Dead Bang : la critique du film (1989)

Policier, Action | 1h42min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Dead Bang, de John Frankenheimer, avec Don Johnson

  • Réalisateur : John Frankenheimer
  • Acteurs : Don Johnson, Ron Jeremy, Penelope Ann Miller, Bob Balaban, William Forsythe, Frank Military, Evans Evans
  • Date de sortie: 07 Juin 1989
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Dead Bang
  • Titres alternatifs : Tiro mortal (Espagne) / Morto a Tiro (Portugal) / Kula w łeb (Pologne) / Dead bang - A colpo sicuro (Italie) / Nincs irgalom (Hongrie) / Dead Bang - Kurzer Prozess (Allemagne) / Na Trilha dos Assassinos (Brésil) / Armado hasta los dientes (Argentine)
  • Année de production : 1989
  • Scénariste(s) : Robert Foster d'après la vie de Jerry Beck
  • Directeur de la photographie : Gerry Fisher
  • Compositeur : Gary Chang
  • Société(s) de production : Lorimar Film Entertainment
  • Distributeur : AAA
  • Éditeur(s) vidéo : Gaumont Columbia TriStar (VHS)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 373 212 entrées / 88 680 entrées
  • Box-office nord-américain : 8,1 M$ (soit 19,3 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Budget : 14,5 M$ (soit 34,6 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Christophe Drochon (affichiste) - Tactics (agence). Tous droits réservés.
  • Crédits : © 1989 Lorimar Film Entertainment
Note des spectateurs :

Polar efficace, Dead Bang avait pour mission d’imposer Don Johnson en star de film d’action. Son échec injuste a contrarié quelque peu les plans de l’acteur, pourtant à l’aise dans le genre.

Synopsis : Jerry Beck, inspecteur à Los Angeles, est dans une mauvaise passe. Il supporte mal son divorce et sa séparation d’avec ses enfants, il essaie d’oublier ses déboires privés dans l’alcool. Chargé d’enquêter sur l’assassinat d’un policier, il soupçonne Bobby Burns, un tueur qui vient de sortir de prison, en liberté surveillée. Mais lors de la perquisition, Burns parvient à s’échapper…

Retour au polar musclé pour Frankenheimer

Critique : Lorsqu’il accepte de réaliser Dead Bang (1989), le réalisateur John Frankenheimer n’est plus vraiment en odeur de sainteté à Hollywood puisque la plupart de ses polars des années 80 ont été des échecs commerciaux, et ceci même lorsqu’ils étaient réussis. Pour son retour derrière la caméra après trois ans d’absence, Frankenheimer s’empare d’un script de Robert Forster très largement inspiré par l’histoire vraie du policier de Los Angeles Jerry Beck (ce dernier est d’ailleurs visible dans le film lors d’une apparition clin d’œil). Sa lutte contre le crime organisé, et notamment contre des groupes suprémacistes blancs, ne pouvait que plaire à Frankenheimer, connu à Hollywood pour son positionnement à gauche de l’échiquier politique.

Pour tenir le rôle principal, le cinéaste réussit à mettre la main sur la star de la télévision Don Johnson. Ce dernier était encore sous contrat pour sa série culte Deux flics à Miami – qui lui a fait rater de belles opportunités comme Les Incorruptibles de De Palma ou encore Piège de cristal de McTiernan – mais la grève des scénaristes de 1988 bloque tous les tournages de séries et Don Johnson peut ainsi tourner Dead Bang dans l’intervalle. Le but du comédien et de la société de production Lorimar était d’imposer la star du petit écran comme un actioner crédible, à l’instar d’un Bruce Willis ou d’un Mel Gibson. Malheureusement, l’échec commercial injuste de Dead Bang en décidera autrement.

