Le Chinois : la critique du film avec Jackie Chan (1981)

Action, Arts martiaux, Comédie | 1h35min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Affiche Le Chinois de Michel Landi, avec Jackie Chan

  • Réalisateur : Robert Clouse
  • Acteurs : Jackie Chan, Mako, José Ferrer, Ron Max, Kristine DeBell
  • Date de sortie: 18 Fév 1981
  • Année de production : 1980
  • Nationalité : Hongkongais, Américain
  • Titre original : Battle Creek Brawl
  • Titres alternatifs : The Big Brawl (titre alternatif US) / Die grosse Keilerei (Allemagne) / La furia de Chicago (Espagne) / A Grande Desforra (Portugal) / Wielka rozróba (Pologne) / Chi tocca il giallo muore (Italie) / Bunyó a javából (Hongrie) / Lohikäärme taistelee (Finlande) / Kineseren (Danemark) / O Grande Lutador (Brésil) / La gran pelea (Argentine)
  • Autres acteurs : David Sheiner, Rosalind Chao, Lenny Montana, Mary Ellen O'Neill, H.B. Haggerty, Chao-Li Chi, Marcus Mukai
  • Scénaristes : Robert Clouse, Fred Weintraub
  • Monteurs : Peter Cheung, George Grenville
  • Directeur de la photographie : Robert Jessup
  • Compositeur : Lalo Schifrin
  • Chef Maquilleur : Jimi White
  • Chef décorateur : -
  • Directeur artistique : Joseph M. Altadonna
  • Producteurs : Raymond Chow, Terry Morse Jr., Fred Weintraub
  • Producteur exécutif : Andre Morgan
  • Sociétés de production : Warner Bros., Golden Harvest Company, Paragon Films Ltd.
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeurs vidéo : Vidéofilms (VHS) / UGC Vidéo (1990) / HK Vidéo (DVD, 2007) / Metropolitan Vidéo (coffret DVD)
  • Dates de sortie vidéo : 1990 (VHS) / 9 octobre 2007 (DVD) / 2 octobre 2019 (coffret DVD)
  • Budget : 6 000 000 $ (23 130 000 $ au cours de 2025)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 510 009 entrées / 316 652 entrées
  • Box-office nord-américain : 8 527 743 $ (soit 32 850 000 $ au cours de 2025)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals : Golden Horse Film Festival and Awards 1981
  • Nominations : Golden Horse Film Festival and Awards 1981 : Meilleur montage pour Peter Cheung
  • Illustrateur/Création graphique : © Michel Landi. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Warner Bros., Golden Harvest Company, Paragon Films Ltd. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Tagline : Chicago 1935... Au royaume des gangsters, le Chinois fait sa loi
  • Franchise :
Note des spectateurs :

Tentative maladroite de satelliser Jackie Chan aux Etats-Unis, Le Chinois est un film martial très inégal qui pâtit d’un script anémique et de combats assez décevants. Le film fut une déception aux States, mais un beau succès en France, amorçant chez nous la carrière cinéma de l’ami Jackie.

Synopsis : Jerry est un jeune immigré qui protège le restaurant de son père des malfrats dans le Chicago des années 1930. Fort en art martiaux, il est contraint de participer à un tournoi illégal, lorsque des gangsters kidnappent sa future belle-sœur.

Le Chinois, une tentative de réitérer le succès d’Opération dragon

Critique : A la fin des années 70, le jeune Jackie Chan connaît un certain nombre de succès dans les salles asiatiques et il apparaît pour certains comme le digne successeur de Bruce Lee dans le domaine du film d’arts martiaux. Pourtant, le style de Jackie Chan est très différent, avec un goût prononcé pour les acrobaties (il est initialement artiste de cirque) et un humour à caractère burlesque. Pourtant, cela échappe en grande partie aux producteurs de l’époque qui envisagent de remettre sur le tapis la formule qui a fait d’Opération dragon (Robert Clouse, 1973) un triomphe international.

Ainsi, Le Chinois (1980) est à nouveau une coproduction américano-hongkongaise entre la Warner Bros et la Golden Harvest, tandis que le script tourne à nouveau autour d’un tournoi afin de capitaliser sur une formule jugée imparable. Afin de mettre toutes les chances de leur côté, les producteurs engagent le même réalisateur, à savoir Robert Clouse. Enfin, Jackie Chan étant alors sous contrat avec la compagnie hongkongaise, il n’a guère eu voix au chapitre. Certes, les commanditaires ont mis le paquet en octroyant à la production plus de 6 millions de dollars (soit 23 130 000 $ au cours de 2025) nécessaires pour réaliser ce film en costumes situé dans les années 30 de la Grande Dépression. Mais plusieurs erreurs ont été commises, comme le fait de refuser à Jackie Chan la possibilité de chorégraphier ses combats.

