Un ange pour Satan : la critique du film et le test blu-ray (1966)

Epouvante, Fantastique, Gothique | 1h32min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Un ange pour Satan, jaquette blu-ray

  • Réalisateur : Camillo Mastrocinque
  • Acteurs : Halina Zalewska, Mario Brega, Barbara Steele, Anthony Steffen, Vassili Karis, Marina Berti, Aldo Berti, Claudio Gora, Roberto Messina
  • Date de sortie: 04 Mai 1966
  • Année de production : 1966
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Un angelo per Satana
  • Titres alternatifs : An Angel for Satan (titre international) / Ein Engel für den Teufel (Allemagne) / Um anjo para satanás (Portugal) / Um Anjo para Satã (Brésil)
  • Autres acteurs : Ursula Davis, Antonio Corevi, Antonio Acqua, Livia Rossetti, Giovanna Lenzi, Betty Delon
  • Scénaristes : Giuseppe Mangione, Camillo Mastrocinque
  • D'après : un récit de Luigi Emmanuele
  • Monteuse : Gisa Radicchi Levi
  • Directeur de la photographie : Giuseppe Aquari
  • Compositeur : Francesco De Masi
  • Chefs Maquilleurs : Titi Efrade, Giovanni Morosi
  • Chef décorateur :
  • Directeur artistique : Alberto Boccianti
  • Producteurs : Lilian Biancini, avec Giuliano Simonetti
  • Sociétés de production : Discobolo Film
  • Distributeur : Film inédit en France (sauf dans le sud selon Encyclociné). La date ci-dessus est celle de la sortie italienne
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Artus Films (DVD et blu-ray, 2025)
  • Date de sortie vidéo : 3 juin 2025
  • Budget : Inconnu
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit
  • Classification : Non présenté au CNC
  • Formats : 1.85 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Mazure (design blu-ray). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1966 Discobolo / © 2007 Cinématographique Lyre, Damia Films. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Un ange pour Satan est une œuvre gothique originale qui renouvèle le genre à une époque où il tombe en désuétude. Barbara Steele y est totalement envoûtante dans un double rôle dont elle a le secret.

Synopsis : Venue passer des vacances dans un village isolé, la jeune Harriet se retrouve possédée par l’esprit d’une statue datant de plus de deux siècles dont le modèle lui ressemble étrangement. Harriet, habituellement si douce et bonne, va devenir une femme cruelle et dépravée. Bientôt l’horreur s’abat sur le village, frappé par une série de tragédies et de morts atroces…

Une ultime incursion dans le gothique pour Mastrocinque

Critique : Alors que le cinéma gothique italien est à la mode depuis le triomphe du Masque du démon (Mario Bava, 1960) avec Barbara Steele, le genre commence à décliner au box-office local vers le milieu de la décennie, de plus en plus concurrencé par le thriller à machination qui débouchera à son tour sur le giallo. C’est pourtant durant cette phase de déclin que la petite firme Discobolo Film décide de produire Un ange pour Satan (1966).

Pour mettre en scène ce film gothique, la firme fait appel au cinéaste Camillo Mastrocinque, surtout connu comme spécialiste de la comédie à l’italienne, notamment pour le compte du comédien Totò. En matière de film horrifique, Mastrocinque n’est connu que pour La crypte du vampire (1964), film assez banal qui reprenait tous les clichés du genre sans rien lui apporter de neuf. Pourtant, deux ans plus tard, Un ange pour Satan (1966) étonne par sa capacité à s’affranchir des poncifs habituels sur de nombreux points.

Barbara Steele au sommet de son talent

Tout d’abord, le long métrage est situé dans une demeure italienne de style palazzo et non dans un château à l’allure gothique. Ensuite, l’intrigue joue sans cesse sur l’ambiguïté entre fantastique ou explication rationnelle, le tout filmé de manière assez naturaliste et épurée. Camillo Mastrocinque crée dès les premières minutes une ambiance particulière fondée sur une certaine lenteur, un noir et blanc volontairement vaporeux et une musique plutôt lyrique de Francesco De Masi qui tranche avec les compositions habituelles du genre.

Un ange pour Satan, détails de la jaquette blu-ray

© 1966 Discobolo / © 2007 Cinématographique Lyre, Damia Films / Jaquette : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

En revanche, le cinéaste ne déroge pas à la règle d’or en ce qui concerne l’actrice Barbara Steele, puisque celle-ci interprète deux rôles fort opposés. Certes, elle n’incarne à proprement parler qu’un seul personnage, mais qui est possédé par l’âme d’une ancêtre au caractère diamétralement différent. Mastrocinque n’a même pas besoin d’avoir recours à des effets spéciaux puisque la comédienne parvient à interpréter le changement de caractère en un seul regard. Cette prouesse est pour beaucoup dans la réussite d’Un ange pour Satan. D’abord gentille et innocente, la jeune donzelle peut tout à coup se transformer en une perverse sadique qui rappelle forcément les maîtresses SM.

Un film sur la corruption des âmes aux multiples sources littéraires

Tout l’intérêt du film vient de cette idée centrale de la corruption des hommes du village par cette femme tentatrice qui entend se venger de la gent masculine. Grâce à des mensonges et des stratagèmes, elle possède l’âme de ces hommes pour les amener à commettre des horreurs ou encore à s’entretuer. Le tout part de la découverte d’une statue qui serait maudite. Autant dire que les auteurs ont ici copié l’intrigue de La Vénus d’Ille (1837) de Prosper Mérimée en la mélangeant au Rebecca (1938) de Daphné du Maurier, ajoutant une bonne dose de sadisme comme dans le remarquable Le corps et le fouet (Mario Bava, 1963).

