Creed II (Creed 2) : la critique du film (2019)

Drame sportif | 2h10min
Note de la rédaction :
4/10
4
Creed 2, affiche teaser du film

  • Réalisateur : Steven Caple Jr.
  • Acteurs : Tessa Thompson, Dolph Lundgren, Sylvester Stallone, Michael B. Jordan, Brigitte Nielsen, Florian Munteanu, Phylicia Rashad
  • Date de sortie: 09 Jan 2019
  • Année de production : 2018
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Creed II
  • Titres alternatifs : Creed II: defendiendo el legado (Mexique), Creed II: Rocky's Legacy (Allemagne), Creed II: Defendiendo el legado (Argentine), Creed II: La leyenda de Rocky (Espagne), Крид 2 (Russie)
  • Scénaristes : Juel Taylor, Sylvester Stallone,
  • D'après : une histoire de Sascha Penn, Cheo Hodari Coker, et des personnages créés par Ryan Coogler
  • Directeur de la photographie : Kramer Morgenthau
  • Monteurs : Dana E. Glauberman, Saira Haider, Paul Harb
  • Compositeur : Ludwig Göransson
  • Producteurs : William Chartoff, Ian Sharples, Sylvester Stallone, Kevin King Templeton, Charles Winkler, David Winkler, Irwin Winkler, Ian Sharples, Udi Nedivi (coproducteur)
  • Sociétés de production : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), Warner Bros., New Line Cinema, Chartoff-Winkler Productions
  • Distributeur : Warner Bros Distribution (France), Metro-Goldwyn-Mayer (MGM, USA)
  • Date de sortie américaine : 21 novembre 2018
  • Editeur vidéo : Warner Bros. Entertainment France
  • Date de sortie vidéo : 15 mai 2019 (blu-ray, 4K Ultra HD Steelbook, DVD), 1 mai 2020 (4K, édition simple)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 733 124 entrées / 479 240 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 115 715 889 $ / 214 215 889 $
  • Budget : 50 000 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (DCP) / Dolby Surround 7.1, Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : Black Reel Awards (Nomination dans la catégorie Meilleur acteyr pour Michael B. Jordan, et de la meilleure musique de film)
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2018 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. and Warner Bros. Entertainment Inc. Crédit photo : Barry Wetcher. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Deuxième épisode de la franchise Creed / Huitième épisode de la franchise Rocky
Note des spectateurs :

Le capital de sympathie pour les personnages de Creed II (Creed 2) demeure, mais le script enfile les clichés sur la filiation et ne suscite jamais l’engouement. La faute à des formules et archétypes usés dont on connaît toujours le dénouement et le destin.

Synopsis : La vie est devenue un numéro d’équilibriste pour Adonis Creed. Entre ses obligations personnelles et son entraînement pour son prochain grand match, il est à la croisée des chemins. Et l’enjeu du combat est d’autant plus élevé que son rival est lié au passé de sa famille. Mais il peut compter sur la présence de Rocky Balboa à ses côtés : avec lui, il comprendra ce qui vaut la peine de se battre et découvrira qu’il n’y a rien de plus important que les valeurs familiales.

Creed 2, un succès intergénérationnel

Critique : Si Creed avait ravivé avec force la saga des Rocky qui avait été mise à l’écart pendant dix ans, après le sequel inattendu de Rocky Balboa en 2006, force est d’admettre que l’icône de la boxe est toujours admirée par des générations différentes de fans. L’on citera les nostalgiques des années 70-80, heureux de retrouver la gloire de leur jeunesse, même si désormais, Rocky est rétrogradé en coach vieilli qui n’a même plus l’allocution juste.

Pour la nouvelle génération, il s’agira de se retrouver en territoire conquis, dans ce contexte de testostérone où la violence du sport n’est nullement remise en question ; le personnage sera qualifié de cool, car transposé dans un milieu légèrement teinté de hip-hop, inhérent à son époque. Le glissement s’est fait naturellement vers des problématiques afro-américaines en filiation directe avec le personnage légendaire des premiers films Rocky, Apollo Creed.

Dans l’ombre tutélaire de Rocky 2 et Rocky 4

Creed 2 est donc une suite sans audace, mais plutôt agréable à suivre, avec des personnages attachants. Son succès médiatique et commercial repose davantage sur son héritage culturel -en Allemagne, ce second spinoff a été sous-titré “l’héritage de Rocky“-, et moins par sa personnalité propre d’œuvre risquée et originale, puisque la prise de risque est ici nulle.

