Le prince esclave : la critique du film et le test blu-ray (1952)

Aventures, Cape et épée, Fantastique | 1h23min
Note de la rédaction :
5/10
5
Le prince esclave de Pietro Francisci (affiche belge)

  • Réalisateur : Pietro Francisci
  • Acteurs : Ugo Sasso, Sergio Fantoni, Leonora Ruffo, Gino Leurini, Aldo Fiorelli, Anna Di Leo, Antonio Amendola
  • Date de sortie: 28 Nov 1952
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Le meravigliose avventure di Guerrin Meschino
  • Titres alternatifs : Prince esclave (titre copie française) / L'appel du sang (titre cinéma français, alternatif) / Wonderful Adventures of Guerrin Mescino (UK) / Espadas de Oriente (Espagne) / O Príncipe da Floresta Negra (Brésil)
  • Année de production : 1952
  • Autres acteurs : Giacomo Giuradei, Cesare Fantoni, Gian Paolo Rosmino
  • Scénaristes : Pietro Francisci, Raul De Sarro, Alessandro Ferraù, Fiorenzo Fiorentini, Giorgio Graziosi, Weiss Ruffilli
  • D'après l'œuvre d'Andrea da Barberino
  • Monteur : Pietro Francisci
  • Directeur de la photographie : Giovanni Ventimiglia
  • Compositeur : Nino Rota
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : -
  • Directeur artistique : Giulio Bongini
  • Producteur : Mario Francisci
  • Producteur exécutif : Carlo Bessi
  • Sociétés de production : Oro Film, Unicinematografica
  • Distributeur : GCF
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Artus Films (DVD et blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 6 février 2024
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 646 211 entrées / 118 995 entrées
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Mazure (blu-ray, Artus). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Artus Films. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Film d’aventure très daté, Le prince esclave séduit lorsqu’il se permet des échappées vers le fantastique. Le reste demeure très conventionnel et kitsch.

Synopsis : Un jeune garçon enlevé par des pirates puis vendu comme esclave se retrouve échanson à la cour de Constantinople, alors assiégée par les Turcs. Alors qu’un accord de paix est enfin trouvé, le jeune garçon a une vision, provoquée par un astrologue : il serait le fils du roi de Durazzo, enlevé jadis par le fils du Duc de Bourgogne. Il va se lancer dans une quête initiatique qui l’amènera à reconquérir son trône.

Un film d’aventures inspiré d’un vrai livre du Moyen-Age

Critique : Au début des années 50, l’Italie devient une terre d’accueil pour de nombreux tournages venus de l’étranger, et notamment des Etats-Unis. Ainsi, les nombreux décors construits sur place peuvent servir non seulement aux productions étrangères, mais aussi à des sous-produits locaux. Le triomphe d’Ivanhoé (Richard Thorpe, 1952), avec Robert Taylor, lance notamment la vogue du film d’aventures sur fond de geste médiévale. Ainsi, le producteur Mario Francisci demande à son frère Pietro de surfer sur ce nouveau genre à la mode.

Toutefois, les deux frangins font preuve d’une belle connaissance littéraire puisqu’ils choisissent de porter à l’écran les aventures de Guerrin Meschino d’après le livre chevaleresque d’Andrea da Barberino, auteur du 15ème siècle. Précisons que l’œuvre littéraire est tout bonnement monumentale puisqu’elle comprend tout de même huit livres différents. Afin de condenser les aventures du jeune héros, les scénaristes adaptent surtout le premier livre auquel ils offrent une conclusion inspirée du huitième et dernier volume. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que Le prince esclave demeure à ce jour l’unique adaptation du bouquin, ce qui accentue encore davantage sa rareté.

Le prince esclave, un recueil de clichés et quelques échappées fantastiques

Bien évidemment, comme souvent avec les films populaires de l’époque, le livre médiéval n’est qu’un prétexte pour livrer des péripéties typiques des œuvres américaines des années 50. Ainsi, Le prince esclave déroule de manière quasiment programmatique tout le cortège des clichés attachés au genre. Le spectateur a donc le droit au siège militaire d’une grande ville (ici Constantinople, reconstituée à Rome faute de moyens), à des chevauchées endiablées, des tournois livrés pour les yeux d’une belle princesse, et enfin l’inévitable duel à l’épée dans des escaliers (sur le modèle de la séquence culte des Aventures de Robin des Bois (Michael Curtiz, 1938) avec Errol Flynn.

Mais comme nous sommes en Italie, les auteurs s’octroient le droit de déraper de temps à autre dans le fantastique, avec un affrontement entre le héros et un crocodile géant, ainsi qu’un épisode où le jeune aventurier est séduit par une sorcière qui cherche à le garder dans son antre (péripétie que l’on retrouvera encore chez Pietro Francisci dans son Hercule et la reine de Lydie en 1959). Ces séquences, dont certains avancent qu’elles ont été confectionnées par Mario Bava, permettent de pimenter un peu une projection qui n’est jamais désagréable, mais qui n’emballe pas franchement non plus.

