Réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, Rob Reiner est né en 1947 dans le Bronx à New York de l’union du réalisateur Carl Reiner avec l’actrice Estelle Reiner. Le jeune homme a étudié le théâtre à l’UCLA et a rapidement fondé une troupe d’improvisation.
Rob Reiner, acteur de comédie
Il entame sa carrière de comédien professionnel à la télévision, tout en jouant dans certains films de son père comme Enter Laughing (Carl Reiner, 1967). Le jeune comédien est également visible dans Colère noire (Paul Bogart, 1970) et Summertree (Anthony Newley, 1971), mais il perce véritablement grâce à la série All in the Family qui l’occupe durant toutes les années 70. Il joue dans 184 épisodes entre 1971 et 1978.
Rob Reiner rencontre des difficultés pour rebondir et ne trouve guère que son père pour l’employer occasionnellement après l’arrêt de sa série culte. Ayant déjà tâté de la réalisation avec un téléfilm en 1974, Rob Reiner suit les pas de son père et réoriente alors sa carrière vers l’écriture de scripts et la réalisation. Il se fait remarquer dès sa première réalisation de cinéma puisque Spinal Tap (1984) est un faux documentaire sur un groupe de hard rock fictif qui devient rapidement culte. Le film qui n’a rien coûté rentre facilement dans ses frais. On notera qu’en France, le spoof movie ne sort qu’en 2000 avec un résultat négligeable d’environ 7 160 entrées.
L’année suivante, Rob Reiner confirme son goût pour la comédie hérité de son paternel avec Garçon choc pour nana chic (1985) qui sort en janvier 1986 en France dans une certaine indifférence liée à un produit destiné aux ados. Aux Etats-Unis cependant, le film fonctionne très bien et confirme la voie choisie par le cinéaste.
Rob Reiner, cinéaste culte des années 80
Après ces deux comédies, Rob Reiner choisit de changer radicalement de braquet en tournant l’adaptation du livre le plus personnel et dramatique de Stephen King intitulé Stand by Me : Compte sur moi (1986). Le métrage s’appuie sur un roman superbe et la prestation remarquable de River Phoenix, Corey Feldman et Kiefer Sutherland. Avec ce superbe drame, on assiste à la naissance d’un grand cinéaste qui reçoit même une nomination aux Oscars, tandis que le succès commercial est conséquent partout dans le monde (530 451 ados bouleversés en France).
Désormais pris au sérieux, Rob Reiner revient pourtant à la comédie et plus exactement à la parodie avec le très amusant Princess Bride (1987) qui connaît un certain succès sans exploser les compteurs (562 246 entrées en France). Pourtant, le métrage devient culte pour toute une génération. Rob Reiner confirme un peu plus son importance avec la comédie romantique Quand Harry rencontre Sally… (1989) qui réactive un genre considéré alors comme désuet et fait de Meg Ryan une star. Son triomphe va initier un nombre incalculable de copies, avec des bénéfices records aux States. Même en France, généralement rétive à ce type de comédie, la romance cartonne avec 1 851 694 spectatrices.
Le cinéaste à qui tout réussit revient à Stephen King en adaptant de manière brillante Misery (1990). Le film révèle au grand public le talent de Kathy Bates qui en profite pour gagner l’Oscar de la meilleure actrice dans un rôle glaçant. Beau succès international, Misery parvient à effrayer 357 837 Français en pleine crise de fréquentation du cinéma. Avec ce bel enchaînement de titres majeurs, Rob Reiner est considéré comme un grand nom en ce début des années 90.
Ce statut va considérablement être révisé au cours de la décennie suivante, nettement moins satisfaisante sur le plan qualitatif. Cela démarre dès le film suivant puisque Des hommes d’honneur (1992) est un drame judiciaire et militaire assez banal qui est entièrement bâti sur ses stars, à savoir Tom Cruise, Jack Nicholson et Demi Moore. Le métrage est nominé pour 4 Oscars, mais n’en reçoit aucun. Toutefois, le succès commercial est bien là et le film franchit le seuil du million de spectateurs en France.
Les désastreuses années 90
En fait, le premier vrai faux pas intervient en 1994 avec la comédie L’irrésistible North avec un Bruce Willis déguisé en gros lapin rose. La comédie qui a coûté très cher est un bide cinglant aux States, à tel point que le film sort peu en France avec 23 414 amateurs de navet. Malgré la présence de stars comme Michael Douglas et Annette Bening, Le président et Miss Wade (1995) est une comédie romantique fade qui est un nouvel échec commercial, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France (216 641 égarés).
Son film suivant, Les fantômes du passé (1996), ne sort même pas à Paris et peut donc être considéré comme un direct-to-vidéo en France. En l’espace de quelques années, plus personne n’attend le nouveau film de Rob Reiner dont la carrière de cinéaste s’effiloche au fil des échecs artistiques. On notera que parallèlement, le cinéaste redevient un acteur très présent dans des seconds rôles, souvent dans des comédies romantiques.
Tournant des téléfilms, Rob Reiner revient au cinéma avec la comédie romantique calamiteuse Une vie à deux (1999) avec Michelle Pfeiffer et Bruce Willis. Le navet est un gros échec aux Etats-Unis, mais la France est étonnamment plus réceptive avec tout de même 377 409 victimes d’un nanar épouvantable. Toujours aussi peu inspiré, le cinéaste continue dans la veine de romcom avec Alex & Emma (2003) qui demeure inédit chez nous pour cause de bide retentissant en Amérique du Nord.
Qui se souvient de ses films des années 2000-2010 ?
Toujours capable de se surpasser dans la nullité, le cinéaste qui fut autrefois une valeur sûre livre l’un de ses pires films avec La rumeur court… (2005) qui ne fait rire personne et surtout pas ses producteurs. Le film échoue encore au box-office et les Français boudent le spectacle (196 478 entrées). Reiner passe ensuite à la comédie sénile avec Sans plus attendre (2007) qui bénéficie des prestations de Jack Nicholson et Morgan Freeman. Le public répond plus favorablement aux Etats-Unis, mais pas en France où le divorce est acté depuis longtemps (189 090 vieillards). Décidément très romantique dans l’âme, Reiner livre ensuite Un cœur à l’envers (2010) qui est un échec terrible et qui ne sort pas en France.
En réalité, quasiment aucun de ses films suivants ne sont sortis dans nos contrées, ce qui prouve que même les distributeurs ont appris à se méfier du réalisateur abonné aux échecs en série. Le seul à échapper à l’hécatombe est Ainsi va la vie (2014) qui n’a attiré que 22 664 seniors dans les salles françaises. En retrait de la réalisation depuis 2017, Rob Reiner est revenu au documentaire en 2023 avec Albert Brooks : Defending My Life pour HBO Max. Enfin, on signalera qu’en tant qu’acteur, Rob Reiner s’est surtout distingué pour sa participation au Loup de Wall Street (2013) de Martin Scorsese.
D’une carrière profuse, les cinéphiles retiendront donc une poignée de films importants tournés entre 1985 et 1990, mais aussi une série d’œuvres indignes qui quantitativement sont nettement plus nombreuses.