Le jour où la Terre prit feu : la critique du film (1963)

Science-fiction | 1h39min
Note de la rédaction :
7/10
7
Le jour où la terre prit feu, vignette VOD

  • Réalisateur : Val Guest
  • Acteurs : Michael Caine, Leo McKern, Edward Judd, Janet Munro
  • Date de sortie: 29 Mar 1963
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Day the Earth Caught Fire
  • Titres alternatifs : Le jour où la terre brûlera (titre belge et en province) / Der Tag, an dem die Erde Feuer fing (Allemagne) / El día en que la Tierra se incendió (Espagne) / O Mundo em Chamas (Portugal) / Dzień, w którym Ziemia stanęła w ogniu (Pologne) / ...e la Terra prese fuoco (Italie) / O Dia em Que a Terra se Incendiou (Brésil)
  • Année de production : 1961
  • Scénariste(s) : Val Guest et Wolf Mankowitz
  • Directeur de la photographie : Harry Waxman
  • Compositeur : Stanley Black
  • Société(s) de production : Pax Films
  • Distributeur (1ère sortie) : -
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 200 000 £
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 2.35 : 1 / Noir et Blanc, teinture jaune sur séquence inaugurale et finale / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : BAFTA 1962 : Prix du meilleur scénario pour Val Guest et Wolf Mankowitz / 1 nomination aux Hugo Awards 1963
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : StudioCanal
Note des spectateurs :

Le jour où la Terre prit feu est un film de science-fiction qui anticipe de plusieurs décennies les bouleversements climatiques actuels. Il bénéficie en outre d’un aspect documentaire qui le rend particulièrement efficace et angoissant.

Synopsis : Deux explosions atomiques simultanées ont entraîné un changement d’axe de la Terre, avec comme principale conséquence un bouleversement des conditions atmosphériques. La fin du monde est la conséquence inéluctable de cette modification. La dégradation de la situation est vue de la salle de rédaction d’un grand quotidien…

La peur du nucléaire au centre d’un récit anxiogène

Critique : Au cours des années 50, la science-fiction est devenu un genre, malgré une économie confinée à la série B. Beaucoup de longs-métrages ont évoqué une potentielle fin du monde, comme Le jour où la Terre s’arrêta (Wise, 1951) ou encore La guerre des mondes (Haskin, 1953). Toutefois, la menace évoquée dans ces premiers longs était essentiellement d’ordre extraterrestre. Cela évolue avec la réalisation de plusieurs œuvres qui montrent la destruction de l’humanité par l’arme atomique, ainsi que la survie de quelques concitoyens. On pense notamment à Cinq survivants (Oboler, 1951), Le monde, la chair et le diable (MacDougall, 1959) et Le dernier rivage (Kramer, 1959) qui ont pour volonté de décrire la situation avec un réalisme quasi documentaire.

Ce réalisme est à nouveau recherché par les scénaristes Val Guest et Wolf Mankowitz qui ont l’excellente idée de décrire la fin du monde à travers le regard journalistique de la rédaction d’un grand quotidien londonien. Ce stratagème permettait d’éviter d’avoir à filmer des grandes scènes de panique qui étaient hors de portée en termes de budget, tout en donnant une plus-value humaine au métrage. Effectivement, comme a très bien su le faire un George A. Romero quelques années plus tard avec La nuit des morts-vivants (1968), l’aspect documentaire donné à une intrigue purement fantaisiste donne du poids aux éléments exceptionnels qui se déroulent à l’écran.

Le réalisme d’une salle de rédaction d’un grand journal londonien comme toile de fond

Après un prologue qui nous fait découvrir un Londres vidé de sa population et accablé par une chaleur signifiée par une image teintée en jaune, Le jour où la Terre prit feu (1961) revient sur les événements des derniers mois par la magie d’un long flashback. Nous sommes alors plongés au cœur de la rédaction d’un grand journal londonien, dans le quartier de Fleet Street où se trouvaient concentrés à l’époque tous les grands canards britanniques. Le cinéaste Val Guest se fait plaisir en décrivant par le menu l’agitation d’une salle de rédaction, avec son bouillonnement permanent et ses changements de dernière minute afin de coller à l’actualité.

Val Guest en profite pour présenter les principaux personnages dont un journaliste alcoolique (très bon Edward Judd, alors que le rôle avait été écrit pour Richard Burton, finalement trop cher pour la production), un de ses collègues (Leo McKern) et une jeune femme qui va être séduite par le héros (la pétillante Janet Munro). Le cinéaste prend son temps pour décrire les différents protagonistes, ce qui est dynamisé par des dialogues pertinents et souvent drôles.

Quand le climat se dérègle !

Peu à peu, des phénomènes météorologiques curieux se produisent et invitent les journalistes à enquêter. La découverte progressive des secrets d’État et du drame apocalyptique en train de se jouer fait froid dans le dos. Même si l’origine des phénomènes vient de deux explosions nucléaires – thème typique de l’époque – on ne peut qu’admirer la présence d’esprit des auteurs qui ont prévu plusieurs décennies en avance les dérèglements climatiques actuels. Effectivement, bien avant Le jour d’après (Emmerich, 2004), ils inventent un réchauffement accéléré de l’atmosphère qui entraîne des catastrophes en série.

Les auteurs montrent ainsi avec un certain réalisme l’épuisement des ressources en eau, puis l’effondrement du système agricole mondial, entraînant des pénuries alimentaires et des révoltes de la population excédée. Certes, tout ceci passe essentiellement par le biais d’images d’actualité – souvent des stock-shots – mais cela renforce un peu plus l’aspect journalistique du long-métrage et donc sa part de réalisme.

Un petit classique à redécouvrir malgré quelques facilités d’écriture

Au milieu de cette histoire très pessimiste, les auteurs ont toutefois cru bon glisser la naissance d’une histoire d’amour entre deux personnages. Cet intermède avait pour but de relâcher la pression, mais n’apporte pas grand-chose de plus à un métrage qui est suffisamment fort sans cette distraction un peu incongrue. On aurait ainsi préféré une ou deux scènes de panique supplémentaires. Signalons tout de même le courage des auteurs qui ont choisi de laisser la fin en suspens. Chacun pourra ainsi décider du sort de l’humanité, condamnée ou sauvée.

Réalisé avec beaucoup de soin par Val Guest, Le jour où la Terre prit feu (1961) apparaît donc aujourd’hui comme un petit classique de la science-fiction. Porté par des acteurs au diapason – on notera que Michael Caine, en début de carrière, y intervient moins d’une minute à l’écran en tant que figurant – le film est justement considéré comme un jalon important dans la carrière du réalisateur.

Le jour où la Terre prit feu est désormais disponible en VOD

Malgré ses énormes qualités qui lui ont valu d’obtenir un BAFTA du meilleur scénario en 1962, le métrage ne serait sorti en France qu’en province selon le site Encyclociné, sous son titre belge : Le jour où la Terre brûlera. Par la suite, cette efficace série B n’a pas eu l’honneur d’une sortie en vidéo dans notre pays. Il faut donc se contenter d’importations ou profiter de l’essor des plateformes de VOD pour pouvoir découvrir ce classique, pourtant récemment restauré par StudioCanal.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 mars 1963

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© Pax Films

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