Dans la peau de Blanche Houellebecq : critique du film et test DVD (2024)

Comédie, Documenteur | 1h28min
Note de la rédaction :
6/10
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Dans la peau de Blanche Houellebecq, l'affiche

  • Réalisateur : Guillaume Nicloux
  • Acteurs : Michel Houellebecq, Luc Schwarz, Gaspar Noé, Jean-Pascal Zadi, Blanche Gardin, Françoise Lebrun
  • Date de sortie: 13 Mar 2024
  • Année de production : 2024
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Dans la peau de Blanche Houellebecq
  • Titres alternatifs : Being Blanche Houellebecq (titre international) / Dans la peau de John Houellebecq (titre de travail)
  • Autres acteurs : Franck Monier, Francky Vincent, Vincent Volkoff, Jean-Louis Gautier, Yann « Ichon » Bella Ola
  • Scénariste : Guillaume Nicloux
  • Monteur : Guy Lecorne
  • Directeur de la photographie : Christophe Offenstein
  • Compositeur : Christophe Chassol
  • Cheffe Maquilleuse : Sylvie Ferry
  • Chef décorateur : Olivier Radot
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : François Kraus, Denis Pineau-Valencienne
  • Producteur exécutif : Sylvain Monod
  • Sociétés de production : Les Films du Kiosque, Les Films du Worso
  • Distributeur : Bac Films
  • Editeur vidéo : Blaq Out (DVD, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 16 juillet 2024
  • Budget : 2 500 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 24 774 entrées / 10 970 entrées
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Festival international du film indépendant de Buenos Aires 2024 : en compétition
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Seznec pour Troïka / Photo : Jean-Claude Lother. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les Films du Worso. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attaché de presse : Jean-François Gaye
  • Franchise : 3ème film d'une trilogie consacrée à Michel Houellebecq
Note des spectateurs :

Dans la continuité de Thalasso, Dans la peau de Blanche Houellebecq amuse par sa volonté de pratiquer un humour ironique, voire sardonique. Michel Houellebecq y apparaît plus décalé que jamais et provoque ainsi le rire dans un ensemble sans filtre.

Synopsis : En Guadeloupe, Blanche Gardin préside un concours de sosie consacré à Michel Houellebecq. Michel s’y rend, mais des événements imprévus vont plonger notre duo au cœur d’une intrigue rocambolesque…

Nicloux / Houellebecq, jamais deux sans trois!

Critique : Depuis L’enlèvement de Michel Houellebecq (2014) et Thalasso (2019), le cinéaste Guillaume Nicloux a pris l’habitude de retrouver l’écrivain Michel Houellebecq pour le placer au centre d’une comédie où l’auteur polémique s’amuse de son image. Dans la peau de Blanche Houellebecq (2024) constitue donc le troisième volet d’une trilogie fort drôle où le cinéaste brouille volontairement la frontière fine entre fiction et réalité documentaire.

A chaque fois, il part de l’image renvoyée par ceux qu’il filme auprès du grand public pour les détourner et en faire autre chose. Après avoir notamment confronté Houellebecq à Gérard Depardieu (pas encore empêtré dans ses affaires judiciaires), voici qu’il l’oppose à Blanche Gardin, figure comique transgressive, mais plutôt à l’autre bout du spectre politique par rapport à l’écrivain.

Nicloux s’en prend au politiquement correct

Grâce à la confiance totale de Michel Houellebecq envers son metteur en scène fétiche, l’écrivain apparaît dans toute sa complexité, avec ses contradictions, ses addictions et le mal-être consubstantiel à sa personnalité. Face à lui, Blanche Gardin est une habituée de l’autofiction puisqu’elle a déjà abolie cette frontière dans sa mini-série nombriliste La meilleure version de moi-même (2021). Elle s’amuse donc ici de son image et offre des répliques savoureuses à un Michel Houellebecq toujours aussi décalé.

Dans la peau de Blanche Houellebecq, photo

© 2024 Les Films du Worso – Bac Films. Tous droits réservés.

Toutefois, Dans la peau de Blanche Houellebecq est surtout amusant par son aspect volontairement offensif sur le plan idéologique. Visiblement irrité par le politiquement correct, Guillaume Nicloux s’en prend de manière générale aux tabous actuels en matière d’humour. En parachutant son duo dans une Guadeloupe où règne une fièvre indépendantiste, il évoque des thématiques fortes comme l’esclavage, le racisme, l’homosexualité et le féminisme sous un angle volontairement ironique, et parfois même sardonique. Il se moque également de la notion d’appropriation culturelle et prend donc le risque de s’aliéner une partie du public.

Une comédie portée par un duo de choc, totalement décalé

Mais il gagne des points en ne donnant jamais vraiment son avis sur ces questions. On le sent énervé par l’autocensure qui règne actuellement dans le domaine de l’humour, mais il ne verse tout de même jamais dans une contestation qui serait récupérable par l’extrême droite. En fait, Guillaume Nicloux s’attaque surtout aux gens sans nuances et qui mettent l’idéologie au-dessus de toute considération humaine.

