Comédie d’action volontairement bis et décalée, Big Hit allie le savoir-faire hongkongais en matière d’action et un ton sardonique typique du cinéma américain des années 90. Très drôle.
Synopsis : La vie de Melvin Smiley, un tueur à gages expérimenté souffrant de phobie sociale, est complètement chamboulée lorsqu’il tombe amoureux de la victime qu’il est chargé de kidnapper.
Une production John Woo
Critique : Au milieu des années 90, John Woo est devenu un réalisateur et producteur influent à Hollywood. Il a ainsi permis l’arrivée de plusieurs cinéastes hongkongais en Californie, d’autant plus que la rétrocession de Hong Kong à la Chine inquiète alors plus d’un artiste. Il fait notamment appel à son collègue Kirk Wong, bien connu des amateurs de cinéma d’action HK pour avoir tourné les sympathiques Gunmen (1988) et Crime Story (1993), ce dernier étant mené par Jackie Chan.
Kirk Wong se retrouve donc à la tête de Big Hit (1998), produit également par l’acteur Wesley Snipes et qui se fonde sur un script bien délirant de l’acteur afro-américain Ben Ramsey. Dans les rôles principaux, on retrouve notamment le jeune Mark Wahlberg qui tente alors de capitaliser sur son passé musical de rappeur en tant que Marky Mark. Il est accompagné ici de Lou Diamond Phillips qui essaie tant bien que mal de rebondir après plusieurs échecs personnels en tant que réalisateur. Ils sont secondés par une troupe plutôt amusante, allant de la plus jeune Christina Applegate aux plus chevronnés Lainie Kazan et Elliott Gould – dans le rôle d’un vieux couple juif très amusant.
De l’action et beaucoup d’humour déjanté
Il faut dire que ce film d’action se distingue essentiellement par son ton volontairement outrancier et donc forcément comique. Tout d’abord, l’intrigue elle-même peut évoquer certains scripts des frères Coen en mettant en scène des truands passablement à côté de la plaque. Nous sommes ainsi invités à suivre l’enlèvement foireux de la jeune fille d’un milliardaire qui se révèle être ruiné, mais en cheville avec un malfrat local. Le quiproquo qui va s’installer peu à peu va déclencher une guerre de gangs particulièrement sanglante.
On retrouve donc ici un ton typique des années 90, plutôt déconneur et vulgaire, comme on a pu l’apprécier chez des auteurs comme Shane Black ou encore un certain Quentin Tarantino. Kirk Wong n’hésite jamais à truffer son film de références au cinéma bis – notamment avec des affiches de la firme Troma – et fait même des clins d’œil amusés au cinéma de son compatriote John Woo.
Exit le bon goût et la bienséance!
Si Big Hit nous offre un nombre conséquent de scènes d’action épicées, et tournées avec le sens de l’efficacité des cinéastes de Hong Kong, le long-métrage est avant tout une comédie décomplexée et bas du front qui fera rire tous les amateurs de films bourrins. La bienséance n’est absolument pas à l’ordre du jour dans ce pur délire où les personnages discutent par exemple des avantages de la masturbation par rapport à une relation stable avec une femme. D’ailleurs, en tant que spectacle destiné majoritairement aux hommes, on notera une tendance à la misogynie qui passe sans doute un peu moins bien de nos jours, même si cela est fait avec un certain second degré, puisque les personnages masculins sont tous décrits comme des crétins.
Boosté par un rythme sans faille qui exclut toute forme d’ennui, Big Hit est une œuvre volontairement outrancière, où certains acteurs cabotinent un maximum pour notre plus grand plaisir. Cela vire de temps à autre au comique de boulevard, avec portes qui claquent et quiproquos plutôt marrants. Le produit fini est sans aucun doute un vrai film d’action, mais ce sont ses trouvailles comiques qui retiennent surtout l’attention. On adore notamment le running gag autour de la VHS de King Kong 2 (Guillermin, 1986), un autre sacré nanar, mais involontaire celui-là.
Un petit succès aux Etats-Unis qui n’irradie pas la France
Cette ode au cinéma bis a connu une petite carrière en salles aux États-Unis, parvenant à glaner 27 M$ (46 M$ au cours ajusté de 2022) pour un budget très raisonnable de 13 M$ (22,1 M$ au cours ajusté de 2022). Le long-métrage a ensuite bénéficié d’une jolie carrière en vidéo. En France, l’absence de notoriété du casting, ainsi que sa sortie en plein été 1998, n’a pas permis au long-métrage de tirer son épingle du jeu. Big Hit a débuté sa carrière à la 5ème marche du podium sa semaine d’investiture à Paris avec 18 590 curieux dans 27 salles. Visiblement désarçonné par la proposition bis de Kirk Wong, le public parisien fond de 50 % la semaine suivante avec seulement 9 574 clients supplémentaires. Sa troisième semaine sera sa dernière et Big Hit reste scotché à 29 906 entrées à Paris.
Dans le reste de la France, le film ne fera guère plus d’étincelles avec 65 824 tickets vendus. Depuis cette époque, Big Hit a fait l’objet de plusieurs sorties vidéo dans les années 2000, mais il demeure méconnu de nos jours, alors même qu’il pourrait très bien faire l’objet d’un culte auprès des fans de cinéma bis délirant et décalé.
Critique de Virgile Dumez