Destination planète Hydra : la critique du film (1974)

Science-fiction, Comédie, Nanar | 1h29min
Note de la rédaction :
4/10
4
Destination planète Hydra, l'affiche

  • Réalisateur : Pietro Francisci
  • Acteurs : Gordon Mitchell, Leonora Ruffo, Kirk Morris, Mario Novelli, Pietro Francisci, Leontine May (Leontine Snell), Alfio Caltabiano, Roland Lesaffre
  • Date de sortie: 23 Jan 1974
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : 2+5: Missione Hydra
  • Titres alternatifs : Starbird (titre vidéo français alternatif) / Star Pilot (USA) / Raumkreuzer Hydra - Duell im All (Allemagne) / Encuentros en las galaxias (Espagne) / Os Monstros do Planeta Hidra (Brésil)
  • Année de production : 1966
  • Scénariste(s) : Pietro Francisci, Fernando Paolo Girolami
  • Directeur de la photographie : Giulio Albonico, Silvano Ippoliti
  • Compositeur : Nico Fidenco
  • Société(s) de production : Golden Motion Pictures, Sarda Cine Service
  • Distributeur (1ère sortie) : Sofradis
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : MPM Production (VHS, 1981) / Hermès Productions (VHS sous le titre Starbird) / Artus Films (DVD, 2015)
  • Date de sortie vidéo : 1er septembre 2015 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : : Chiffres non communiqués par le distributeur
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Artus Films
Note des spectateurs :

Entre comédie légère et space opéra, Destination planète Hydra ne sait pas choisir. Le résultat, hybride, est assez piteux et doit être vu avec une bonne dose de second degré.

Synopsis : Un OVNI a été observé à Molino. Le professeur Solmi, avec l’aide de sa fille et de son assistant, va découvrir un vaisseau spatial au fond d’un gouffre. A la suite d’une mauvaise manœuvre, des extra-terrestres ont, en effet, dû se poser sur la Terre. Ceux-ci enlèvent le groupe d’humains pour les emmener sur leur planète. Mais le voyage intergalactique va prendre une tournure improbable.

Un réalisateur en perte de vitesse

Critique : Réalisateur spécialisé dans le péplum, Pietro Francisci a su donner ses lettres de noblesse à un genre populaire, remportant de gros succès avec sa saga des Hercule. Sans aucun doute bien secondé par Mario Bava, Pietro Francisci a livré quelques très bons films comme Les travaux d’Hercule (1958) et surtout Hercule et la reine de Lydie (1959). Toutefois, lorsque le genre décline au milieu des années 60, la carrière de Francisci connaît un arrêt brutal, avec pas moins de trois années sans pouvoir concrétiser le moindre projet.

Destination planète Hydra, la jaquette DVD

© 2015 Artus Films. Tous droits réservés.

Contraint de répondre à la demande du public, Francisci doit s’adapter et se lance donc dans l’écriture et la conception d’un film de science-fiction. Pour mémoire, les Italiens ont peu œuvré dans un genre qui nécessite des moyens conséquents pour être crédible. Il n’y a eu qu’une douzaine de films produits en moins de dix ans dans le genre qui nous préoccupe, la plupart étant d’ailleurs réalisés par Antonio Margheriti. Francisci décide donc de se confronter au genre, mais ne semble pas vraiment convaincu lui-même de ce qu’il est en train de tourner.

Une brève tentative de mise en abyme

En fait, ce qui frappe immédiatement au visionnage de Destination planète Hydra (1966), c’est la légèreté avec laquelle le cinéaste aborde un genre pourtant assez sérieux. Si le film n’est pas une parodie, on sent bien que le réalisateur ne croit pas en ce qu’il filme et opte donc pour un second degré assez étrange. Le long-métrage débute sur un plateau de tournage où l’on peut voir Pietro Francisci lui-même à l’œuvre pour réaliser une publicité kitsch. Au passage, le cinéaste montre plusieurs photos de tournage de ses œuvres précédentes, ce qui atteste de son passé prestigieux.

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Sofradis : box-office 1974

Les archives de CinéDweller – Issu du Film Français

On ne peut y voir qu’une allusion à peine voilée à sa situation actuelle, contraint de réaliser n’importe quoi pour pouvoir manger. Cet essai de mise en abyme se poursuit avec la présence de Leontine May qui joue une jeune fille souhaitant devenir une starlette de cinéma. Celle-ci mise tout sur son physique et arbore ainsi les tenues les plus improbables durant tout le film. Elle s’exclame même qu’elle se croirait sur un plateau de cinéma lorsqu’elle regarde les décors de la grotte et du vaisseau spatial.

Destination planète pop

Pietro Francisci nous indique donc à plusieurs reprises qu’il n’est pas dupe de ce qu’il met en boîte. Toutefois, cet humour constant vient souvent ruiner l’ambiance légèrement mystérieuse ou angoissante qui pouvait sourdre du script. Sans doute conscient de l’absurdité du scénario qu’il doit illustrer (qui ne tient pas debout), Francisci choisit de transformer cette matière en petit film pop acidulé. Les tenues sont extravagantes, les décors kitsch et la musique très sympathique de Nico Fidenco cherche avant tout l’efficacité immédiate.

Malheureusement, même au cœur d’un genre aussi fantaisiste que la science-fiction, il faut une certaine rigueur scientifique pour rendre crédible les événements évoqués et permettre ainsi la suspension d’incrédulité. Francisci échoue sur ce point malgré quelques bonnes idées (les squelettes dans les combinaisons spatiales, certains décors impressionnants et l’aspect apocalyptique final). La faute en revient essentiellement à des effets spéciaux globalement foireux.

De la science-fiction nanardesque

On ne peut que rire durant les sorties dans l’espace où les acteurs sont filmés au ralenti alors qu’ils sont projetés par des trampolines afin de donner l’impression qu’ils évoluent dans le vide. Lorsque les héros doivent affronter un peuple extraterrestre qui ressemble à des hommes des cavernes, on peut voir à leurs pieds les chaussures des cascadeurs. On pourrait ici allonger la liste de toutes les bourdes et autres invraisemblances qui ruinent à intervalles réguliers les efforts de l’équipe pour nous impliquer dans cette histoire digne d’un très mauvais fumetto.

Dans cette brocante de l’espace qui tient davantage du nanar involontaire, on retiendra le sérieux imperturbable de l’acteur français Roland Lesaffre, ainsi que le jeu assez sûr de la belle Leonora Ruffo. On sera moins tendre avec la pauvre Leontine May qui minaude de manière ridicule pendant tout le film ou  Kirk Morris toujours aussi inexpressif. Notons enfin que Gordon Mitchell, crédité comme star au générique, apparaît en tout et pour tout trente secondes.

Une sortie discrète en France, huit ans après sa création

Echec lors de sa sortie en salles, Destination planète Hydra (1966) a fini par atterrir dans les salles françaises au mois de janvier 1974 pour un résultat que l’on imagine négligeable. On ne voit d’ailleurs pas bien l’intérêt de diffuser une œuvre déjà passablement démodée à cette époque. Le long-métrage a fait l’objet d’une édition DVD chez Artus Films en 2015, avec une copie tout à fait honorable et un entretien passionnant avec le spécialiste du cinéma bis Alain Petit.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 janvier 1974

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Destination planète Hydra, l'affiche

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