Un bon début, en partie gâché par un script incohérent

Cela explique en grande partie l’échec majeur du Chinois, notamment dans sa dimension purement martiale. En fait, les producteurs ont concédé une première scène de pugilat où Jackie Chan déploie ses tours burlesques avec facétie, avant de lui imposer un style de combat plus rugueux qui ne lui convient pas. Grâce à cette scène de combat initiale, Le Chinois commence plutôt bien et l’on se dit que le jeune artiste martial a réussi son passage aux Etats-Unis. Malheureusement, la suite ne tiendra pas toutes ses promesses, loin de là.

Le Chinois, jaquette DVD

© 1980 Golden Harvest Company – Paragon Films Ltd. – Warner Bros. Tous droits réservés.

Visiblement en peine pour justifier la participation du jeune Asiatique à un tournoi sans règle se déroulant au Texas, les scénaristes ont cru bon développer toute une intrigue fondée sur le crime organisé, typique de la région de Chicago – en réalité entièrement reconstituée au Texas où le tournage s’est intégralement déroulé. Outre une très longue séquence de course en patin à roulettes qui s’avère totalement inutile pour la progression dramatique, et plutôt mal réalisée par un Robert Clouse en petite forme, Le Chinois échoue dans ses digressions censées nous amener au combat final.

Non, Jackie Chan n’est pas un clone de Bruce Lee!

Il faut donc patienter jusqu’au dernier quart d’heure pour enfin assister au morceau de bravoure du film constitué d’un vaste combat anarchique au cœur des rues de la ville de Floresville. Avec des centaines de figurants et des combats enfin intéressants, ce climax devrait satisfaire les fans de films de tatane. Pourtant, là encore, les producteurs et le réalisateur tentent de faire de Jackie Chan un clone de Bruce Lee, avec des petits cris stridents et des mimiques similaires. Certes, Jackie Chan se tire plutôt bien de la gageure, mais cela ne lui ressemble pas du tout. Bien plus tard, dans son autobiographie, l’artiste se dira déçu par le résultat final qui pâtit de multiples mauvaises décisions.

Parmi ces choix douteux, on peut évoquer la présence de la jeune comédienne Kristine DeBell dans le rôle de la petite amie du héros. Celle-ci fait preuve de bien peu de charisme, mais il faut dire pour sa défense que la comédienne écope d’un emploi très mal écrit. De son côté, Mako fait un mentor plutôt convaincant, tandis que José Ferrer est venu toucher son chèque sans trop se fatiguer en parrain de la pègre.

Le Chinois, une déception aux Etats-Unis, mais un succès français

Pâtissant d’une réalisation peu inspirée de Robert Clouse et d’un score jazzy un peu envahissant de Lalo Schifrin, Le Chinois est donc une première tentative décevante de Jackie Chan afin de percer sur le marché américain. D’ailleurs, le public local ne s’est guère enthousiasmé pour Le Chinois qui fut une réelle déception avec un gain de 8 527 743 $ (soit 32 850 000 $ au cours de 2025). Très loin donc des 21 483 063 $ (soit 151 380 000 $ au cours de 2024) décrochés par Opération dragon en 1973.

Pourtant, si les Américains n’ont pas accroché à cette proposition de cinéma, les Français, eux, ont eu une toute autre attitude. Certes, Le Chinois n’a pas réussi à égaler Opération dragon (plus de 4,4 millions de spectateurs en plein cœur de la vague Bruce Lee), mais son exploitation s’est conclue tout de même par 1,5 million d’amateurs de films martiaux. Proposé à un vaste public par UGC, Le Chinois dispose de nombreuses salles à Paris et en province et décroche la première place du box-office hebdomadaire de la semaine du 18 février 1981, dépassant largement la comédie avec Francis Perrin Le roi des cons (Claude Confortès).

Une carrière française inscrite dans la durée

Jackie Chan attire 105 343 Parisiens et 208 956 Français pour sa semaine d’investiture. Un très bon score qui se retrouve la semaine suivante avec déjà un total de 388 066 spectateurs en quinze jours. La chute s’avère correcte en troisième semaine et le métrage dépasse les 522 000 tickets sur toute la France. Au bout d’un mois, le film d’action demeure assez stable, notamment grâce à la province qui lui octroie encore plus de 100 000 tickets. Fin mars, le film dévisse sur Paris où il doit laisser la place à d’autres nouveautés. Alors qu’à Paris le film va mourir à petit feu, terminant sa carrière à 316 652 entrées, la province va encore goûter à ses charmes exotiques durant de longues semaines.

Ainsi, mi-avril, Le Chinois a déjà affolé 900 000 Français et il ne doit patienter que jusqu’à la fin du même mois pour franchir le cap fatidique du million d’entrées. D’une insolente stabilité, le métrage sorti au mois de février est toujours d’actualité en province à l’approche de l’été. C’est d’ailleurs à partir du 8 juillet 1981 que les spectateurs français se ruent voir L’Équipée du Cannonball (Hal Needham, 1981) où ils peuvent retrouver Jackie Chan dans une autre tentative pour séduire le marché américain, cette fois-ci aux côtés de Burt Reynolds. Le Chinois termine son tour de France par les stations balnéaires estivales et cumule 1 510 009 entrées.