Des comédiens entre fadeur et cabotinage

Il faut dire que le long-métrage souffre d’un noir et blanc visant à dissimuler son cruel manque de moyens et que ses acteurs ne sont guère des pointures. Ainsi, Pietro Francisci a tout misé sur des jeunes talents qui venaient d’éclore tout juste après la guerre. Le couple formé par Gino Leurini et Leonora Ruffo manque cruellement d’aspérités.

Les séquences initiales qui présentent leur amour pur sont d’un kitsch typique de l’époque, rejouant la scène du balcon de Roméo et Juliette, la mièvrerie en plus. De même, les sous-fifres incarnés par Anna Di Leo et Antonio Amendola ne servent qu’à offrir des moments de pure comédie qui ne fonctionnent pas toujours, et ceci malgré la qualité réelle des interprètes. Enfin, Giacomo Giuradei en fait des tonnes en méchant. Il roule des yeux et effectue de grands gestes dans le plus pur style outrancier de la Commedia dell’arte.

Le prince esclave ou L’appel du sang

Pour autant, si on laisse son esprit cynique au placard, Le prince esclave n’est pas forcément un mauvais bougre, grâce à son montage plutôt nerveux et un script bien charpenté. Cependant, la musique signée Nino Rota n’octroie aucune plus-value au métrage tant elle se conforme aux canons du film d’aventures de l’époque, avec ses trompettes et autres percussions. Il s’agit donc surtout d’une œuvre datée et désormais totalement démodée ayant bien du mal à supporter le passage du temps.

Le film est sorti en salles en France fin novembre 1952 avec tout d’abord quatre cinémas parisiens dans son viseur : les Midi-Minuit Poissonière et Clichy, Comoedia et e Déjazet. Il a été distribué sous deux titres différents : Le prince esclave et L’appel du sang. L’affiche est identique et seul le titre change. Enfin, signalons que sur la copie visionnée, le titre mentionné est simplement Prince esclave, de même que pour son inscription au CNC. Avec 646 211 entrées cumulées, la petite série B a donc été plutôt une bonne affaire pour son distributeur.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 novembre 1952

Acheter le film en blu-ray sur le site de l’éditeur 

Le prince esclave de Pietro Francisci (affiche belge)

© Illustrateur : Inconnu – All Rights Reserved.

Biographies +

Pietro Francisci, Ugo Sasso, Sergio Fantoni, Leonora Ruffo, Gino Leurini, Aldo Fiorelli, Anna Di Leo, Antonio Amendola

Mots clés

La chevalerie au cinéma, Le Moyen-Age au cinéma, Les tournois au cinéma

Le test du blu-ray

Artus Films continue à exhumer des raretés au sein de sa collection Chevalerie. Le test a été effectué à partir du produit finalisé.

Compléments & packaging : 4 / 5

Dans un format compact typique de la collection, Artus nous offre un bel objet avec un fourreau qui contient d’une part un digipack slim agrémenté d’affiches étrangères du film, ainsi qu’un petit livre de 60 pages rédigé par François Amy de la Bretèque. Ce dernier revient en détail sur la création du film, sur les différents acteurs, tout en cherchant à confronter le métrage à la réalité historique. Il s’agit assurément de la partie la plus intéressante du bouquin, avec une volonté de montrer la fantaisie du long-métrage, mais aussi les fondements tout de même culturels d’une œuvre tournée par des artisans aux connaissances historiques certaines.

Après cette lecture fort passionnante, l’acquéreur trouvera sur la galette proprement dite une présentation du film (26min) de Christian Lucas qui revient sur le genre du film d’aventure médiéval. Sa présentation n’élude aucunement le caractère désuet d’une telle œuvre, mais insiste aussi sur ses qualités. Le tout est encore intéressant. Enfin, un diaporama permet de profiter d’affiches et de photos d’exploitation.

L’image du blu-ray : 2,5 / 5

Malgré une restauration 2K bien réelle, le master du Prince esclave n’est pas encore parfait. Certes, le film profite d’une copie sans gros défaut visuel (peu de points blancs ou de griffures), mais le piqué n’est pas toujours idéal, notamment lors de la première partie dans les intérieurs. En fait, on a surtout l’impression d’être devant une belle copie SD qui prend rarement les atours de la HD. Celle-ci apparaît sur quelques plans plus nets, mais l’ensemble demeure assez flou dans les arrière-plans, et donc globalement décevant.

Le son du blu-ray : 2,5 / 5

L’éditeur propose deux pistes sonores qui ont toutes les deux leurs défauts. Si la version italienne sous-titrée bénéficie du son le plus ouvert, avec notamment une belle dynamique sur la musique de Nino Rota, les voix des acteurs paraissent artificielles et plaquées sur le tout. Finalement, la version française, toujours en mono, n’est pas si mal, malgré un souffle constant et surtout un doublage emphatique typique de l’époque. Au moins, elle possède un certain charme désuet. En réalité, il est difficile de choisir entre les deux pistes, puisqu’aucune n’est pleinement satisfaisante.

Test blu-ray : Virgile Dumez

Le prince esclave, détails blu-ray artus

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