Les cavaliers : la critique du film et le test du Mediabook (1959)

Film de guerre, Historique, Aventures, Western | 2h00min
Note de la rédaction :
8/10
8
Les cavaliers, l'affiche du film de John Ford

  • Réalisateur : John Ford
  • Acteurs : William Holden, John Wayne, John Ford, Constance Towers, Judson Pratt
  • Date de sortie: 30 Sep 1959
  • Année de production : 1959
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Horse Soldiers
  • Titres alternatifs : Der letzte Befehl (Allemagne) / De tappras väg (Suède) / Misión de audaces (Espagne) / Os Cavaleiros (Portugal) / Konnica (Pologne) / Den blå brigade (Norvège) / Marcha de valientes (Mexique) / Soldati a cavallo (Italie) / Lovaskatonák (Hongrie) / Ratsuväen urhot (Finlande) / Marcha de Heróis (Brésil)
  • Casting intégral : John Wayne, William Holden, Constance Towers, Judson Pratt, Hoot Gibson, Ken Curtis, Willis Bouchey, Bing Russell, O.Z. Whitehead, Hank Worden, Chuck Hayward, Denver Pyle, Strother Martin, Basil Ruysdael, Carleton Young, William Leslie, William Henry, Walter Reed, Anna Lee, William Forrest, Ron Hagerthy, Russell Simpson, Althea Gibson, David Ahdar (non crédité), Sarge Allen (non crédité), Gertrude Astor (non crédité), Bill Borzage (non crédité), Danny Borzage (non crédité), Gordon Carveth (non crédité), Jack Clinton (non crédité), Otis Courville (non crédité), Jane Crowley (non crédité), Richard H. Cutting (non crédité), Duke Fishman (non crédité), John Ford (non crédité), Donald Foster (non crédité), John George (non crédité), Helen Gereghty (non crédité), Helen Gibson (non crédité), Fred Graham (non crédité), Sam Harris (non crédité), Stuart Holmes (non crédité)
  • Scénaristes : John Lee Mahin, Martin Rackin
  • D'après une oeuvre de : Harold Sinclair
  • Monteur : Jack Murray
  • Directeur de la photographie : William H. Clothier
  • Compositeur : David Buttolph
  • Chef Maquilleur : Web Overlander
  • Décorateur de plateau : Victor A. Gangelin
  • Directeur artistique : Frank Hotaling
  • Producteurs : John Lee Mahin, Martin Rackin
  • Producteur exécutif : Walter Mirisch
  • Sociétés de production : The Mirisch Corporation, Mahin-Rackin
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Distributeur reprise : Théâtre du Temple / Action Cinémas
  • Date de sortie reprise : 29 août 2007
  • Editeurs vidéo : MGM / UA Home Vidéo (VHS, 1994, 1999) / Fox Pathé Europa (VHS, 2001) / MGM / United Artists (DVD, 2004, 2006) / MGM / United Artists (blu-ray, 2011 et 2012) / Rimini Editions (Mediabook, 2024)
  • Dates de sortie vidéo : 1994 (VHS) / 1999 (VHS) / 2001 (VHS) / 6 avril 2004 (DVD) / 1er mars 2006 (DVD) / 15 juin 2011 (blu-ray) / 4 janvier 2012 (blu-ray) / 6 novembre 2024 (Mediabook)
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 753 346 entrées / 386 355 entrées (chiffres avant la reprise de 2007)
  • Box-office nord-américain : 1 753 526 $ (soit 18 960 000 $ au cours de 2024)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur/Création graphique : © Koemzo Artwork (jaquette Mediabook). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

D’une belle acuité psychologique et d’un humanisme souvent bouleversant, Les cavaliers est assurément l’un des plus beaux films sur la guerre de Sécession et un grand John Ford, malgré sa piètre réputation. Une œuvre à réhabiliter pour sa pertinence.

Synopsis : Une troupe de soldats de l’Union prend la route vers le Sud dans l’intention de détruire une ligne de chemin de fer à Newton Station. La section est menée par le rude Colonel Marlowe et un médecin-major à qui tout l’oppose. Une belle sudiste est forcée d’accompagner les soldats dans ce qui va devenir la mission la plus difficile et la plus meurtrière de la guerre civile américaine…

Les cavaliers, une vision très équilibrée de la guerre de Sécession

Critique : Alors que John Ford a déjà livré un nombre conséquent d’œuvres westerniennes majeures (dont La prisonnière du désert en 1956) et qu’il sort tout juste de l’évocation de la vie politique américaine avec l’excellent La dernière fanfare (1958) porté par Spencer Tracy, il retrouve une nouvelle fois son acteur fétiche John Wayne pour une plongée dans la guerre de Sécession à la suite de la cavalerie yankee.

A partir de ce sujet qui pouvait donner lieu à de furieux élans patriotiques visant à vanter les vertus de la cavalerie et des valeurs militaires, John Ford est parvenu à signer un petit bijou d’équilibre. Grâce à un excellent scénario de John Lee Mahin (le Scarface d’Howard Hawks en 1932) et de Martin Rackin (La femme à abattre de Raoul Walsh en 1951), le réalisateur brosse un portrait très nuancé de la situation politique durant la période trouble de la guerre de Sécession.