Au-delà de ces considérations, Dans la peau de Blanche Gardin est également une comédie très drôle portée par un Michel Houellebecq toujours impeccable dans son aspect clownesque et décalé. On apprécie également les interventions de comédiens chevronnés qui jouent leurs propres rôles (Françoise Lebrun, Jean-Pascal Zadi), mais aussi la courte scène avec le réalisateur Gaspar Noé. Et que dire de la scène où le chanteur Franky Vincent livre une version originale de La Marseillaise ? Enfin, le concours de sosie qui constitue le MacGuffin du film donne lieu à des moments de pure comédie tant les différents concurrents ne ressemblent en rien à Houellebecq.

Véritable pochade réalisée entre potes, avec une réelle capacité à improviser et à faire évoluer le film en fonction des aléas de la production, Dans la peau de Blanche Houellebecq est une réussite certaine, toutefois minorée par une fin un peu abrupte. Après le ratage de La tour (2022) et son passage par le film plus consensuel La petite (2023), la comédie rassure sur la capacité de Guillaume Nicloux à rebondir rapidement.

Dans la peau de Blanche Houellebecq, un échec cinglant en salle

Alors que Thalasso a réuni 91 491 spectateurs en 2019 sur le seul nom de Gérard Depardieu, Dans la peau de Blanche Houellebecq n’a pas eu droit à la même sollicitude de la part du grand public. Le contexte n’est certes plus le même et la fréquentation des salles est moindre depuis la crise de la Covid. Toutefois, la comédie insolente a réussi l’exploit de réaliser moins d’entrées que La tour – déjà un bide phénoménal (et mérité, pour le coup).

Pour sa semaine de lancement le 13 mars 2024, la comédie ne génère que 12 482 entrées sur l’ensemble du territoire français. Pourtant, le film était positionné lors d’une semaine assez creuse marquée par l’absence de film porteur (les gros titres étaient les comédies Heureux gagnants avec Audrey Lamy et Fabrice Eboué, Les rois de la piste avec Fanny Ardant et le succès italien Il reste encore demain). Le film a ensuite perdu environ 50 % de ses entrées à chaque semaine, finissant avec seulement 24 774 tickets vendus, dont près de la moitié dans la capitale.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 13 mars 2024

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Dans la peau de Blanche Houellebecq, l'affiche

© 2024 Les Films du Worso / Affiche : Benjamin Seznec pour Troïka / Photo : Jean-Claude Lother. Tous droits réservés.

Biographies +

Guillaume Nicloux, Michel Houellebecq, Luc Schwarz, Gaspar Noé, Jean-Pascal Zadi, Blanche Gardin, Françoise Lebrun

Mots clés

Comédie décalée, Comédie de duo, Documenteur, La drogue au cinéma, Le colonialisme au cinéma

 

Le test DVD

Une édition classique, mais qui bénéficie d’un copieux supplément passionnant à suivre. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Compléments & packaging : 4 / 5

En ce qui concerne le packaging, le DVD est proposé dans un boitier Amaray tout à fait classique, enrobé d’un fourreau qui reprend l’affiche du film. Mais l’élément le plus important vient de la présence du making of de Zoé Rivemale intitulé Comme dans un vrai film. Effectivement, la jeune femme a suivi l’équipe du film dans la préparation, les repérages, le travail avec les acteurs, mais aussi l’intégralité du tournage en Guadeloupe pour un documentaire passionnant sur la confection d’un tel film, plutôt hors norme.

Durant une heure, le spectateur suivra donc l’équipe, sans aucun commentaire ajouté, au cœur de son travail quotidien. Le documentaire ne cache aucunement les moments de plus grande tension, les ratages et les déceptions de Guillaume Nicloux ou des membres de son équipe. Il s’agit d’un complément absolument indispensable qui ajoute au long métrage une réelle plus-value.

L’image : 3 / 5

Avec son image vidéo liée à un tournage en mode guérilla, Dans la peau de Blanche Houellebecq n’a pas vraiment d’atout sur le plan esthétique. Là n’est d’ailleurs pas le propos d’une œuvre qui se veut une captation de l’instant présent sans faire trop de prises et en gardant un maximum d’authenticité. Cela se traduit par une image vidéo un peu frustre, même si les paysages de la Guadeloupe permettent de valoriser certains plans net que les couleurs chaudes typiques de l’île rehaussent le tout.

Le son : 4 / 5

Aucun problème particulier à signaler puisque les deux pistes proposées (en simple stéréo ou en 5.1) sont parfaitement mixées. Les voix sont claires et le mixage appuie particulièrement sur les dialogues. Les ambiances et la musique sont davantage en retrait. On notera une piste en audiodescription pour les mal voyants et une piste de sous-titres pour sourds et malentendants.

Test du DVD de Virgile Dumez

Dans la peau de Blanche Houellebecq, jaquette du DVD

© 2024 Les Films du Worso / Jaquette : Le Cercle Noir pour Fidelio. Tous droits réservés.

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Dans la peau de Blanche Houellebecq, l'affiche

Teaser 3 de Dans la peau de Blanche Houellebecq

Comédie, Documenteur

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