Terrifier 2 : la critique du film (2023)

Horreur | 2h18min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche française de Terrifier 2

  • Réalisateur : Damien Leone
  • Acteurs : David Howard Thornton, Jenna Kanell, Samantha Scaffidi
  • Date de sortie: 11 Jan 2023
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Terrifier 2
  • Titres alternatifs : Terrifier 2: El Payaso Siniestro (Mexique, Argentine, Colombie), El Payaso Siniestro: Terrifier 2 (Pérou), Terrifier 2 - O Regresso (Portugal)
  • Autres acteurs : Amy Russ, Charlie McElveen, Chris Jericho,, Elliott Fullam, Felissa Rose, Georgia MacPhail, Griffin Santopietro, Kailey Hyman, Lauren LaVera, Tamara Glynn, Wesley Holloway
  • Scénariste : Damien Leone
  • Monteur : Damien Leone
  • Compositeur : Paul Wiley
  • Directeur de la photographie : George Steuber
  • Producteurs : Phil Falcone, en coproduction avec George Steuber, Jason Leavy, Michael Leavy, Damien Leone, Steven Della Salla
  • Sociétés de production : Dark Age Cinema, Fuzz on the Lens Productions
  • Distributeur : ESC Distribution (France) Shadows (France) / Cinedigm Entertainment Group (USA)
  • Editeur vidéo : ESC Vidéo (France) / Cinedigm Entertainment (USA)
  • Date de sortie vidéo : 27 décembre 2022 (USA)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 70 939 entrées / 22 288 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 10 640 105 $ / 12 660 555$ (recettes arrêtées au 8/01/2023)
  • Budget : 250 000 $
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans (France) / Unrated (USA)
  • Formats : 1.78 : 1 / Couleur (DCP) / 5.1
  • Festivals et récompenses : FrightFest (Royaume-Uni, 2022), Fantastic Fest (USA, 2022), Splatterday Night Fever (Allemagne, 2022)
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Dark Age Cinema LLC. All Rights Reserved. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Après The Sadness, l’éditeur vidéo ESC s’essaie une fois de plus à la distribution cinéma, associé à la plateforme Shadowz, et propose Terrifier 2, le film d’horreur phénomène du box-office américain, en 2022, au cinéma. Interdit aux moins de 16 ans, cela va sans dire.

Synopsis : Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

Critique : Terrifier 2 est la troisième apparition du désormais fameux Art le clown. Il était en effet déjà apparu dans l’anthologie All Hallows’Eve – qui agrégeait en réalité deux courts métrages de Damien Leone, The 9th Circle et Terrifier (2008 et 2011). Evidemment, il était la vedette du premier long-métrage du même réalisateur, Terrifier (2016).

Terrifier 2 joue la surenchère jusque dans sa durée : près de 2h20, c’est astronomique pour un film de ce genre. S’il tient sa promesse d’un spectacle toujours plus gore et méchant, le long-métrage dilue cependant son efficacité dans son ambition malvenue de vouloir à tout prix esquisser une mythologie autour de ses personnages.

Le premier Terrifier, déjà, ne brillait pas par son originalité. Un clown tueur à la poursuite de jeunes femmes dans un immeuble déserté, et voilà une énième variation autour de la figure du Mal implacable à la Michael Myers. Seulement le film, et donc sa suite, possèdent un atout imparable : son boogeyman.

La figure même du clown tueur est lessivée depuis que John Wayne Gacy a inspiré nombre de fictions, du métaphysique Ça de Stephen King et sa célèbre adaptation pour la télévision dans les années 90 (inoubliable Tim Curry pour les enfants impressionnables que nous étions alors) jusqu’à la SF grotesque de Stephen Chiodo et son Killer Klowns from Outer Space.
Sans oublier les différentes incarnations du Joker, figure tutélaire de tous les clowns criminels. Mais avec Art, Damien Leone et son interprète, David Howard Thornton (que l’on retrouvera dans The Mean One, une nouvelle adaptation du Grinch qui s’annonce plus violente, mais surtout nanardesque) trouvent l’incarnation ultime d’un clown tueur, radicale et jusqu’au-boutiste. Complètement muet, Art passe régulièrement par la pantomime pour se faire comprendre, et surtout menacer. Bien aidé par son look de Pierrot maléfique aux dents pourries, sa simple apparition dans le cadre a de quoi faire frissonner. Ainsi, après un premier épisode efficace, peu avare en séquences de boucherie qui ravage les visages ou scinde les corps en deux à l’aide d’une scie, on comprend l’envie du réalisateur d’y revenir une seconde fois (voire une troisième), surtout après un bouche à oreille qui s’est avéré favorable sur le long terme.