Une charge contre le retour du suprémacisme blanc aux Etats-Unis

Il faut dire que Dead Bang démarre de manière un peu trop classique pour se démarquer du tout-venant. On suit effectivement une fois de plus les déboires d’un flic atypique et alcoolique avec sa hiérarchie, tout en découvrant les ruines de sa vie de famille. Rien de bien enthousiasmant, si ce n’est l’excellence de la réalisation de Frankenheimer qui en avait encore sous le pied en multipliant les plans de grue arpentant les façades des immeubles pour mieux se jeter dans la rue afin de suivre les évolutions des personnages. Lorsque l’action intervient, le cinéaste prouve une fois de plus sa parfaite maîtrise du découpage, du placement des acteurs et de l’espace. Les fusillades sont d’autant plus impressionnantes que le cinéaste a fait dans la surenchère en dotant les membres du commando fasciste d’armes de guerre qui explosent tout sur leur passage.

Mais surtout, Dead Bang a le grand mérite d’alerter le public américain sur la résurgence à la fin des années 80 de groupuscules néo-nazis qui reprennent notamment l’héritage du Ku Klux Klan. Certes, l’ensemble manque clairement de nuances puisqu’on est ici dans un pur film de genre, mais la description de ce suprémacisme blanc fait tout de même froid dans le dos, d’autant qu’il est encore plus d’actualité de nos jours dans l’Amérique post-Donald Trump. Finalement, si l’on omet son style typique des années 80 (musique synthétique avec boites à rythmes syncopées), Dead Bang est une œuvre prophétique qui est sans doute plus intéressante et pertinente de nos jours que lors de sa sortie en salles en 1989.

Le cruel échec commercial américain d’un film pourtant solide

Dans le rôle principal, Don Johnson assure vraiment en jeune chien fou qui se contrefiche des règles à suivre. Il est avantageusement secondé par William Forsythe en agent du FBI guindé. Face à eux, Frank Military s’impose sans problème en suprémaciste implacable, même si sa carrière a tourné court depuis et qu’il est devenu le producteur à succès de la série NCIS : Los Angeles. Quant à Penelope Ann Miller, son rôle est curieusement très court, car les auteurs n’ont, semble-t-il, pas voulu s’embarrasser d’une intrigue amoureuse superflue. Bien leur en a pris !

Sorti au mois de mars 1989, Dead Bang n’a pas fait boum au box-office américain puisque le film n’a pas réussi à rembourser son budget sur le sol nord-américain. En France, Dead Bang déboule à la deuxième place du box-office parisien la semaine de son investiture avec 38 036 spectateurs. La semaine suivante voit le film céder du terrain avec 20 253 curieux de plus. Puis, la troisième septaine voit le film dégringoler avec 12 237 tickets déchirés. Dead Bang terminera sa course folle avec 88 680 Parisiens dans sa besace.

Dead Bang, polar depuis longtemps oublié

Sur la France, Dead Bang débarque également en deuxième position derrière la belle continuation de Trop belle pour toi de Bertrand Blier, scotché à la première place. Ils sont 83 575 amateurs de Deux flics à Miami à faire le déplacement. La semaine suivante, Dead Bang rétrocède à la 5ème place avec 50 414 clients de plus. Début juillet, le polar dépasse le seuil des 200 000 tickets vendus. Le film a continué sa petite carrière au cours du mois de juillet dans les stations balnéaires et a fini sa carrière avec 373 212 entrées.

Si l’on excepte une VHS sortie peu de temps après, la France a depuis longtemps oublié ce polar pourtant efficace et Dead Bang demeure à ce jour inédit sur support physique dans nos contrées jusqu’à sa réapparition sur les plateformes VOD.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 juin 1989

Voir le film en VOD

Affiche de Dead Bang, de John Frankenheimer, avec Don Johnson

© 1989 Lorimar Film Entertainment / Affiche : Christophe Drochon (affichiste) – Tactics (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

John Frankenheimer, Don Johnson, Ron Jeremy, Penelope Ann Miller, Bob Balaban, William Forsythe, Frank Military

Box-office :

Sortie sans grand intérêt pour les spectateurs le mercredi 7 juin 1989 qui lui ont réservé un score prévisible, Dead Bang affrontait 12 sorties et la ressortie de Dangereusement vôtre, troisième à Paris au niveau des écrans, avec 26 sites.

