’éclat particulier au film qui demeure assez faible sur le plan visuel et technique. Claude Zidi ne jouant pas sur la profondeur de champ et livrant généralement des plans assez plats, la HD n’a pas vraiment d’intérêt et ne parvient aucunement à rehausser le niveau du long-métrage. La définition est pourtant correcte et le grain cinéma plutôt agréable.
Son : 3.5 /5
Même s’il est labellisé DTS HD Master Audio, le son n’est proposé que dans un mono d’origine assez étriqué, notamment au niveau des ambiances. Par contre, il faut lui reconnaître une très grande clarté en ce qui concerne les voix des acteurs et c’est finalement ce qui compte le plus pour une telle œuvre.