The Son : la critique du film de Florian Zeller (2023)

Drame, Mélodrame, Tragédie | 2h03min
Note de la rédaction :
9/10
9
The Son, l'affiche

  • Réalisateur : Florian Zeller
  • Acteurs : Laura Dern, Hugh Jackman, Anthony Hopkins, Vanessa Kirby, Zen McGrath
  • Date de sortie: 01 Mar 2023
  • Nationalité : Britannique, Français
  • Titre original : The Son
  • Titres alternatifs : Le Fils (Québec) / El hijo (Espagne) / O Filho (Portugal) / Syn (Pologne) / Um Filho (Brésil)
  • Année de production : 2022
  • Autres acteurs : Hugh Quarshie, William Hope, Akie Kotabe, George Cobell
  • Scénaristes : Christopher Hampton et Florian Zeller, d'après la pièce de théâtre Le Fils de Florian Zeller
  • Directeur de la photographie : Ben Smithard
  • Compositeur : Hans Zimmer
  • Monteur : Yorgos Lamprinos
  • Producteurs : Iain Canning, Joanna Laurie, Emile Sherman, Christophe Spadone et Florian Zeller
  • Sociétés de production : Film4 Productions, See-Saw Films, Ingenious Film Partners, Embankment Films et Orange Studio
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Éditeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : 518 366 $ (en continuation)
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Mostra de Venise 2022 : sélection officielle / Golden Globes 2023 : 1 nomination pour le meilleur acteur dans un film dramatique pour Hugh Jackman
  • Illustrateur / Création graphique Couramiau. © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2022 Film4 Productions, See-Saw Films, Ingenious Film Partners, Embankment Films et Orange Studio. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Décidément adepte des tragédies familiales, Florian Zeller signe avec The Son un nouveau drame poignant après l’impeccable The Father. Le film bénéficie d’une écriture ciselée et d’acteurs au diapason.

Synopsis : Nicholas, âgé de 17 ans, n’est plus le garçon souriant qu’il était avant. Alors qu’il ne va même plus en cours, sa mère Kate est désemparée. Il va alors demander d’aller vivre chez son père, Peter. Ce dernier va tenter de redonner le goût de vivre à son fils.

The Son, le retour aux affaires de Florian Zeller après The Father

Critique : Après la très belle réception de l’adaptation cinéma de sa pièce sur la sénilité intitulée The Father (2020) qui a tout de même raflé deux Oscars pour le meilleur scénario et pour le meilleur acteur afin de célébrer la prestation extraordinaire d’Anthony Hopkins, Florian Zeller poursuit dans l’exploitation de son œuvre de dramaturge avec The Son. Malgré un titre qui fait écho à son premier film et la présence le temps d’une scène de sir Hopkins, ce nouveau long-métrage n’entretient aucun rapport avec le précédent, si ce n’est un goût prononcé pour le tragique de l’existence.

Cette fois-ci, Florian Zeller quitte les angoisses de la vieillesse pour celles de l’adolescence. Ainsi, il suit ici la lente dérive vers la dépression du jeune Nicholas – excellent Zen McGrath qui est une belle découverte de la part du réalisateur – tout en adoptant le point de vue des deux parents séparés interprétés par Hugh Jackman et Laura Dern. De manière très intelligente, Zeller s’est refusé à donner une explication simple et univoque de l’état dépressif de l’ado suicidaire. Il s’agit ici d’un mal-être intégral que les parents n’expliquent pas, qui dépasse la compétence des psychiatres et déborde même le jeune homme lui-même.

De la difficulté d’être au monde

Bien entendu, le cinéaste offre quelques pistes de réflexion, comme l’impact néfaste sur le gamin du divorce de ses parents et la fracture psychologique qui s’en est suivie. Pour autant, cela ne suffit aucunement à expliquer la totalité du ressenti de cet être qui ne parvient jamais à s’épanouir dans la vie, comme en complet décalage avec son environnement et ses congénères. Là où The Father entrait littéralement dans la tête perturbée de son protagoniste malade, The Son reste volontairement extérieur au personnage de l’adolescent en souffrance, dont on ne comprend jamais les motivations. En revanche, Florian Zeller adopte le point de vue des deux parents qui se trouvent désemparés face au malheur qui frappe leur rejeton tant aimé. Le spectateur est invité à partager leurs hésitations, leur envie de bien faire et leurs dérapages face à une situation qu’ils ne contrôlent absolument pas.

The Son, photo d'exploitation

Zen McGrath, dans The Son : © 2022 Film4 Productions, See-Saw Films, Ingenious Film Partners, Embankment Films et Orange Studio / Photographie : Jessica Koukounis. Tous droits réservés.

Alors que tous les personnages font des efforts pour tirer le gamin vers le haut, celui-ci ne cesse de s’enfoncer vers la dépression, au point d’ailleurs de mettre mal à l’aise le spectateur qui a également envie de le brusquer pour qu’il réagisse. Du côté des parents, on ressent leur désarroi à chaque seconde, ainsi que le questionnement terrible qui ne cesse de les marteler : qu’est-ce que l’on a fait de mal durant la croissance de cet être originellement solaire pour qu’il devienne si sombre ?