Dead Bang était la sortie de la semaine avec 34 écrans contre 26 pour le James Bond, 24 pour Cyborg de Albert Puyn avec Jean-Claude Vandamme et 18 pour La Barbare de Mireille Darc. On notera également 9 sites pour Izzy et Sam, 5 écrans pour l’excellent Crazy In Love / L’amour est un chien de l’enfer, cinq cinémas pour la comédie irlandaise Reefer et le modèle, quatre pour le subversif La petite Vera , 2 écrans parisiens pour Family Viewing d’Atom Egoyan… Vraiment une excellente semaine qualitativement pour l’art et essai. On en jubile encore.

Au niveau des chiffres, ce fut calamiteux pour tout le monde. Le premier jour parisien revient de justesse à Dead Bang grâce à son circuit (5 564), mais c’est Cyborg qui s’en sort le mieux avec 5 377 amateurs de S.F., avec 10 écrans de moins. Don Johnson, star bankable au cinéma : JAMAIS !

Amy Irving dans Izzy & Sam, affiche du film

© 1989 Warner Bros

Exposé essentiellement en banlieue, Dead Bang ne dégote que 12 écrans sur 34 dans l’enceinte de la capitale. AAA a su faire affaire avec le circuit Pathé (Marignan, Clichy, Français, Montparnasse). On retrouve aussi le film au George V, à l’UGC Convention, au Rex, à l’UGC Lyon Bastille, le Mistral, le Nation, le Fauvette et le Forum Horizon.

Avec 38 036 entrées en première semaine, le contexte de crise est tellement catastrophique, que le John Frankenheimer s’en sort pas si mal dans la médiocrité. Le film est 2e hebdo, derrière Trop belle pour toi du grand Blier qui célèbre sa 5e semaine. La coupe de Football et la finale de Roland Garros, ainsi que le beau temps, ont achevé les exploitants.

La deuxième semaine est catastrophique pour tout le monde, avec des chiffres qui fondent au soleil. Dead Bang perd quatre places (en raison de quatre entrées au-dessus), et dégringole à 20 873 spectateurs dans 33 cinémas. Le bouche-à-oreille n’aura pas lieu et il est désormais certain que le polar ne franchira pas les 100 000 en fin de carrière.

Les exploitants ne laissent aucune chance à Dead Bang puisqu’en troisième semaine celui-ci voit son parc de salles décimé (treize écrans en moins). Il jouit au moins de 9 sites en intramuros dont l’UGC Orient Express pour un score de 12 237 entrées et un total provisoire de 70 476 spectateurs.

Pour  la 4e semaine, correspondant à la Sainte Fête du Cinéma, On ne rit plus. Don Johnson passe de 19 à 7 écrans. Seuls le George V, le Pathé Montparnasse, le Pathé Français et le Gambetta l’ont gardé dans la capitale. Les chiffres sont au moins gonflés artificiellement par la Fête du Cinéma (9 375).

En 5e semaine Dead Bang réalise 4 165 entrées dans 4 salles, soit autant que La fameuse Petite Véra qui est d’une belle stabilité dans un circuit indépendant.

Après un passage par La nouvelle Maxéville et, en 8e et dernière semaine, au cinéma de quartier le Hollywood Boulevard, le film achève sa course poursuite à 88 860 amateurs des Deux Flics à Miami. Un bien mauvais score parisien, à l’image du score hexagonal et surtout américain où la série B était rentrée en 5e position en mars de cette année-là pour devenir l’un des bides de l’année 1989.

Box-office de Frédéric Mignard

Les flops de l’année 1989

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Affiche de Dead Bang, de John Frankenheimer, avec Don Johnson

Bande-annonce de Dead Bang (VF)

Policier, Action

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