Le crâne maléfique : la critique du film (1966)

Epouvante-horreur, Surnaturel | 1h23min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Le crâne maléfique, l'affiche

  • Réalisateur : Freddie Francis
  • Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Michael Gough, Patrick Wymark, Patrick Magee, Nigel Green, Jill Bennett
  • Date de sortie: 30 Avr 1966
  • Année de production : 1965
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Skull
  • Titres alternatifs : Les forfaits du marquis de Sade (titre français abandonné) / Der Schädel des Marquis de Sade (Allemagne) / Dödskallen (Suède) / La maldición de la calavera (Espagne) / A Caveira (Portugal) / Czaszka (Pologne) / La calavera del marqués (Mexique) / Il teschio maledetto (Italie) / Pääkallo (Finlande) / A Maldição da Caveira (Brésil) / La calavera del Marqués de Sade (Argentine)
  • Autres acteurs : Peter Woodthorpe, George Coulouris, April Olrich, Maurice Good, Anna Palk, Frank Forsyth, Paul Stockman, Geoffrey Cheshire, George Hildson, Jack Silk
  • Scénariste : Milton Subotsky
  • D'après : The Skull of the Marquis de Sade de Robert Bloch
  • Monteur : Oswald Hafenrichter
  • Directeur de la photographie : John Wilcox
  • Compositrice : Elisabeth Lutyens
  • Cheffe maquilleuse : Jill Carpenter
  • Chef décorateur : -
  • Directeur artistique : Bill Constable
  • Producteurs : Max Rosenberg, Milton Subotsky
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Amicus Productions
  • Distributeur : Paramount
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 216 393 entrées
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans (à l’époque) ; 12 ans (de nos jours)
  • Formats : Couleur / Son : Mono
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Roger Soubie (affiche). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Paramount Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse :
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Note des spectateurs :

Parmi les premières productions Amicus, Le crâne maléfique n’est pas le meilleur film de la société à cause d’un script un peu léger. Toutefois, Freddie Francis multiplie les effets de mise en scène afin de compenser la minceur du scénario. Passable.

Synopsis : Le professeur Maitland, spécialiste des phénomènes occultes reçoit la visite de Marco, un vendeur qui lui offre une biographie de Sade et lui propose d’acheter un crâne censé être celui du divin marquis. Il refuse et parle de cette histoire à Sir Matthew, un ami. Ce dernier lui apprend que l’objet lui a été dérobé et qu’il libère une force démoniaque. Maitland s’aperçoit bientôt que d’étranges événements surviennent dans son quotidien.

Les débuts de la firme Amicus dans le domaine de l’horreur

Critique : L’année 1965 constitue une étape importante pour la société Amicus, fondée en 1960 par les Américains Milton Subotsky et Max Rosenberg, mais basée aux studios Shepperton en Angleterre. Effectivement, durant les cinq premières années de son existence, cette petite structure s’est d’abord spécialisée dans les comédies musicales pour adolescents.

Pourtant, face au succès impressionnant de la firme Hammer dans le domaine de l’horreur, la Amicus a opté pour une concurrence directe à partir du Train des épouvantes (Freddie Francis, 1965), un excellent film à sketchs mené de main de maître par le grand Peter Cushing. On notera d’ailleurs que Milton Subotsky et Max Rosenberg ont débauché des employés fidèles de la Hammer pour créer cette première œuvre séminale. Ainsi, on se souvient que Freddie Francis et Peter Cushing ont déjà collaboré sur L’empreinte de Frankenstein (1964) pour le compte de la firme au marteau.

Le marquis de Sade, figure diabolique, objet de tous les fantasmes

Visiblement ravis des retombées financières de ce premier film d’horreur, Milton Subotsky pousse Freddie Francis et Peter Cushing à remettre aussitôt le couvert pour ce qui allait devenir Le crâne maléfique (1965). Le scénario est rédigé par le producteur lui-même qui adapte le récit fantaisiste The Skull of the Marquis de Sade, huit courtes pages écrites en 1945 par Robert Bloch (le romancier dont le nom demeure à jamais associé à celui du Psychose d’Hitchcock en 1960).

Par ailleurs, cette histoire prend d’incroyables libertés vis-à-vis de la véritable vie du divin marquis, puisque Robert Bloch n’en a retenu que la légende noire. Pire, il effectue un pur contresens en faisant du libertin un suppôt de Satan, alors même que le véritable écrivain ne croyait ni en Dieu, ni au diable. Finalement, cela importe peu puisque l’idée de base est d’évoquer la possession d’un crâne par une entité maléfique qui pousse ensuite ses propriétaires successifs au meurtre.