D’ailleurs, pour la France, Le Chinois est assurément une date importante puisque c’est le succès commercial qui a permis aux amateurs de découvrir tous les anciens Jackie Chan en salles, le tout dans le plus grand désordre. En VHS, Le Chinois a également fait le bonheur des vidéo-clubs chez UGC Vidéo. Le titre a été repris du temps du DVD par HK Vidéo, puis Metropolitan Vidéo. Toutefois, pour l’instant, pas de rayon bleu à l’horizon, du moins dans nos contrées.

Critique de Virgile Dumez

Box-office France : Le Chinois

Au début de l’année 1981, UGC veut faire du film Le Chinois l’événement du cinéma d’action du trimestre. Leur objectif est de faire de Jackie Chan une star. Pour le sortir du relatif anonymat, l’acteur est convié par UGC et Europe 1 sur tous les plateaux de télévision, comme le Collaro Show, mais également en salle, notamment lors d’une projection événement au Rex. C’est le PDG d’UGC Guy Verrecchia qui accueille lui-même le successeur annoncé de Bruce Lee.

Dans ce contexte, l’emballement autour du film d’action dont l’affiche a été brillamment créée par Landi est tel que le film entre en 1e place sur la capitale avec 105 343 spectateurs quand certains attendaient le nouveau Francis Perrin, Le Roi des cons à cette place. Celui-ci sortait le même jour dans exactement le même nombre d’écrans. Le classement est alors obèse de films culte : Viens chez moi, j’habite chez une copine (70 000 entrées en 4e semaine), Flash Gordon (31 000 entrées en 4e semaine), Vendredi 13 (29 000 entrées en 2e semaine), La Boum (28 000 entrées en 10e semaine), Brubaker (23 00 entrées en 6e semaine), Le dernier métro (22 000 en 23e semaine) et Le Lagon Bleu (19 000 en 4e semaine).

Outre Le roi des cons (76 000), Le Chinois affrontait pléthore de nouveautés comme le bouleversant Eugenio de Luigi Comencini qui triomphe (41 000, 10 salles), Le changement de saison de Richard Lang avec Anthony Hopkins, Bo Derek et Shirley MacLaine (19 000, 14 salles), le documentaire Houston Texas (18 000, 6 salles), Le salon de musique de Satyajit Ray (8 244, 4 salles), et même Les jouisseuses de Hong-Kong (8 633, 4 salles) déterminé à jouer la carte Jackie Chan jusqu’au bout.

Jackie Chan est à l’attaque dans 9 salles en intra-muros : le Rex où il est applaudi par 21 000 spectateurs, l’UGC Ermitage où ils sont 9 000, le Miramar (7 000), l’UGC Gobelins (5 400), mais aussi le Magic Convention, le Mistral, l’UGC Danton, les 3 Murat et le Paramount Montmartre.

On notera que dès cette première semaine, Le Chinois est capable d’envoyer des copies dans quelques grandes villes où il est systématiquement numéro 1. C’est le cas de Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, et Toulouse. Il est aussi à l’affiche à Nantes, mais il doit se contenter de la 2e place, derrière la 4e semaine en tête de Viens chez moi, j’habite chez une copine.

En 2e semaine, le divertissement glisse en 3e place parisienne (67 000, 23 salles), et se laisse dépasser par Le Roi des cons, stable en 2e place. Jackie Chan est résistant en 3e semaine (48 000, 23 salles), en 4e semaine (36 000, 24 salles), en 5e semaine (24 000, 18 salles) et en 6e semaine (13 000, 13 salles)…

C’est en 7e semaine que la comédie d’action dépasse les 300 000 entrées, avec 6 000 entrées de plus dans 4 salles.

A l’issue de son exploitation parisienne de 11 semaines, Le Chinois aura glané plus de 315 000 entrées.

Pour UGC, l’affaire est plus que concluante. Le distributeur qui sort du succès de Hurlements de Joe Dante en janvier 1981 (1 200 000), va bénéficier de beaux succès durant l’année (PulsionsMalevilPour la peau d’un flicEspion lève-toi), mais cette expérience dans le kung-fu à plus de 1 510 000 entrées France confirme qu’il faut également exploiter le cinéma d’action populaire, ce qu’ils feront en mai 1981 avec Le fureur du juste (200 000) et en juillet avec L’équipée du Cannonball (988 000 entrées), blockbuster américain, avec des stars comme Burt Reynolds, Roger Moore, Farah Fawcett et… Jackie Chan. Et pour cause, Raymond Chow et sa Golden Harvest ont produit ce bolide d’Hal Needham.

Box-office de Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 18 février 1981

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Affiche Le Chinois de Michel Landi, avec Jackie Chan

© 1980 Golden Harvest Company – Paragon Films Ltd. – Warner Bros. / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Biographies +

Robert Clouse, Jackie Chan, Mako, José Ferrer, Ron Max, Kristine DeBell

Mots clés

Cinéma hongkongais, Comédie d’action, Les gangsters au cinéma, Les enlèvements au cinéma, Le Texas au cinéma, Les tournois au cinéma

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Affiche Le Chinois de Michel Landi, avec Jackie Chan

Bande-annonce de Le Chinois (VA)

Action, Arts martiaux, Comédie

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