Premier film de super-héros français, Comment je suis devenu super-héros est un divertissement sympathique qui n’évite pas toujours les clichés, mais s’avère globalement efficace. A découvrir exclusivement sur Netflix.
Synopsis : Paris 2020. Dans une société où les surhommes sont banalisés et parfaitement intégrés, une mystérieuse substance procurant des super-pouvoirs à ceux qui n’en ont pas se répand. Face aux incidents qui se multiplient, les lieutenants Moreau et Schaltzmann sont chargés de l’enquête. Avec l’aide de Monté Carlo et Callista, deux anciens justiciers, ils feront tout pour démanteler le trafic. Mais le passé de Moreau ressurgit, et l’enquête se complique…
Un projet de longue haleine
Critique : Comment je suis devenu super-héros est un projet qui tenait particulièrement à cœur à son réalisateur Douglas Attal qui y a consacré près de cinq ans de sa vie. Effectivement, le projet commence véritablement à naître en 2015, mais n’a pu être tourné qu’en 2019, avant une sortie sans cesse repoussée pour cause de crise sanitaire. Basé sur un roman éponyme de Gérald Bronner publié en 2007, Comment je suis devenu super-héros (2020) a reçu l’appui inconditionnel du propre père du réalisateur novice, à savoir le producteur Alain Attal. Le script a été entièrement pensé en fonction des possibilités offertes par un budget raisonnable dans un cadre français. Il a ainsi été décidé de transposer le roman des États-Unis à la France et d’inscrire l’ensemble dans un réalisme social qui contraste fortement avec l’aspect purement fantastique de l’intrigue.
Puisque le budget d’une production française ne peut en aucun cas rivaliser avec celui, astronomique, des productions Marvel ou DC Comics, il fallait ajouter à l’intrigue proprement super-héroïque une dimension supplémentaire, à savoir un commentaire social à destination de la jeunesse. Effectivement, Comment je suis devenu super-héros n’est finalement rien de plus qu’une métaphore sur le trafic de drogue qui ruine les quartiers défavorisés de nos villes tentaculaires. La fameuse substance qui donne des super-pouvoirs aux adolescents remplace ici la dose de drogues que dealent des petits trafiquants aux ordres de groupes mafieux plus organisés.
Une tentative française plutôt sympathique
La réussite du long-métrage est de parvenir à rendre crédible en quelques minutes ce monde alternatif qui ressemble terriblement au nôtre, tout en intégrant des éléments étonnants comme la capacité de certains de nos concitoyens à développer des super-pouvoirs. Plongé sans explication au cœur de ce Paris alternatif, le spectateur ne met pas longtemps à trouver ses marques, d’autant qu’il est guidé par des acteurs tous très convaincants. Le long-métrage possède également un ton légèrement humoristique qui n’est jamais parodique ou condescendant vis-à-vis du genre qu’il aborde, mais contribue à rendre la projection plutôt fun (sans chercher à tout prix à être cool).
Utilisés avec parcimonie, les effets spéciaux sont plutôt convaincants et rendent donc crédibles les évolutions de ces super-héros dont les costumes semblent sous forte influence de Watchmen (Snyder, 2009). Peu à peu, le cinéaste nous familiarise avec les pouvoirs de ces mutants qui vont reformer une équipe dissoute à la suite du décès de l’un des leurs. On notera la prestation efficace de Leïla Bekhti en super-héroïne, de même que celle de Pio Marmaï et Swann Arlaud en antagoniste bien maléfique. Élément plus incongru, mais volontairement comique, Benoît Poelvoorde fait un super-héros pour le moins étonnant, mais fort sympathique au demeurant.
Comment je suis devenu super-héros n’échappe pas aux clichés inhérents au genre
Si tout ceci n’est pas d’une grande originalité puisque les Italiens ont déjà arpenté les terres du genre de manière assez similaire avec Le garçon invisible (Salvatores, 2014) ou encore On l’appelle Jeeg Robot (Mainetti, 2015), Comment je suis devenu super-héros est bien le tout premier film du genre en France. On peut d’ailleurs regretter que, comme bon nombre d’œuvres récentes, le film ne se présente que comme un préambule à des aventures qui seront développées dans une future franchise. On a donc une fois de plus la désagréable impression d’assister au pilote d’une série et non à un spectacle cinématographique qui se suffirait à lui-même. Douglas Attal succombe même au cliché de la scène post-générique qui annonce de futurs développements.
Réalisé avec efficacité – même si certaines scènes dans le commissariat nous renvoient parfois trop clairement à certains clichés des séries policières françaises – Comment je suis devenu super-héros est donc un spectacle sympathique à défaut d’être indispensable.
Initialement programmé pour sortir en salles au mois d’octobre 2020, le métrage a d’abord été repoussé au mois de décembre 2020, puis avril 2021, mais face à la fermeture des salles qui s’éternisait, la major a décidé de vendre le film à Netflix qui le diffuse directement sur sa plateforme depuis le 9 juillet 2021.
Critique de Virgile Dumez