L’avion de l’apocalypse : la critique du film (1982)

Epouvante-Horreur, Gore | 1h32min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
L'avion de l'apocalypse, affiche française

  • Réalisateur : Umberto Lenzi
  • Acteurs : Francisco Rabal, Eduardo Fajardo, Mel Ferrer, Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Maria Rosaria Omaggio, Benito Pacifico, Manuel Zarzo, José Canalejas
  • Date de sortie: 23 Juin 1982
  • Nationalité : Italien, Espagnol, Mexicain
  • Titre original : Incubo sulla città contaminata
  • Titres alternatifs : L'invasion des zombis / Nightmare City
  • Année de production : 1980
  • Scénariste(s) : Antonio Cesare Corti, Luis María Delgado
  • Directeur de la photographie : Hans Burman
  • Compositeur : Stelvio Cipriani
  • Société(s) de production : Dialchi Film, Lotus Films
  • Distributeur : PM Productions
  • Éditeur(s) vidéo : Super Vidéo Productions (VHS, 1981) / Vidéo Spectacles (VHS) / Marathon Pictures (VHS) / Néo Publishing (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 30 octobre 2004 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 53 236 entrées / 1 813 entrées
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : Inconnu
  • Crédits : Minerva Pictures
Note des spectateurs :

Au bord de la sortie de piste, L’avion de l’apocalypse est un vilain petit canard pétri de défauts, mais d’une incroyable générosité en matière de scènes choc. Du bon gros bis qui tache.

Synopsis : Après avoir vu des zombies déferler d’un avion militaire, un reporter tente de retrouver sa femme et d’échapper aux monstres assoiffés de sang qui envahissent la ville.

Une exploitation opportuniste du phénomène Zombie

Critique : Le cinéaste Umberto Lenzi vient de tourner plusieurs polars d’excellente tenue en cette fin des années 70. On peut citer parmi ses réussites Brigade spéciale (1976), Le clan des pourris (1976), Le cynique, l’infâme et le violent (1977) ou encore Echec au gang (1978). Toutefois, après le succès international remporté par le Zombie (1978) de George A. Romero, les producteurs italiens abandonnent assez rapidement le polar pour se concentrer sur ce qui rapporte de l’argent : le cinéma horrifique gore. Alors qu’il n’a aucun goût pour ce type de cinéma, Umberto Lenzi est contraint de se conformer aux lois du marché et signe plusieurs œuvres particulièrement gratinées en matière de gore. Il surfe notamment sur le succès obtenu par Ruggero Deodato avec Cannibal Holocaust (1980) et livre en peu de temps La secte des cannibales (1980) et Cannibal Ferox (1981).

L'avion de l'apocalypse, la jaquette DVD

© 1980 Minerva Pictures / © 2004 Néo Publishing. Tous droits réservés.

Au même moment, Lenzi accepte de tourner L’avion de l’apocalypse (1980) qui est un démarquage à peine voilé du Zombie de Romero. Cette coproduction entre l’Italie, l’Espagne et le Mexique n’a pas de grande ambition si ce n’est d’exploiter un thème décidément à la mode. On notera que Lenzi souhaitait engager des acteurs comme Tomás Milián ou encore Fabio Testi, mais que les coproducteurs mexicains ont imposé Hugo Stiglitz, acteur qui est un fidèle collaborateur du réalisateur bis René Cardona Jr. Lenzi se résigne à accepter un interprète moins charismatique, mais parvient toutefois à embaucher quelques pointures comme Francisco Rabal ou Mel Ferrer.

L’acte de naissance des zombies véloces

Sans doute conscient de la relative médiocrité d’un script qui multiplie les personnages afin d’éviter de trop les caractériser, Lenzi choisit de se concentrer sur le rythme du film. Il ne cherche aucunement à rendre ses zombies effrayants contrairement à son compatriote Lucio Fulci dans son très macabre L’enfer des zombies, Zombi 2 (1979).  Pire, ses zombies – en réalité des infectés par des radiations – sont affublés de maquillages grossiers qui évoquent davantage une pizza avec lardons que des chairs en putréfaction. Afin de compenser leur manque de charisme, Lenzi opte pour une vélocité qui ne peut qu’étonner. Effectivement, depuis Romero, les zombies sont généralement d’une lenteur inquiétante, mais Lenzi choisit d’en faire des adversaires rapides et redoutables. Il anticipe ainsi de quelques décennies la mode du zombi sprinter qui sera popularisé par 28 jours plus tard (Boyle, 2002).

Lâché sans aucun script à illustrer, Lenzi se lance dans l’action à corps perdu et multiplie ainsi les scènes d’agression et les massacres, ceci pour le plus grand plaisir des bisseux qui feront leur deuil de toute ambiance réellement effrayante. Entre l’attaque d’un aéroport, l’invasion d’un hôpital et le massacre au cœur d’une station de télévision, Lenzi bombarde le spectateur de séquences agressives, souvent caractérisées par des délires gore plus ou moins maîtrisés. Ici, on arrache des seins, on mord des gorges offertes, là on arrache les yeux de victimes souvent féminines et dénudées. L’ensemble ne peut clairement pas être pris au sérieux, mais s’avère d’une grande générosité en matière de bis.

