Les compagnons de la marguerite : la critique du film (1967)

Comédie | 1h30min
Note de la rédaction :
7/10
7
Les compagnons de la marguerite, l'affiche

Note des spectateurs :

Comédie impertinente particulièrement bien écrite, Les compagnons de la marguerite fait partie des réussites de Jean-Pierre Mocky. Drôle, cocasse et audacieux.

Synopsis : Matouzec est restaurateur de manuscrits anciens à la Bibliothèque nationale. Il se découvre bien vite un talent de faussaire et se plait à falsifier des documents d’état civil. Il fonde une société secrète permettant à des couples malheureux de faire disparaitre les preuves de leurs mariages.

Le mariage : nouvelle cible du trublion Jean-Pierre Mocky

Critique : Après plusieurs succès d’affilée dans le domaine de la comédie impertinente (Un drôle de paroissien, La grande frousse, La bourse et la vie), Jean-Pierre Mocky revient en 1967 avec Les compagnons de la marguerite qu’il écrit comme toujours en collaboration avec Alain Moury. Ici, Mocky trouve un nouvel angle d’attaque contre la société de son époque, après avoir réglé son compte à l’Eglise dans Un drôle de paroissien et avant de s’en prendre à la télévision dans La grande lessive (!).

Les compagnons de la marguerite, jaquette DVD

© 1967 Mocky Delicious Products / © ESC Editions. Tous droits réservés.

De manière ingénieuse, Mocky nous conte les aventures d’un restaurateur de documents anciens qui se découvre un véritable talent de faussaire. Dès lors, Mocky imagine les multiples possibilités offertes à cet homme qui s’ennuie dans son existence de petit fonctionnaire affublé d’une femme frigide uniquement intéressée par les programmes télévisés. Le faussaire de génie, grâce à son talent, parvient à modifier les écritures des registres de l’état civil. Il peut dès lors annuler des mariages, ou au contraire en créer de nouveaux. Il lui est également possible d’effacer l’existence d’une personne en la rayant définitivement de l’état civil.

La police ridiculisée de bout en bout

Sur cette idée initiale plutôt marrante, Mocky peut dérouler son cortège d’obsessions et de récriminations vis-à-vis d’une société française terriblement normative. Il milite ainsi pour l’union libre, voire même la polygamie et il précède en cela les revendications qui ont éclaté au cours du mois de mai 68. Au passage, le cinéaste s’en prend à toutes les institutions qu’il a en horreur. Première cible du trublion, la police en prend encore pour son grade dans ce long-métrage qui la ridiculise de bout en bout.

Opposé à toute forme d’oppression liberticide, Mocky caricature les policiers avec malice et bonheur. On adore notamment cette image des poulets qui tirent sur des pigeons pour les faire frire, comme au temps des restrictions de la Seconde Guerre mondiale. Au cœur de l’intrigue policière, Francis Blanche incarne à merveille ce policier farouchement dévoué à sa mission, au point qu’il y perdra tout, de sa femme à son identité. Le comédien est clairement le moteur comique du film, lui qui n’hésite pas à se ridiculiser, notamment lorsqu’il enfile une robe de mariée pour effectuer une planque.

Des acteurs savoureux, servis par des dialogues inspirés

Aidé par des acteurs particulièrement bien servis comme Michel Serrault, Roland Dubillard, Jean Tissier ou encore Michael Lonsdale, Les compagnons de la marguerite (1967) a permis à Claude Rich de se retrouver en haut de l’affiche. Pourtant, si son rôle de doux rêveur est indispensable à la mécanique narrative, il n’est en aucun cas le moteur comique du film. Il incarne en quelque sorte l’utopie anarchiste qui se dessine derrière les situations et autres quiproquos du script.

Réalisé avec soin, dynamisé par des dialogues facétieux et affublé d’une musique enjouée de Gérard Calvi, Les compagnons de la marguerite souffre toutefois d’une fin assez peu convaincante et qui sonne comme un aveu d’impuissance à boucler une histoire délirante. Mais cela importe peu finalement tant le spectateur aura passé un bon moment en compagnie de toute cette troupe de joyeux lurons qui s’amusent à tordre le cou aux idées reçues, avec un mauvais esprit que l’on valide pleinement.

Sortie au mois de janvier 1967, la comédie n’a clairement pas rencontré le succès escompté. Peut-être est-ce dû au manque de notoriété de Claude Rich auprès du grand public, ou bien de son attaque en règle contre l’institution du mariage dans une France encore très largement conformiste ? En tout cas, le long-métrage ne rassemble que 521 340 échangistes sur tout le territoire national, ce qui en fait l’une des plus grosses déceptions de Mocky durant les années 60. Pourtant, aujourd’hui, le film peut trôner fièrement aux côtés de ses plus grandes réussites en matière de comédie impertinente.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 janvier 1967

Les compagnons de la marguerite, l'affiche

© 1967 Mocky Delicious Products / Illustrateur : Paul Marty. Tous droits réservés.

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