Un tournage proprement infernal

Pourtant, le tournage des Cavaliers (1959) ne fut pas de tout repos pour le cinéaste qui souhaitait modifier le script au fur et à mesure des prises de vues, au grand dam des auteurs se sentant trahis. Pire, les deux acteurs principaux, John Wayne et William Holden, pourtant payés rubis sur l’ongle, ont fait preuve de beaucoup de mauvaise volonté sur le plateau. Effectivement, le premier était déjà accaparé par les préparatifs de sa fresque Alamo (John Wayne, 1960), tandis que le second buvait plus que de raison durant cette période, au point qu’il a réussi à débaucher le Duke pour l’accompagner dans ses beuveries sans fin. Par ailleurs, John Ford se sent en infériorité par rapport aux deux stars, sensation qu’il déteste au plus haut point.

Les cavaliers, photo 1

© 1959 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Enfin, dans les derniers jours du tournage en extérieurs, un drame terrible frappe la production des Cavaliers puisque le cascadeur et acteur Fred Kennedy, par ailleurs compagnon de route de Ford depuis des décennies, décède à la suite d’une chute de cheval mal maîtrisée. L’homme se brise littéralement le cou et meurt dans les bras de l’actrice Constance Towers, bouleversée par ce drame atroce. Dès ce moment, John Ford se désintéresse grandement d’une œuvre qu’il considère comme maudite et il en expédie notamment les scènes d’action qu’il redoute de tourner.

Les cavaliers est une superbe leçon d’humanisme

Malgré ces conditions de tournage assez compliquées, voire tragiques, Les cavaliers n’en demeure pas moins une œuvre passionnante par sa capacité à se jouer des clichés et des stéréotypes. Au lieu de succomber comme bon nombre de ses confrères à la facilité d’opposer sommairement les deux camps unioniste et confédéré, Ford choisit plutôt d’insister sur l’absurdité d’un conflit qui touche une seule et même nation.

Même s’il a souvent recours à l’humour, Ford parvient toujours à humaniser ses personnages, et ceci malgré un temps de présence à l’écran parfois peu important. Il lui suffit d’un regard ou d’un geste pour donner à chaque protagoniste une identité propre échappant aux stéréotypes en usage habituellement. Ainsi, le personnage de militaire bourru incarné avec autorité par John Wayne trouve une certaine rédemption auprès du spectateur lorsque l’on découvre l’origine de son antagonisme avec le médecin. De même, la jeune femme sudiste (excellente Constance Towers en mode Scarlett O’Hara) se dote d’un visage plus humain au cours du temps, alors qu’elle apparaissait au début comme une peste irritante. Même les figures secondaires bénéficient d’un traitement bienveillant de la part d’un réalisateur au propos humaniste.

Un faux film de guerre, et encore moins un western

Loin de valoriser l’effort guerrier, Les cavaliers insiste sur le prix à payer lors d’un conflit. Il montre par exemple comment les mères de famille tentent désespérément de retenir leurs garçons à la maison de peur de les perdre à jamais. Cette attention de chaque instant envers la vérité humaine du conflit fait tout le prix de ce faux western et faux film de guerre qui tient moins à multiplier les exploits spectaculaires qu’à conter avec beaucoup d’humanité le drame qu’est forcément une guerre civile.

Les cavaliers, photo 2

© 1959 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Malgré la justesse de ce point de vue sur la guerre, Les cavaliers a déçu les attentes du grand public américain qui souhaitait voir un western traditionnel et non un plaidoyer humaniste sur fond de guerre de Sécession. Porté par le succès récent de Rio Bravo (Howard Hawks, 1959) au printemps 1959, Les cavaliers arrive en tête du box-office américain la semaine de sa sortie fin juin. Malgré des chiffres plutôt corrects, le long métrage est rapidement balayé par la multitude de sorties concurrentes et les salles s’en débarrassent vite pour faire de la place à d’autres. Sans être un cuisant échec commercial, Les cavaliers ne parvient pas à rembourser le coût très élevé de la production – plombé notamment par les salaires mirobolants des deux stars principales (un record à l’époque).

La 51ème place annuelle en France en 1959

En France, le film de guerre mâtiné de western débarque dans les salles le 30 septembre de la même année et s’immisce à la 23ème place du classement national avec 45 961 aventuriers à son compteur. Il faut préciser que le film est resté une exclusivité parisienne pendant plusieurs mois, générant près de 400 000 tickets, avant d’entamer un long tour de France des régions.

Cela permet au film de glaner 1 753 346 entrées lors de sa première grande exploitation sur plusieurs mois pour une 51ème place annuelle. On est tout de même bien loin des scores très favorables de Rio Bravo qui a cartonné la même année avec 3 665 811 spectateurs français et une 11ème position annuelle.  On peut donc considérer Les cavaliers comme une déception également au niveau français, même si son score correspond aux œuvres mineures portées par John Wayne sur notre territoire.