Des acteurs chevronnés au top de leur forme

De son propre aveu, Freddie Francis a précisé que le scénario de Milton Subotsky était bien trop court pour pouvoir constituer une base solide au tournage d’un long métrage. Le cinéaste a donc été contraint d’improviser bon nombre de séquences afin d’allonger la sauce pour pouvoir arriver à la durée requise pour une exploitation en salles. Et cela se ressent fortement lors de la projection de cette histoire qui aurait été parfaite au sein d’une anthologie, avec une durée réduite à quarante minutes.

En l’état, Le crâne maléfique parvient à intriguer fortement durant sa première demi-heure, d’autant que les comédiens choisis sont tous des pointures du genre. La plupart des échanges entre Peter Cushing et Christopher Lee s’avèrent savoureux, d’autant plus lorsque l’on sait que le second était un réel amateur de sciences occultes. L’excellent Patrick Wymark fait un marchand de curiosités particulièrement intrigant, tandis que le crâne au cœur de l’intrigue est filmé de manière habile afin de susciter le malaise.

Freddie Francis expérimente pour relever un mets pas assez épicé

Malheureusement, la dernière demi-heure n’est pas aussi convaincante, notamment dans le combat final entre Peter Cushing et le crâne qui prend possession de son âme pour le pousser à tuer sa femme. Même si Freddie Francis tente de compenser l’absence de rebondissement et de dialogues en multipliant les plans biscornus (grand angle, perspectives forcées et aussi plan subjectifs depuis l’intérieur du crâne) et en soignant ses lumières (il est avant tout un directeur de la photographie très professionnel), Le crâne maléfique lambine fortement dans sa dernière ligne droite.

Parfois à la lisière du surréalisme, notamment lors des évolutions dans les airs du fameux crâne, le métrage échoue à inquiéter et finit donc par se conformer au moule des productions britanniques de l’époque. L’ensemble n’est jamais désagréable, notamment par le soin extrême apporté aux décors, aux lumières et à la musique, mais rien ne ressort vraiment non plus dans cette œuvre au scénario trop routinier et prévisible. Et ceci malgré les expérimentations parfois aventureuses du cinéaste.

Les forfaits du marquis de Sade, un titre interdit par la famille de l’écrivain

Après une sortie britannique et américaine en 1965, le métrage a débarqué en France au mois d’avril 1966 avec pour titre Les forfaits du marquis de Sade. Tout le matériel promotionnel était déjà prêt lorsque la famille du divin marquis a menacé de porter plainte pour utilisation frauduleuse du nom de leur ancêtre. Il fallut donc rétropédaler à toute vitesse et changer les affiches en troquant le nom pour un Crâne maléfique plus cryptique. Cela explique notamment le grossier camouflage du premier titre par le plus récent sur l’affiche signée Roger Soubie, retouche de dernière minute oblige.

Proposé dans les salles à partir du samedi 30 avril 1966, Le crâne maléfique parvient à réunir 25 721 spectateurs sur toute la France pour sa première semaine, entrant à la 28ème place du box-office hebdomadaire français. Cela sera son unique incursion dans les classements puisque les quelques copies du film ont ensuite circulé de province en province, comme cela était très souvent le cas à l’époque. Sur l’ensemble de sa carrière française, Le crâne maléfique a réuni 216 393 fans de films horrifiques, ce qui constitue une déception.

Il est d’ailleurs demeuré relativement inconnu durant les décennies suivantes, le vilain petit canard n’étant jamais exploité en France en support physique. Aucune VHS, aucun DVD et encore moins de blu-ray ne vient réactiver sa flamme. Désormais, le métrage a échoué dans un certain anonymat sur la plateforme Paramount + où l’on peut le visionner dans une copie passable, mais non restaurée.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 avril 1966

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Le crâne maléfique, l'affiche

© 1965 Paramount Pictures / Affiche : Roger Soubie. Tous droits réservés.

Biographies +

Freddie Francis, Christopher Lee, Peter Cushing, Michael Gough, Patrick Wymark, Patrick Magee, Nigel Green, Jill Bennett

Mots clés

Cinéma britannique, Exploitation britannique, Amicus, Sade au cinéma, Possession diabolique au cinéma

 

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Le crâne maléfique, l'affiche

Bande-annonce de Le crâne maléfique (VO)

Epouvante-horreur, Surnaturel

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