Moins ludique et exotique que le premier épisode, Bons baisers de Russie gagne en complexité et se concentre sur une classique intrigue d’espionnage. L’efficacité, elle, est toujours au rendez-vous.
Synopsis : 007 alias James Bond reçoit pour mission d’aider Tatiana, une jeune Soviétique, à passer à l’Ouest avec un décodeur permettant de connaître les secrets de l’URSS.
Exit l’exotisme, place à la paranoïa !
Critique : Face au triomphe remporté l’année précédente par James Bond 007 contre Dr. No (1962), Harry Saltzman et Albert Broccoli décident de remettre le couvert avec la même équipe, aussi bien au scénario qu’à la mise en scène. Richard Maibaum et Terence Young collaborent donc à nouveau pour porter un des meilleurs romans de la série, intitulé Bons baisers de Russie.
Plus orienté sur l’espionnage à la Hitchcock, ce second opus bondien est sans nul doute moins coloré et exotique que le premier, abandonnant au passage le parfum d’aventure qui faisait le charme sensuel de Docteur No. Toutefois, le métrage compense cette absence d’évasion par une ambiance beaucoup plus sombre et paranoïaque, typique de l’époque de la Guerre froide au sortir de la crise des fusées de Cuba.
Davantage d’action pour un script non exempt de défauts
Même si les scénaristes ont préféré jouer la sécurité en incriminant l’organisation SPECTRE, tout le monde comprend que le but des auteurs était de tirer parti d’une situation internationale tendue pour donner de la profondeur à une histoire tortueuse. Si le scénario, écrit et révisé en profondeur durant le tournage, n’est pas toujours un modèle de clarté (à quoi sert réellement toute la séquence chez les Gitans ?), on se laisse quand même prendre au jeu du chat et de la souris entre les divers services secrets, qu’ils soient britanniques, russes ou américains.
Affirmant à nouveau son statut de star incontournable, Sean Connery pousse un peu plus le personnage de Bond vers le séducteur que l’on connaît. Avec un budget estimé à 2 millions de dollars, soit le double du premier opus, Bons baisers de Russie met également l’accélérateur sur l’action, mais perd peut-être en âme ce qu’il gagne en efficacité.
Un nouveau triomphe allait appeler de nombreuses suites
Reste que la confrontation finale entre Connery et Robert Shaw est un moment d’anthologie, tandis que la James Bond girl italienne Daniela Bianchi s’impose comme une digne remplaçante d’Ursula Andress. De quoi expliquer le nouveau succès de cette suite qui a engrangé plus de 78 millions de dollars dans le monde.
En France, le long-métrage a dépassé les 5,6 millions de spectateurs, surpassant les chiffres du premier opus. Bons baisers de Russie est parvenu à se hisser à la troisième place du podium annuel dans l’Hexagone, tout juste doublé par le Disney Merlin l’enchanteur et Le gendarme de Saint-Tropez. Une bien belle affaire qui a permis la mise en chantier d’une autre suite appelée à devenir culte.
Le test blu-ray
Une édition indispensable à la qualité technique impressionnante.
Les compléments : 4 / 5
On dispose ici d’un commentaire audio sous-titré en français qui est en réalité un regroupement d’interviews anciennes collées sur les images du film. L’ensemble, très informatif, est tout de même assez laborieux à suivre.
Puis, une série de petits documentaires de cinq minutes environ insistent sur le parcours de l’auteur Ian Fleming. Toutefois, comme sur les autres titres de la collection, le cinéphile privilégiera le making of d’une trentaine de minutes revenant sur la conception du film, de la préproduction jusqu’au montage final opéré par un Peter Hunt très inspiré. On ne cache pas les nombreuses errances du script, ni les difficultés rencontrées suite à la mort tragique de Pedro Armendáriz.
Ce documentaire est accompagné d’un autre segment consacré cette fois-ci à Harry Saltzman, lui aussi passionnant. Reste à consulter les bandes-annonces et autres matériels promotionnels proposés dans une section à part. Du bon boulot.
Image & son : 4,5 / 5
La copie est une fois de plus resplendissante et permet de revoir ce grand James Bond dans des conditions inédites. D’un piqué remarquable, l’image est d’une profondeur de champ impressionnante. La remasterisation audio en DTS HD pour l’anglais et en DTS mi-débit pour le français est respectueuse du mono d’origine et se présente avant tout de manière frontale. Seuls quelques effets arrivent jusqu’aux enceintes arrière.
Critique du film et test blu-ray de Virgile Dumez