George A. Romero

Réalisateur, Producteur, Scénariste
Affiche de la trilogie Romero (2019)

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 4 février 1940, Bronx, New-York City (Etats-Unis)
  • Date de décès : 16 juillet 2017, à Toronto, Ontario (Canada)
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Biographie

Note des spectateurs :

Plus qu’aucun autre réalisateur de film fantastique au XXe siècle, George A. Romero marqua l’histoire du 7e art en imposant les codes d’un genre adulé par beaucoup, le film de morts vivants ! Oui, George A.Romero était cette personne, et bien plus encore pour les amateurs de cinéma de genre.

 

George A. Romero est mort à 77 ans, des suites d’un cancer des poumons en 2017. Un choc pour les amateurs de cinéma de genre, puisque ce cinéaste américain, figure de l’underground des années 60-70, était à l’origine de la vague de films de zombies qui suivit la sortie de son midnight movie, La nuit des morts vivants.

Cette œuvre classée X aux États-Unis, exploitée en soirée dans quelques rares cinémas, avait fait le tour du monde, devenant l’un des films les plus rentables du cinéma, sauf pour son auteur qui, en raison d’un problème de droit, vit son film tomber dans le domaine public…

La nuit des morts vivants

© Laurel Productions et Image ten

La première trilogie des morts vivants

Pas forcément obsédé par l’argent, mais davantage intéressé par son engagement dans la contre-culture, l’antimilitarisme, l’anti-consumérisme et contre toutes les agressions sociales d’une Amérique blanche et agressive, Romero réussira à réaliser de nombreuses suites à son premier long :

  • Zombie, le crépuscule des morts vivants, coproduit par Dario Argento, œuvre aux montages pluriels, et notamment marquée par la musique des Goblin sur la version européenne tant adulée en France. Les effets spéciaux gore de Tom Savini et sa peinture des média et du consumérisme, classe ce chef-d’œuvre parmi ces pamphlets radicaux des années 70. Le film aura bien du mal à sortir en salle, notamment dans l’Hexagone, en raison du climat de censure. C’est d’ailleurs en VHS, chez René Chateau, que l’on découvrira d’abord cette série B d’action et de sang, puisque cette production datant de 1978 ne parvint à atteindre nos grands écrans qu’en 1983.
  • Le jour des morts vivants : fin de la trilogie dantesque en 1985. Romero réussit un véritable coup de maître, se surpassant encore. En salle, ce n’est pas un succès, mais l’œuvre se bâtira une réputation exceptionnelle ; ses images iconiques serviront de base aux films, jeux vidéo et séries télévisés d’infectés des années 2000, The Walking Dead en tête.
Cliché culte de Zombie Dawn of the dead, le crépuscule des morts vivants

© Laurel Group

Dans les années 2000, Romero renaît de ses cendres

  • Land of the Dead, le territoire des morts : grâce au succès du remake de Zombie (L’armée des morts de Zack Snyder), de 28 jours plus tard ou encore de Resident Evil, le maître Romero peut enfin sortir le 4e épisode de la saga, plus de 20 ans après le Jour, ratant de ce fait une décennie pour la continuation de sa saga. Ce succès commercial permit la mise en route d’un 5e volet.
  • Diary of the Dead, Chroniques des morts vivants : George A. Romero, avec beaucoup moins de moyens et plus d’indépendance, se lance dans le cliché du documenteur, pour pallier le manque de moyens, mais également par réel intérêt pour les moyens que lui offre cette technologie mobile bon marché, au plus près du réel.
  • Survival of the dead, ultime chapitre de sa deuxième trilogie, en 2009, est sélectionné à Venise, puis à Gérardmer. La série B brosse le portrait difficile d’un auteur vieillissant, à court d’idée et de moyens. Le film hors de notre époque ne sortira qu’en vidéo et sur les plateformes de VOD. Cela sera son ultime film, puisque Romero passera le reste de la décennie 2010 à essayer de mettre en route des projets divers.
  • Tom Saviini à l'oeuvre dans Zombie de Romero

    © Laurel Group

George A. Romero hors trilogie des zombies

La carrière du cinéaste ne se résume absolument pas aux deux trilogies des morts vivants, aussi fameuses soient-elles.

