Lauréat de deux Oscars consécutifs, classé « 9e acteur de légende » par l’American Film Institut, Spencer Tracy est un pilier de l’âge d’or hollywoodien.
Spencer Tracy, un honnête homme à Hollywood
Spencer Tracy débute au cinéma en 1930 après une formation à l’American Academy of Dramatic de New York. Engagé par la 20th Century Fox, il obtient son premier grand rôle dans Ceux de la zone (1933), drame social de Frank Borzage, bien accueilli par la presse mais qui n’est pas un succès en salle. C’est avec la MGM qui lui propose un contrat que Spencer Tracy devient une star. Son jeu, réaliste et naturel, contraste avec la théâtralité de certaines vedettes de l’époque (Paul Muni, William Powell), et l’acteur est à l’aise dans tous les genres : il brille ainsi dans le polar social Furie (1936) de Fritz Lang, le film catastrophe San Francisco (1936) de Woody S. Van Dyke, le mélodrame Mannequin (1937) de Frank Borzage, ou le biopic Stanley et Livingstone (1939) de Henry King. Spencer Tracy devient le premier acteur à obtenir deux Oscars consécutifs : le trophée lui est accordé pour le film d’aventures Capitaine courageux (1937) de Henry King, et l’édifiant Des hommes sont nés (1938) de Norman Taurog, où il endosse la soutane d’un prêtre humaniste.
Les années 40 confirment son succès et Spencer Tracy est tête d’affiche du film d’aventures Le Grand passage (1940) de King Vidor, la version 1941 de Docteur Jekyll et M. Hyde (signée Victor Fleming), le film de guerre La Septième croix (1944) de Fred Zinnemann, ou le drame politique L’Enjeu (1948) de Frank Capra. Dans cette œuvre méconnue, il a pour partenaire Katharine Hepburn, avec laquelle il a noué une relation amoureuse qui ne prendra fin qu’à la mort de l’acteur. Les deux stars sont réunies à plusieurs reprises à l’écran, formant un couple à l’alchimie indéniable dans les comédies La Femme de l’année (1942) de George Stevens et Madame porte la culotte (1949) de George Cukor, ou le drame La Flamme sacrée (1942) de George Stevens.
Une star à l’aise dans tous les genres
La décennie suivante est celle de la cinquantaine pour Spencer Tracy qui, doté de cheveux grisonnants puis blancs, va obtenir de bons rôles de maturité. Dans le registre de la fantaisie, Il joue les pères dépassés par les événements dans le diptyque Le Père de la mariée (1950) et Allons donc, papa ! (1951) de Vincente Minnelli, et retrouve sa chère Hepburn dans Mademoiselle Gagne-Tout (1952) de George Stevens. Mais on le voit aussi piloter le Mayflower dans Capitaine sans loi (1952) de Clarence Brown, se frotter au western dans La Lance brisée (1954) d’Edward Dmytryk, et incarner le maire intègre de La Dernière fanfare (1959) de John Ford. Il dose subtilement émotion et légèreté dans The Actress (1953) de George Cukor (Golden Globe du meilleur acteur dans un drame), et triomphe dans Un homme est passé (1955), percutant drame policier de John Sturges, pour lequel il obtient le prix d’interprétation au Festival de Cannes.
Dans les années 60, Spencer Tracy est toujours une star, mais ralentit le rythme des tournages, en raison de problèmes de santé. Stanley Kramer est le cinéaste qui lui donne ses derniers grands rôles : l’avocat Henry Drummond dans Procès de singe (1960), le magistrat de Jugement à Nuremberg (1961), le capitaine d’Un monde fou, fou, fou, fou (1963), et surtout le père libéral mais déstabilisé de Devine qui vient dîner (1967). Cette comédie dramatique, typique du « film à Oscars », académique mais agréable, aborde le thème du mariage interracial. Spencer Tracy y partage l’affiche avec Katharine Hepburn et Sidney Poitier. Spencer Tracy, qui devait mourir après le tournage, obtient pour ce film sa neuvième nomination aux Oscars, et gagne le BAFTA du meilleur acteur.
