Demi Moore, sex-symbol des années 90 et star raillée, est surtout la victime de ses choix et d’une carrière qui manque de substance.
Demi Moore fait une petite carrière dans le film d’horreur de série B (Parasite 3D, de Charles Band, en 1982) et la comédie burlesque (Docteurs in Love, de Garry Marshall), avant d’être repérée par Stanley Donen. Le vétéran la dirige dans C’est la faute à Rio qui est un échec. Parallèlement, Demi Moore est à la télévision dans General Hospital.
C’est dans le film choral pour jeunes adultes qu’elle éclate, aux USA du moins, où St. Elmo’s Fire de Joel Schumacher et À propos d’hier soir… (About Last Night…) d’Edward Zwick, sont des succès au milieu de la décennie 80. Elle tourne également pour son petit ami de l’époque, Emilio Estevez dans Wisdom, un nouvel échec.
Les années 80 de Demi Moore ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. En dehors des USA, ses films sortent à peine, et dans son propre pays, sa carrière plafonne. Le film d’épouvante diabolique La Septième Prophétie (The Seventh Sign) de Carl Schultz, est surtout le signe d’une carrière qui tourne en rond.
Heureusement, son mariage avec Bruce Willis, alors jeune star parmi les plus prometteuses de la décennie, la place à la Une de la presse people. Elle, dont la vie est tout un roman (drames familiaux, problèmes d’addiction, mère scandale), va faire régulièrement faire la Une.
En tant qu’actrice, son premier succès personnel éclate en 1990 : Ghost de Jerry Zucker est un phénomène. Le mélodrame surnaturel, avec également Patrick Swayze, est marqué par l’exploitation triomphale du titre des Righteous Brothers, Unchained Melody.
Malgré quelques bides dans la foulée, dont Pensées mortelles d’Alan Rudolph, avec Bruce Willis en second rôle, qui vient lui donner un coup de pouce, et le catastrophique La Femme du boucher, Demi Moore va devenir une véritable star, enfin indépendante de Bruce Willis dont elle se séparera en 1998.
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Entre 1992 et 1997, elle bénéfice d’une célébrité rare pour une femme. Seules Julia Roberts et Meg Ryan, à cette époque, ont le pouvoir d’attirer autant les foules. Elle brille dans Des hommes d’honneur (A Few Good Men) de Rob Reiner, avec notamment Tom Cruise, mais surtout, en arborant un nouveau look, elle embrasse le statut de sex symbol avec une série de blockbusters érotiques, comme Proposition indécente (Indecent Proposal) d’Adrian Lyne, avec Robert Redford, mais aussi Harcèlement (Disclosure) de Barry Levinson, et Striptease d’Andrew Bergman, en 1996. Ce dernier sera son dernier succès personnel, en tant que star féminine. Les films ne sont pas bons, mais à l’image d’une époque américaine peu glorieuse qualitativement.
Malheureusement, Demi Moore méga-star va faire des faux pas tragiques pour sa carrière : Les Amants du nouveau monde (The Scarlet Letter) de Roland Joffé, La Jurée (The Juror) de Brian Gibson, et surtout À armes égales (G.I. Jane) de Ridley Scott, qui représente un point très bas dans la carrière du réalisateur d’Alien.
En 1998, avec la mort de sa sulfureuse mère et la séparation d’avec Bruce Willis, Demi Moore va commencer une très mauvaise période, avec tout de même un rôle, en 97 dans un bon Woody Allen, Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry). Le casting étant collectif, on se souviendra à peine d’elle.
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Dans les années 2000, Demi Moore n’est plus l’actrice de premier plan qu’elle a été. Désormais, elle devient l’incarnation de la cougar, terme surréaliste soudainement devenu à la mode, pour sa relation ultra médiatisée, avec le comédien Ashton Kutcher, 16 ans plus jeune qu’elle. Ils resteront ensemble 11 ans, dont 6 ans mariés.
Malgré un rôle culte dans la suite de Charlie’s Angels, Charlie’s Angels : Les Anges se déchaînent ! (Charlie’s Angeles : Full Throttle) de McG, une déception au box-office, Demi Moore ne trouvera pas une fois le succès en salle dans les années 2000. Certains de ses films sont même des catastrophes comme le surnaturel Half Light de Craig Rosenberg et le thriller miteux Mr. Brooks de Bruce A. Evans, avec Kevin Costner, à la carrière au point mort.
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Si le cinéma indépendant permet à Demi Moore de rebondir ponctuellement, notamment dans La Famille Jones (The Joneses) de Derrick Borte et surtout Margin Call de J. C. Chandor, Demi Moore n’arrive pas à refaire surface. L’échec du remake de LOL, avec la vedette d’Hannah Montana, Miley Cyrus, en est une cruelle illustration, en 2012.
Finalement, il faudra attendre 2024 et le film d’horreur féministe The Substance, pour que Demi Moore puisse faire de nouveau la Une de l’actualité cinématographique. Le film américain réalisé par la jeune cinéaste française est sélectionné à Cannes. Soudainement, tous les yeux sont tournés à nouveau sur la star de 61 ans qui règle ses comptes.
Souvent raillée, parfois regardée avec empathie, Demi Moore demeure une star souvent surcotée à son époque dont la réalité qualité des grands films aura toujours manqué de substance.
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