Un dérapage non contrôlé au charme bis indéniable

Bien entendu, pour justifier ce déluge de séquences hystériques, Lenzi y va de son petit commentaire sur les dérives de la société moderne, avec la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaines. Histoire de combler quelques trous narratifs, il nous donne à voir la réaction pas très efficace d’une armée dépassée (Mel Ferrer fait un général pas vraiment convaincant et Francisco Rabal semble là pour payer ses impôts).

Affiche italienne de L'avion de l'apocalypse

© 1980 Minerva Pictures

Toutefois, malgré ce manque évident de soin dans la conception du long-métrage, et notamment au niveau des effets spéciaux, assez sommaires, L’avion de l’apocalypse bénéficie d’un montage diablement efficace, d’une réalisation rentre-dedans et d’une étonnante partition musicale de Stelvio Cipriani. On apprécie également la localisation des extérieurs près de Madrid, ce qui est finalement assez peu fréquent dans le bis rital. Uniquement adressé à un public  venu passer un moment de détente fun, ce long-métrage brinquebalant déploie une telle générosité dans l’action qu’il ne peut laisser indifférent. Certains dérapages permettent de rire, sans que l’on décroche pourtant du spectacle offert. Il est tout de même difficile de défendre la fin du film, totalement sabordée par des auteurs en manque d’inspiration.

L’avion de l’apocalypse, nanar ou film sympathique ?

Sorti en catimini dans les salles françaises au mois de juin 1982 et assorti d’une interdiction aux moins de 18 ans, L’avion de l’apocalypse a finalement été peu vu au cinéma (53 236 entrées sur tout le territoire national). La plupart des fans de cinéma horrifique l’ont découvert par le biais de la VHS qui a permis de faire du long-métrage une œuvre qui possède autant de défenseurs que de détracteurs.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 juin 1982

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L'avion de l'apocalypse, affiche française

© 1980 Minerva Pictures

Box-office :

Parangon du film d’exploitation en VHS, L’avion de l’apocalypse a fait très tôt son apparition sur le marché de la vidéocassette et passera d’un éditeur à l’autre, avec des commercialisations abusives sous différents titres et des jaquettes totalement mensongères. Conspué par Mad Movies et autres fanzines du cinéma de quartier, le sous Zombie de Romero, traînait une salle réputation, et une copie sacrément sombre et mauvaise en cassette-vidéo pour ne rien arranger.

Peu de spectateurs ont eu le plaisir de le découvrir sur le grand écran. Sorti au début de l’été 1982, le Lenzi survitaminé a surtout souffert d’être lancé par un distributeur tout jeune, de moins de deux ans d’âge (PM Productions) et dont c’était à peine la 7e sortie en salle. Il ne trouve que deux écrans parisiens pour une unique semaine d’exploitation.

Le George V n’en tire que 642 entrées, ce qui est une contreperformance patente pour une salle située sur les Champs Elysées, et le Lumière, sur les Grands Boulevards, à côté de l’UGC Opéra, où le bis rital trouve le moyen de s’en tirer à 1 172 spectateurs.

Beaucoup de films d’épouvante étaient alors exploités sur Paris. C’était notamment la semaine d’introduction du slasher Meurtre à la Saint-Valentin (12 914 entrées dans 17 cinémas, dont le MaxLinder). En deuxième semaine Halloween 2 culbutait 20 392 adolescents et L’incroyable alligator croquait dans la chair de 22 247 amis des reptiles. C’était aussi la deuxième semaine de l’ersatz d’Alien, La galaxie de la terreur (9 475), de Cannibal Ferox (4 910 garçons bouchers), la 3e du malsain Cauchemars à Daytona Beach  qui perdait toute ses salles à l’exception du Paramount Marivaux (879). En huitième semaine Massacre à la tronçonneuse, enfin désixé, tranchait encore dans le lard. 899 curieux pour un score parisien excellent à plus de 138 000 amateurs de cinéma culte.

L’avion de l’apocalypse est resté sept jours à l’affiche sur Paris-Périphérie et fait partie des films d’horreur qui ont le moins attiré en salle sur la capitale. Avec 1 813 spectateurs, il rejoint Ilsa la tigresse du goulag (2 837), Dans les griffes du loup garou (2 765), La nuit des fous vivants de Romero (2 669),  La tour du diable (2 680), Fascinations de Jean Rollin (2 522), Conqueror de Fulci (1 178), Baiser macabre de Bava fils (1 076), Les deux orphelines vampires de Jean Rollin (698) ou Crime au cimetière étrusque (246) parmi les bides absolus.

Frédéric Mignard

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L'avion de l'apocalypse, affiche française

Bande-annonce de L'avion de l'apocalypse (VO)

Epouvante-Horreur, Gore

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