Si l’on passera vite sur There’s always Vanilla et Season of the witch, deux produits indépendants un peu à part dans sa filmographie (1971, 1972), mais toujours avec ses acteurs fétiches qui habitent une œuvre développée en toute indépendance à Pittsburgh, en famille, il réalise La nuit des fous vivants (The Crazies, en V.O.) en 1973. Le film tarde à sortir dans nos salles et sa distribution, en 1979, se fait en catimini par un distributeur indépendant. Toutefois, même si l’on ne retrouve pas d’éléments fantastiques, le ton de dystopie et d’anticipation confère un aspect étrange. Le film examine les craintes paranoïaques des années 2000, et c’est logiquement que Hollywood en produira un remake réussi en 2010, avec The Crazies (167 000 entrées), de Breck Eisner.

En 1973, Romero réalise une œuvre de fiction destinée à une association religieuse pour attirer l’attention des Américains sur le sentiment d’abandon des personnes âgées. Il en résulte The Amusement Park, une oeuvre étrange, mystérieuse, et contestataire qui ne trouvera sa place sur les écrans qu’une cinquantaine d’années plus loin, quand le film perdu, a été retrouvé de façon posthume et restauté en 4K. Un miracle cinématographique pour les orphelins du cinéaste.

Une œuvre entièrement rebootée, remakée et surtout plagiée

Oui, de La nuit des morts vivants en version couleur par Tom Savini (1990), à Creepshow (2019), à la télévision, en passant par L’armée des morts de Zack Snyder, en 2004 (469 000), le cinéma de Romero n’aura eu de cesse d’être exploité par d’autres, et souvent par des auteurs besogneux (les suites au Jour des morts vivants n’ont eu de cesse de le souligner!) .

Avant the Walking Dead, on savourait DAY OF THE DEAD de George A. Romero

© David Ball, Salah M. Hassanein, Ed Lammi et Richard P. Rubinstein

L’un des plus beaux films de Romero est aussi l’un de ses plus méconnus, car trop intimiste pour les spectateurs en son temps et, encore une fois, exploité par des distributeurs inexpérimentés. Martin, en 1977, est un film de vampire domestique, en avance sur son temps, qui assimile le vampirisme à l’addiction. L’une des plus belles variations sur le mythe, avec son épouse Christine Forrest qui suit Romero depuis ses débuts.

Knighriders : combat raté

En 1981, Romero l’audacieux, fort du succès de Zombie, ose une reconstruction des joutes médiévales à notre époque, mais avec des motards en guise de chevalier. Le film hippie dans l’âme, électron libre dans un Hollywood post-Guerre des étoiles, s’intitule Knighriders, et ne sortira qu’aux États-Unis, et plutôt mal par ailleurs. Invendable, cette fantaisie entre amis ne trouvera sa rédemption qu’en DVD des décennies plus tard. En France, faute d’éditeur vidéo pour s’y risquer également, alors que la VHS bât son plein, les plus chanceux avaient pu compter sur une rétrospective à la Cinémathèque pour découvrir cette épopée sur deux roues, champêtre, jamais très loin de la farce shakespearienne.

L'affiche du film culte Creepshow par Melki

1982 © Melki (illustration)

George A. Romero, Stephen King, l’association monstre

Comme pour se faire pardonner de ce flop à grande échelle, Romero revient aux morts, à l’horreur, et aux maquillages de Tom Savini. Avec Creepshow, en 1982, il connaît l’un de ses plus gros succès personnels, largement aidé par Warner qui distribue le film en salle en Amérique. L’artillerie lourde est de sortie pour promouvoir dans le monde cet hommage aux EC Comics, jusqu’à Cannes. Une affiche mythique, des vedettes en pagaille d’hier et de demain… Cette production en cinq sketchs de près de deux heures relance la mode des anthologies horrifiques en salle et surtout permet au cinéaste de collaborer avec Stephen King, romancier alors en pleine ascension, dont il partage les idées et l’amitié. Romero envisageait déjà de travailler sur l’adaptation des Vampires de Salem, dans les années 70, avant que Tobe Hooper  ne finalise le téléfilm de 3h. Romero se penchera sur les adaptations du Fléau, Firestarter ou encore Simetierre… Mais finalement, c’est en 1990, avec La part des ténèbres , avec Timothy Hutton, qu’il retrouvera l’occasion de collaborer à nouveau avec l’autre King de l’horreur, même si leurs noms sont associés, en 1987, à une suite malingre, Creepshow 2.

