Dans Gunman, Sean Penn s’érige contre les multinationales dans un thriller géopolitique qui épouse les cavités d’une coquille creuse.
Synopsis : Ex-agent des forces spéciales, Jim Terrier est devenu tueur à gages. Jusqu’au jour où il décide de tourner la page et de se racheter une conscience en travaillant pour une association humanitaire en Afrique. Mais lorsque son ancien employeur tente de le faire tuer, Jim n’a d’autre choix que de reprendre les armes. Embarqué dans une course contre la montre qui le mène aux quatre coins de l’Europe, il sait qu’il n’a qu’un moyen de s’en sortir indemne : anéantir l’une des organisations les plus puissantes au monde…
Critique : Flop patenté à l’échelle mondiale, et en particulier aux USA, où la série B a atteint péniblement les 10M$, Gunman part d’une bonne intention. Le goût inné de Sean Penn pour l’humanitaire l’a probablement incité à accepter d’œuvrer dans un thriller d’action de quinqua, à la Liam Neeson (Taken) ou à la Kevin Costner (3 days to kill). Il serait donc question de joindre l’utile à l’agréable, puisqu’à cette occasion, l’ex de Robin Wright pourrait se révéler aux yeux d’une population jeune, acquise au genre de l’action, mais qui méconnaît totalement sa filmographie qui s’étale sur trois glorieuses décennies. L’estampille qualité de Sean Penn est apposée à des œuvres hollywoodiennes toujours respectables, chez Woody Allen, Alejandro González Iñárritu, Gus Van Sant, Terrence Malick, Brian de Palma ou encore Clint Eastwood.
Jusqu’à présent, on n’avait jamais senti l’acteur-réalisateur à la recherche d’un hit public, et, curieusement, Gunman, où il arbore une musculature à-propos, ne l’engage pas plus dans cette quête un peu veine pour un talent de sa trempe, tant son jeu, si remarquable à l’accoutumée, est ici transparent, voire désincarné.
L’œuvre aux intentions louables qui évoque comment les multinationales pillent les ressources africaines, au grand dam de la stabilité politique et humaine du continent, est atone, à commencer par la réalisation peu musclée du Français Pierre Morel, instigateur du premier Taken et de Banlieue 13.
Le scénario cumule les tares : homme de main à éliminer, complicité, duplicité, rédemption… Les personnages n’ont aucune existence propre. Le mercenaire Penn, devenu acteur d’une OMG huit ans après le meurtre d’un ministre africain, la tête mise à prix, passe du Congo à Londres, pour finir à Barcelone, avec une facilité scénaristique qui ennuie. Son (ancienne) amie, n’est qu’une façade niaise de bonnes intentions caritatives, et le rebondissement du meilleur pote qui s’avère être forcément le plus à-même de le poignarder dans le dos, est un ressort tellement évident, qu’il devient lourd quand le rôle est confié à Javier Bardem : après Skyfall et Cartel, la star ibérique transpire la bad-guy attitude et cela annihile tout twist potentiel.
Gunman, sorti en France pour la Fête du Cinéma pour amortir le choc, est à la hauteur de sa réputation, une œuvre anodine, incapable de fournir le frisson de l’émotion, qui noie son discours géopolitique dans un recours ronflant à l’action. Le pire film de Sean Penn depuis Shanghaï surprise avec Madonna en 1986.
Sorties de la semaine du 24 juin 2015
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