En dépit d’une atmosphère intéressante Il Nero, l’homme qui venait de la Caroline est un western spaghetti miné par un budget bien trop faible et des choix parfois discutables.
Synopsis : Un jeune homme qui revient dans son village pour se venger des assassins de son frère reçoit l’aide d’un mystérieux pistolero tout de noir vêtu.
Critique : Après quelques rôles secondaires dans plusieurs westerns italiens (Les forcenés, Les Cruels, Johnny le bâtard), Claudio Gora passe derrière la caméra en 1969 pour réaliser le sien. Si le genre se porte encore plutôt bien à cette époque, on s’aperçoit assez vite de l’indigence du budget du film. Ainsi, Il Nero ne nous en mettra jamais plein les yeux, la faute à des décors peu crédibles et à un manque d’action patent. A vrai dire, nous ne sommes pas loin d’une production artisanale à la Demofilo Fidani !
Il Nero, l’homme qui venait de la Caroline : un western étrange et déroutant
S’il apparait difficile de recommander le visionnage de ce métrage à quiconque, les amateurs les plus jusqu’au-boutistes du genre y trouveront toutefois leur compte. En particulier les défenseurs de l’œuvre de Fidani et les amateurs d’expérimentations à la Matalo ou El Puro, la rançon est pour toi. En effet, Il Nero se caractérise par une atmosphère étrange et fourmille d’idées bizarres à la limite du ridicule qui le font se démarquer du tout-venant.
A titre d’exemples, nous ne sommes pas loin du cartoon lorsque le personnage d’Il Nero court en pleine fusillade, protégé derrière un bout d’enseigne, où lorsque des notables l’implorent de l’épargner de façon grotesque. Drôle d’idée également que de l’affubler d’un petit chien qu’il n’hésitera pas à maltraiter à l’occasion, apparaissant comme un véritable psychopathe. Enfin, le montage étrange, digne des expérimentations de Godard, déroute grandement le spectateur, sans savoir si cela est volontaire ou non. Ajoutez à cela une musique totalement inappropriée, aux sonorités proches du cirque, dont la coloration guillerette jure avec la violence des scènes à l’écran, et vous obtenez un métrage parfaitement déconcertant.
Bien que singulier, Il Nero, l’homme qui venait de la Caroline demeure un film absolument dispensable
Malheureusement, il est difficile de crier au génie tant Il Nero, l’homme qui venait de la Caroline manque de maîtrise, en particulier au niveau de son script. Les longueurs sont légion, la faute à un scénario particulièrement décousu. Certes, la seule version disponible du film fut charcutée par un montage horrible, mais il n’empêche que le propos demeure profondément ennuyeux. Et il ne faut pas compter sur les performances d’acteurs pour compenser cet état de fait. Carlo Giordana, frère du talentueux Andrea et fils du réalisateur, peine à convaincre en héros étonnamment sensible, et Venantino Venantini cabotine de manière outrancière dans son interprétation de l’antagoniste. Seul Tony Kendall, qui incarne le fameux Il Nero, parvient à sauver les meubles.
Si l’on glane quelques idées intéressantes de ci-de là, à l’image de cette scène de torture sadique à coups de torches ou du duel final chorégraphié comme un chambara, force est de constater que l’on prendra peu de plaisir à visionner cet Il Nero, à moins d’être sensible à son étrangeté et à son esthétique faite de bric et de broc.
Critique de Kevin Martinez
Les westerns spaghettis sur CinéDweller
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