Bruise, affiche du film

© StudioCanal

George A. Romero, les studios et les années 90

Après l’échec du Jour des morts vivants en 1985, Romero travaillera pour les studios : Incidents de parcours, thriller hitchcockien, et La part des ténèbres sont des déceptions en salle. Le premier jouit pourtant de critiques solides. Dans le cas de The Dark Half, d’après King, les problèmes de distribution liés à la faillite d’Orion n’aident pas. Le cinéaste gaspille beaucoup d’énergie et de temps. Il lui faudra une décennie pour s’en remettre.

A l’exception du film d’épouvante en deux sketchs coréalisé avec l’Italien  Dario Argento, Deux yeux maléfiques (1990), Romero va traverser le désert dans les années 1990, décennie où le genre horrifique est malmené, puisque réservé au direct-to-vidéo fauchés ou aux ersatz de Scream, dans la dernière moitié de la décennie. Les morts vivants n’ont plus du tout la cote. Désormais, il faut parler psycho-killers, vampires et vieux mythes usés de la Universal pour trouver un producteur sensible à vos projets.

 

Deux yeux maléfiques, argento, romero, l'affiche

©1990 ADC Gruppo BEMA Production

En 2000, Romero revient ! Le film, désargenté, coproduit par la France, s’intitule Bruiser. Avec une réalisation très sobre, une interprétation un peu fragile, ce film de masque, étrange et absurde, réunira à peine que 4 000 entrées dans notre pays en 2002, faute de pouvoir trouver des multiplexes pour pouvoir l’exploiter. Au moins est-il sorti en salle.

Sentant sa carrière en tant qu’indépendant dépendre exclusivement de sa franchise des morts vivants, Romero ne se consacrera quasiment plus qu’à ce type de cinéma jusqu’à la fin de sa vie. Il participe à des conventions, des romans graphiques, jeux vidéo. Son nom est sur toutes les lèvres, mais désormais les 70 ans passés, ce vieux lascar du contre-système ne pourra plus jamais retravailler dans les conditions qu’il souhaitait.

Paix à son âme.

Frédéric Mignard

Lire aussi le site sur la trilogie de Romero

Affiche de Landi de La nuit des morts vivants

© Laurel Productions et Image ten / Affiche : illutrateur Landi

 

Stephen King Christine

Filmographie (réalisateur) :

  • 1968 : La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead)
  • 1971 : There’s Always Vanilla
  • 1972 : Season of the Witch (Jack’s Knife)
  • 1973 : The Amusement Park (id)
  • 1973 : La Nuit des fous vivants (The Crazies)
  • 1977 : Martin (id)
  • 1978 : Zombie (Zombi / Dawn of the Dead)
  • 1981 : Knightriders (id.)
  • 1982 : Creepshow (id.)
  • 1985 : Le Jour des morts-vivants (Day of the Dead)
  • 1988 : Incidents de parcours (Monkey Shines)
  • 1990 : Deux yeux maléfiques – segment La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar (Due occhi diabolici)
  • 1992 : La Part des ténèbres (The Dark Half)
  • 2000 : Bruiser (id)
  • 2005 : Land of the Dead, Le Territoire des morts (Land of the Dead)
  • 2008 : Diary of the Dead, chroniques des morts-vivants (George A. Romero’s Diary of the Dead)
  • 2009 : Survival of the Dead (George A. Romero’s Survival of the Dead)

 

George A Romeo sur le tournage de The Amusement Park

Copyrights : Laurel Tape & Film, Production company
Lutheran Film Division, Yellow Veil Pictures

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