Terrifier 2 reprend à la fin du premier épisode, qui voyait Art revenir mystérieusement à la vie après s’être pris une balle dans la tête. Couvert de sang, son éternel rictus aux lèvres et son petit chapeau noir bien attaché, le voilà qui assassine le légiste en lui explosant la figure à coup de marteau, lui ravit un œil pour remplacer le sien emporté par la balle et éclate son crâne à mains nues pour en récupérer le cerveau. Le tout en quelques plans bien frontaux.

Le ton est donné, on est dans la lignée parfaite du précédent. Mais voilà que, tout revenu d’entre les morts qu’il est, lui apparaît un double féminin, sa Harley Quinn pourrait-on dire, tout aussi muette et grimaçante. Par le biais d’un témoin assistant à la scène, nous comprenons qu’elle n’existe que dans sa tête. Serait-ce l’incarnation de l’entité qui a permis son retour à la vie ? Le film ne répondra pas à la question, laissant la porte ouverte à un troisième épisode.

Après ce début plutôt prometteur, Terrifier 2 introduit, sur fond de musique eighties plutôt ringarde, le personnage féminin qui doit servir de relais au spectateur. Plutôt fade, à l’incarnation quelconque, la demoiselle est cosplayeuse et se fabrique le costume façon Wonder Woman d’un personnage créé par son défunt père, jadis dessinateur. Évidemment, tout ça pour la soirée d’Halloween à venir, pour faire original. Conflit familial avec sa mère et son frère qui voue un culte inquiétant au clown tueur, clichés habituels de la petite famille de banlieue dysfonctionnelle à la Spielberg, l’incarnation en moins, on passera vite fait sur ces séquences assez pénibles qui font plutôt office de passages obligés.

Alors d’accord, l’intérêt du film repose dans l’attente du massacre à venir, sorte de catharsis régressive typique de ces purs produits américains que l’on n’en peut plus de voir depuis, déjà, les années 80. Mais on rappelle tout de même que le film dure 2h20 ! Et s’il reste toujours créatif et graphique dans ses séquences de meurtre, nombreuses, il se complique aussi de séquences oniriques totalement hors-sujet, si ce n’est pour nous faire comprendre que le défunt papa de l’héroïne connaissait l’existence d’Art, ou de l’entité maléfique derrière lui, et savait comment l’éliminer. Mais tout cela a le paradoxe d’être à la fois à peine esquissé et pourtant de gonfler inutilement l’intrigue jusqu’au final dans la maison hantée poisseuse d’un parc d’attraction. Il est difficile de justifier ce choix logique des personnages autrement que par l’envie soudaine du cinéaste qui a dû avoir envie de faire sa propre version de Massacre dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981). C’est évidemment l’endroit qui va servir de pont à l’autre dimension, sorte de loge noire de Twin Peaks version fête foraine ou encore la dimension fantôme de Poltergeist (encore Tobe Hooper, on se souvient aussi de sa poupée clownesque…), un imaginaire fantastique à la Freddy qui arrive comme un cheveux sur la soupe, bien trop tard pour susciter l’intérêt.

Pourtant, à défaut d’être visionnaire, la mise en scène de Leone est carrée, et il sait admirablement mettre en valeur ses effets pratiques. Son intention  d’iconiser toujours plus son clown maléfique est louable, d’autant plus que le personnage est vraiment la réussite du film. À tel point que l’on redoute l’inévitable troisième volet, qui sûrement se verra dans l’obligation de raconter les origines d’Art et d’en détailler la nature maléfique, alors que l’on souhaiterait qu’il reste tel quel : une force maléfique, implacable, mystérieuse et farceuse, incarnation parfaite de la méchanceté la plus grotesque, gratuite et perverse.

En attendant, on s’amusera tout de même de la séquence d’accouchement postgénérique, retour du Mal par sa victime défigurée qui ouvrait le premier épisode. La promesse de nouvelles boucheries à faire « vomir l’Amérique entière » !

Critique : Franck Lalieux

Les sorties de la semaine du 11 janvier 2023

Affiche française de Terrifier 2

D’après le design américain de Creepy Duck Design. Tous droits réservés.

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