Les sports de combat peuvent parfois accoucher d’authentiques réflexions sociales, avec des psychologies abîmées (Fighter, avec Christian Bale et Mark Wahlberg), mais Creed 2 se préfère en divertissement ludique dans le fond et pompier dans la forme. En fait, ce 8e épisode est surtout un pot pourri entre le deuxième opus de la saga (La revanche, qui confrontait à nouveau Apollo Creed et Rocky) et le quatrième volet, le succès le plus foudroyant de la franchise, au sommet de la gloire de Sylvester Stallone, dans lequel l’adversaire russe Ivan Drago, joué par Dolph Lundgren, assénait un coup fatal à Apollo Creed, pour ensuite connaître la défaite face à un Rocky revanchard.

Michael B. Jordan dans Creed 2

© 2018 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. and Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. Crédit photo : Barry Wetcher

Vengeance à la Russe

Creed 2 est donc une histoire de vengeance familiale, de revanche générationnelle, avec le retour du clan des Drago. Cela met la lumière sur la nouvelle génération de gros bras et torses bombés, à savoir le fils d’Apollo, Adonis Creed, et celui d’Ivan, Viktor Drago. Ces deux gaillards méritaient bien un combat, mais dans une œuvre bien à eux. Les deux jeunes athlètes, notamment le formidable Michael B. Jordan, qui se sent à l’étroit dans un script qui l’étreint dans la redite, sont piégés dans l’ombre tutélaire des anciens qui ne veulent pas encore céder leur place, alors que cinématographiquement, il faut quand même le dire, la saga des Rocky, à part le segment originel et le premier Creed, vaut plus pour son efficacité de spectacle que pour sa finesse dramatique. L’apogée commerciale de la saga Rocky, avec ses épisodes 3 et 4, relevait du popcorn movie populaire, et non du grand cinéma capable de redessiner les classements de fin d’année des rédactions de leur époque.

Le thème de la filiation pour les Nuls

A l’instar de la vague contemporaine de films de super-héros ou des Star WarsCreed 2, une fois de plus, s’obstine à essayer de donner de l’épaisseur psychologique à ses personnages via le thème rebattu de la filiation, qu’elle soit sanguine ou spirituelle. C’est le moyen scénaristique le plus facile pour définir un personnage masculin qui doit se surpasser, notamment quand une revanche ou une vengeance doit être mise en scène.

Cette facilité d’écriture se retrouve aussi dans le désintérêt à l’égard des personnages féminins. Si l’ancienne épouse à l’écran de Bill Cosby, dans le Cosby Show, Phylicia Rashād, est fade dans le rôle de la belle-mère d’Apollo Creed, le rôle de la jeune épouse de Creed, jouée par Tessa Thompson, a beau développer sa propre carrière musicale en parallèle et surtout ressembler comme deux gouttes d’eau à Rihanna, il lui manque le tempérament de feu de l’idole barbadienne. L’image de la femme enceinte qu’elle devient par ailleurs, est plus un poncif dans un film obsédé par la paternité (on revoit brièvement le fils légitime de Rocky Balboa) qu’un élément narratif qui vient bousculer le récit beaucoup trop convenu, y compris dans ses allusions explicites au quatrième film de la franchise Rocky.

Brigitte Nielsen pour le capital de sympathie

Au moins revoit-on Brigitte Nielsen, ex épouse de Stallone, star féminine de CobraLe Flic de Beverly Hills 2 et Kalidor, la légende du Talisman, et femme de Dolph Lundgren dans Rocky 4. L’apparition de la diva en langue russe, elle, ne manque pas de piment. De quoi confirmer que ce Creed 2, est in fine sympathique, mais sans prise de risque. La faute aussi à son cinéaste Steven Caple Jr., jeune trentenaire issu du cinéma indépendant, qui ne s’impose pas, contrairement à son mentor Ryan Coogler (ici producteur exécutif), parti à l’époque dompter la “panthère noire” pour Disney/Marvel, avec le triomphe critique et populaire qu’on lui connaît.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 9 janvier 2019

Creed 2, affiche avec Sylverster Stallone (Creed II)

© 2018 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. and Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

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