Un film réévalué avec le temps et désormais magnifiquement restauré

Par la suite, le long métrage est resté longtemps dans l’oubli, avant d’être réévalué par toute une nouvelle génération de cinéphiles grâce aux VHS éditées dans les années 90. Ainsi, le film a été publié de nombreuses fois, y compris en DVD et blu-ray, porté par l’association de John Wayne et John Ford. Récemment restauré, le métrage, sans doute l’un des plus beaux films tourné sur cette période trouble de l’histoire américaine, fait l’objet d’une merveilleuse édition en Mediabook chez Rimini Editions. Un must pour redécouvrir cette œuvre trop mésestimée.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 30 septembre 1959

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Les cavaliers, l'affiche du film de John Ford

© 1959 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Biographies +

William Holden, John Wayne, John Ford, Constance Towers, Judson Pratt

Mots clés

Cinéma américain, La guerre civile au cinéma, Les pamphlets anti-guerre, Les médecins au cinéma, L’âge d’or d’Hollywood

Le test du Mediabook

Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands pour cette sortie exceptionnelle d’un John Ford valeureux, mais qui souffre encore d’une réputation désavantageuse. On se demande bien pourquoi au vu de sa modernité. Test effectué à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments : 5 / 5

Magnifique Mediabook, Les cavaliers bénéficie d’un réel traitement de faveur puisqu’il offre en plus du blu-ray et du DVD un livre de 184 pages sur la carrière westernienne de John Ford écrit par Marc Toullec, décidément très actif. Le bouquin, richement illustré de photos et autres affiches reprend un par un chaque western du maître américain pour en livrer la plupart des secrets de fabrication. Plein de témoignages et d’anecdotes, le livre vaut déjà l’achat à lui tout seul. En revanche, son épaisseur oblige à le manier avec précaution pour éviter qu’il ne se décolle.

Outre ce beau cadeau, l’éditeur s’est fendu de suppléments passionnants dont un long dialogue entre deux spécialistes du cinéma que sont Margaux Baralon et Emmanuel Raspiengeas durant 39 minutes où rien n’est à jeter. Leurs interactions, parfois un peu artificielles, permettent d’éviter le flot continu de paroles qui pourrait saouler en plan fixe. Après ce bonus entièrement consacré aux Cavaliers, l’éditeur y ajoute un document datant de 1966 qui consiste en une interview de John Ford à la fin de sa vie durant 29min. L’artiste y révèle une forte personnalité qu’il ne fallait pas irriter, tout en faisant preuve de la modestie réelle d’un artisan sincère. L’ensemble est un document d’archive exceptionnel.

Les cavaliers, détails du Mediabook

© 1959 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / Package : © 2024 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. – Koemzo Artwork. Tous droits réservés.

Ensuite, c’est au tour de William Holden d’être interviewé (durant 11min) par la télé française en 1979 sur le tournage du film catastrophe Le jour de la fin du monde (James Goldstone, 1980). Le comédien insiste sur le fait qu’il ne prend plus vraiment de plaisir à jouer mais que cela lui permet de bien gagner sa vie et de voyager dans le monde entier. Là encore, l’acteur touche par sa sincérité, bien loin des featurettes promotionnelles conçues à la chaîne par Hollywood.

Enfin, le long métrage peut être revu en intégralité avec un passionnant commentaire audio de l’historien du cinéma Joseph McBride (disponible en VOstf) qui n’arrête pas une seconde. Il livre un travail très précis et sans concession, ayant même parfois la dent dure envers l’humour du film. Enfin, la bande-annonce est également proposée.

L’image du blu-ray : 5 / 5

Ayant fait l’objet d’une restauration en 2K, Les cavaliers apparaît de manière resplendissante sur nos écrans modernes. Dotée d’une précision chirurgicale, l’image conserve un léger grain qui rappelle les grandes heures du cinéma américain des années 50. Les couleurs sont resplendissantes et la fluidité absolument parfaite. C’est bien simple, avec une telle restauration, on redécouvre l’œuvre d’esthètes au firmament de leur talent sur le plan technique. Comme John Ford privilégiait toujours les tournages en extérieur, cela donne une impressionnante véracité à ses images. A tomber par terre !

Le son du blu-ray : 4 / 5

La note serait maximale si l’on se contentait de la version originale sous-titrée, parfaitement équilibrée grâce à un Dual Mono lavé de toute forme d’imperfection. Les voix sont bien mises en avant et la musique ne sature jamais pour un résultat optimal. En ce qui concerne la version française, le résultat est légèrement moins probant à cause d’un environnement sonore nettoyé de toute imperfection, mais plus étouffé dans son rendu. Le doublage d’époque est quelque peu stéréotypé, notamment lorsqu’il s’agit des personnages comiques affublés de voix un peu ridicules. Mais, ce témoignage d’un autre temps est assurément précieux.

Test du Mediabook : Virgile Dumez

Les cavaliers, mediabook

© 1959 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / Package : © 2024 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. – Koemzo Artwork. Tous droits réservés.

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Les cavaliers, l'affiche du film de John Ford

Bande-annonce de Les cavaliers (VO)

Film de guerre, Historique, Aventures, Western

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