The Son, un grand mélodrame magistralement écrit

Ecrit à nouveau avec l’aide du scénariste Christopher Hampton (à qui l’on doit déjà des œuvres magnifiques comme Les liaisons dangereuses de Stephen Frears, Carrington de lui-même et justement The Father de Zeller), ce drame familial aux faux airs de mélodrame évolue progressivement vers la tragédie. Renouant avec un final proche de celui de The Father, Florian Zeller fait intervenir des éléments fantastiques qui ne peuvent que bouleverser le spectateur. Le long-métrage se termine par ailleurs sur une image terriblement poignante qui devrait rester longtemps en mémoire.

Réussissant une fois de plus à déjouer le travers potentiel du théâtre filmé, Florian Zeller confirme sa capacité à exposer au grand jour les failles et les abîmes du cœur humain, comme a pu le faire autrefois un auteur de l’importance de Tennessee Williams. Si l’on cherche une référence davantage cinématographique, on pense également à plusieurs reprises au très beau drame sur la drogue My Beautiful Boy (van Groeningen, 2018) où Steve Carell tentait de sauver son fils incarné par Thimothée Chalamet d’une terrible addiction. Signalons enfin la partition discrète, mais efficace d’Hans Zimmer qui livre une musique douce et éthérée dans le style d’un certain Max Richter.

The Son est donc un nouveau coup d’éclat pour Florian Zeller qui confirme ici son talent, aidé par des acteurs au diapason, dont un Hugh Jackman plus sensible que jamais. A découvrir d’urgence, tout en prévoyant des mouchoirs.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 1er mars 2023

The Son, l'affiche

© 2022 Film4 Productions, See-Saw Films, Ingenious Film Partners, Embankment Films et Orange Studio / Affiche : Couramiau. Tous droits réservés.

Biographies +

Florian Zeller, Laura Dern, Hugh Jackman, Anthony Hopkins, Vanessa Kirby, Zen McGrath

Mots clés

Les drames de l’adolescence au cinéma, La dépression au cinéma, Relation père-fils au cinéma

Box-office :

Véritable échec au box-office américain, The Son a été victime de critiques très mitigées qui lui concèdent une note moyenne de 45/100 sur la revue de presse de Metacritic. Sony Pictures Classics qui espérait pouvoir l’embarquer sur la route aux Oscars après l’ovation de 10 minutes, lors de sa première à Venise, n’a plus d’espoir.

Pourtant, le mélodrame avait été lancé en novembre, à New York et Los Angeles pour pouvoir lui permettre une sélection aux Globes et aux Oscars, avant d’élargir en janvier sur 554 écrans. Mais à ce moment-là, la réponse du public est réfrigérante : 213 000$ en 3 jours et une moyenne de 384$.

En conséquence, pour cette deuxième semaine d’exploitation nationale, 382 sites se débarrassent de cette deuxième chronique familiale de Florian Zeller. La chute de fréquentation est stellaire (-87%, 27 245$ de recettes.). The Son fait donc partie de ces nombreuses productions destinées à un public adulte qui se fracassent dans les salles américaines (Amsterdam, Babylon, The Fablemans…).

Pour Hugh Jackman, c’est la confirmation qu’au-delà des films de super-héros, son attrait est très limitée depuis quelques années. Les échecs de Reminiscence, The Front Runner et Eddie the Eagle étaient effectivement un mauvais présage pour ce grand acteur que le public adulte ne souhaite pas voir. Dans les années 2000, chez Christopher Nolan (Le prestige) et Aronofsky (The Fountain), rien n’y faisait. Déjà. C’est bien dommage.

Au Royaume-Uni où The Son fut lancé sur 193 cinémas le 17 février 2023, l’échec fut également cinglant, avec une 20e place minime (58 077$). Il perdait près de 140 écrans la semaine suivante et 86.4% de ses recettes. En Australie, pays de l’acteur vedette, ce n’est pas mieux avec 151 000$, en trois semaines.

Même l’Italie, qui lui avait offert un accueil si fort à Venise, rechigne à en faire un succès, avec 250 000$ en trois semaines, dont 159 000$ pour son premier week-end.

La France devrait lui permettre d’afficher ses chiffres les plus élevés, avec 17 234 spectateurs pour son premier jour. Orange Studio et UGC Distribution espéraient plus, au vu de ses 332 cinémas, mais dans le contexte, c’est un moindre mal. Pour mémoire, The Father avait stoppé sa course à 611 000 tickets sur notre territoire, soit 4 815 000$ de recettes, le double des USA (2 122 000$). Nous étions, devant la Chine, le premier marché international du drame sur la maladie, devant la Chine !

Florian Zeller étant français, c’est la moindre des choses. D’ailleurs, les critiques locales, y sont moins sévères qu’ailleurs.

Box-office par Frédéric Mignard

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The Son, l'affiche

Bande-annonce de The Son (VOstf)

Drame, Mélodrame, Tragédie

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