Le résultat donne une œuvre protéiforme qui a le grand mérite de mettre en avant davantage ses références littéraires que cinématographiques. Si le film contient bien des meurtres, des couloirs secrets et une ambiance mystérieuse, le cinéaste ne cherche jamais à faire peur et préfère approfondir la thématique de l’atavisme générationnel, tout en insistant aussi sur la sensualité débordante qui étouffe la plupart des protagonistes, tous plus ou moins frustrés sexuellement.

Un ange pour Satan, un film d’atmosphère

Grâce à un noir et blanc superbe, des décors très travaillés et une musique sensuelle, Camillo Mastrocinque signe donc un film davantage intéressé par un fantastique gothique et poétique que par l’horreur pure. Ceux qui s’attendent donc à une œuvre choc peuvent passer leur chemin puisque Camillo Mastrocinque fait preuve ici de davantage de finesse en cherchant à renouveler de l’intérieur un genre alors surexploité. Il peut s’appuyer pour cela sur des interprètes de choix comme l’excellente Barbara Steele, mais aussi sur Claudio Gora, absolument parfait en noble aux desseins plus complexes que prévu. Quant à Anthony Steffen, si son jeu est toujours faiblard, il demeure suffisant pour interpréter le rôle basique du héros dépassé par les événements.

Film intéressant qui arrive en fin de cycle, Un ange pour Satan n’a pas connu le succès en Italie et demeure d’ailleurs la dernière incursion de Barbara Steele dans le genre du cinéma gothique. En ce qui concerne la France, le long métrage serait sorti uniquement dans le sud du pays en 1967 selon le site Encyclociné, sans que l’on puisse vraiment confirmer l’information, d’autant que sa date de sortie n’est pas prouvée. On peut donc légitimement estimer que l’édition DVD / Blu-ray proposée par Artus Films en 2025 est la première occasion pour les cinéphiles français de découvrir cet ultime jalon du genre dans une copie très satisfaisante.

Critique de Virgile Dumez

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Un ange pour Satan, jaquette blu-ray

© 1966 Discobolo / © 2007 Cinématographique Lyre, Damia Films / Jaquette : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Biographies +

Camillo Mastrocinque, Aldo Berti, Halina Zalewska, Mario Brega, Barbara Steele, Anthony Steffen, Vassili Karis, Marina Berti, Claudio Gora, Roberto Messina

Mots clés

Cinéma bis italien, Cinéma gothique, La manipulation au cinéma, Les doubles maléfiques au cinéma, Artus Films

Le test du blu-ray

Une rareté exhumée par Artus Films dans une restauration 2K de toute beauté. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments : 4 / 5

Le film est proposé dans un beau fourreau qui protège un digipack proposant les affiches belge et italienne en illustration intérieure. Sur les deux volets se trouvent les deux galettes, DVD et blu-ray, chacun arborant une photo différente de Barbara Steele. Très classe.

En matière de bonus vidéo, l’éditeur nous propose un long entretien de 38 minutes avec Nicolas Stanzick, toujours aussi profus lorsqu’il faut évoquer le cinéma gothique italien. Son intervention est d’une belle pertinence, profuse en informations et en analyses approfondies de l’œuvre en question. Après ce tour d’horizon complet, les cinéphiles pourront écouter un entretien avec le comédien Vassili Karis (18min), entrecoupé par des interventions d’un historien du cinéma italien.

Il faut dire que le comédien n’a guère de souvenirs précis du tournage et il préfère insister sur le fait qu’il a toujours détesté le genre horrifique et qu’il a tout fait dans sa carrière pour éviter d’être au générique de tels films. Son mépris pour le genre peut avoir un côté condescendant qui ne le rend pas forcément très sympathique. Il a toutefois le mérite de ne pas pratiquer la langue de bois.

Ensuite, l’éditeur propose le générique français du film, la bande-annonce et un diaporama avec quelques affiches et pas mal de photographies.

L’image du blu-ray : 4,5 / 5

Avec cette restauration 2K, on atteint quasiment la perfection si l’on excepte un ou deux plans où une impureté a échappé aux techniciens. Pour le reste, on frôle la pleine réussite grâce à un master très propre qui sublime le noir et blanc original, tout en faisant preuve d’une précision impressionnante du piqué. Enfin, la copie est d’une parfaite fluidité, sans aucun effet de rémanence. Du très beau travail.

Le son du blu-ray : 4 / 5

L’éditeur propose ici deux pistes (VOstf et française) en DTS-HD Master Audio mono qui sont assez équivalentes en matière de puissance et de naturel. On a tendance à préférer tout de même la version originale, d’autant que, pour une fois, le film est situé en Italie, ce qui justifie l’emploi de la langue italienne. On ne note aucune souffle parasite tandis que la musique ne sature pas. En version française, les voix sont davantage mises en avant, mais le doublage d’époque est plutôt de bonne qualité. Là également, aucun souffle n’est perceptible.

Test blu-ray : Virgile Dumez

Un ange pour Satan, jaquette 3D

© 1966 Discobolo / © 2007 Cinématographique Lyre, Damia Films / Jaquette : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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