Voulu par les frères Vanzina comme un hommage (exploitation ?) à Diva, le premier long métrage de Jean-Jacques Beineix, Mystère invite Carole Bouquet sur les chemins risqués du polar érotique, d’action et d’aventures. Raté, mais pas inintéressant.
Synopsis : A la suite du meurtre de sa meilleure amie, une prostituée nommée Mystère s’allie à Colt, inspecteur peu gentleman, qui la recueille. Les deux acolytes se retrouvent au cœur d’un complot politique à rebondissements duquel personne ne devra survivre.
Mystère, les frères Vanzina changent (trop) de genre(s)
Critique : Sorti tardivement en France, en 1986, sans aucun succès (voir analyse du box-office plus bas), Mystère marquait en 1983 les premiers efforts des fils de Steno, les frères Vanzina, dans le domaine du thriller, loin des comédies populaires avec lesquelles ils allaient se construire une réputation solide dans le paysage italien.
Carlo (réalisateur) et Enrico (scénariste) ont vu, comme beaucoup d’Italiens à l’époque, Diva de Jean-Jacques Beineix, et se retrouvent donc à vouloir rendre un hommage esthétique et thématique au film si rare et si beau du jeune cinéaste maudit.
De Diva, on n’en retrouvera pas la trempe, mais juste des échos lointains auxquels on ne se rattachera pas, tant le film s’apparente davantage à de l’exploitation qu’à un authentique aboutissement artistique. Le résultat est pompier, avec des problèmes de production qui conduisent même le métrage à se conclure à Hong Kong comme un film d’aventures, par injonction du producteur. Pourtant le film démarre comme un giallo et un thriller érotique, se poursuit en polar, et en nanar aux dialogues grossiers et stéréotypés de son époque.
Carole Bouquet au sommet de sa beauté
Carlo Vanzina filme beau, grâce aux éclairages du chef opérateur qui a démarré sur Le guépard de Visconti, et a travaillé sur de nombreux longs de Fellini, et même pour Mario Bava. L’aspect envoûtant de l’image emprunte à l’esthétique du clip, enrobant les nuits bleutées d’une logique commerciale évidente. Mystère est le reflet d’une époque.
L’objet filmique délaisse trop vite le thriller obscur pour le mélange des genres destiné à séduire l’international. Le casting réunit Carole Bouquet, jeune James Bond girl à la beauté irradiante, dans un rôle ingrat aux dialogues malaisants, et un acteur américain inconnu qui s’amuse à s’entraîner au kung-fu lors de deux scènes pour le moins surprenantes d’inutilité. Carlo Vanzina et son frangin Enrico ratent le film contre leur gré.
En 1986, ils reviendront au giallo avec Où est passé Jessica. Ces deux œuvres ont le charme de leur défaut et caressent de ce fait l’indulgence et la tendresse du spectateur qui a connu en leur temps ces sorties clandestines.
Critique de Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 5 mars 1986
Box-office :
Avec un premier jour Paris-Périphérie à 746 entrées, Mystère savait au moins où il se dirigeait, droit dans les arcanes des productions peu vues et vite exploitées.
Présent sur 10 écrans en France, Mystère se découvrait dans les salles suivantes : le Mercury, Maxéville, L’Orléans, Paramount Opéra, La Galaxie, Parnassiens, Convention Saint-Charles et trois écrans en province.
Avec 6 754 entrées, la prostituée Mystère se prend une veste et est sommée de se rhabiller fissa. En deuxième semaine, cette étrangeté perd la quasi-intégralité de ses sites et demeure dans 2 cinémas seulement : le City Triomphe et le Paramount Opéra. Soit 1 329 spectateurs supplémentaires, pour un total de 8 033 clients. Une misère.