The Father : la critique du film (2021)

Drame | 1h37min
Note de la rédaction :
9/10
9
The Father, affiche du film

  • Réalisateur : Florian Zeller
  • Acteurs : Anthony Hopkins, Imogen Poots, Olivia Colman, Rufus Sewell, Olivia Williams
  • Date de sortie: 26 Mai 2021
  • Nationalité : Britannique, Français
  • Titre original : The Father
  • Titres alternatifs : El padre (Espagne, Argentine), Meu Pai (Brésil), Le père (Québec), O Pai (Portugal), The Father - Nulla è come sembra (Italie)
  • Année de production : 2020
  • Scénariste(s) : Christopher Hampton, Florian Zeller, d'après une pièce de Florian Zeller
  • Directeur de la photographie : Ben Smithard
  • Compositeur : Ludovico Einaudi
  • Société(s) de production : Les Films du Cru, Film4, Orange Studio, Canal+, Ciné+, Embankment Films, F Comme Film, Trademark Films, Cine@, AG Studios NYC, Viewfinder
  • Distributeur (1ère sortie) : UGC Distribution / Orange Studio Distribution
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : 2,1 M$
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous Publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs (4K - C-Cinema, DCP) / Son : 5.1 Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : 6 nominations aux Oscars (dont Meilleur film) et 2 Prix (Meilleur acteur, Meilleur scénario adapté), 6 nominations aux BAFTA et deux prix (acteur masculin, adaptation), 6 nominations aux British (deux prix, Acteur, scénario), Goya du Meilleur film européen, 4 nominations aux Golden Globes
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche : Laurent Lufroy / Couramiaud
  • Crédits : Photo Sean Gleason © New Zealand Trust Corporation as Trustee For Elarof Channel Fouf Television Corporation Trademark Father Limited F Comme Film Ciné @ Orange Studio 2020
Note des spectateurs :

The Father est un petit bijou d’émotion brute porté par un Anthony Hopkins au sommet de son talent et une réalisation intimiste bouleversante. Immense.

Synopsis : The Father raconte la trajectoire intérieure d’un homme de 81 ans, Anthony, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux.
Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, sa fille, qui tente de l’accompagner dans un labyrinthe de questions sans réponses.

Adaptation d’une pièce majeure des années 2010

Critique : En 2012, l’écrivain et dramaturge Florian Zeller écrit la pièce Le père qui reçoit très rapidement les plus grands éloges de la part de la presse et du public. Traduite en de nombreuses langues et jouée dans plus d’une quarantaine de pays, la pièce de théâtre est même considérée par la presse internationale comme la meilleure du 21ème siècle. Face à ce plébiscite, Florian Zeller a souhaité transposer cette réussite majeure au cinéma. Lui qui n’a tourné jusqu’alors qu’un court-métrage (Nos dernières frivolités) en 2008 choisit donc de se lancer dans la conception d’un premier long. De plus, il opte pour un tournage en anglais car il propose le rôle à Anthony Hopkins, acteur qu’il admire et voyait comme l’incarnation idéale de son personnage principal.

Olivier Colman dans The Father

Photo Sean Gleason © New Zealand Trust Corporation as Trustee For Elarof Channel Fouf Television Corporation Trademark Father Limited F Comme Film Ciné @ Orange Studio 2020

Ce qui frappe immédiatement dans The Father vient du fait que le réalisateur ne cherche aucunement à s’affranchir des contraintes du théâtre filmé. Contrairement à une habitude répandue, l’auteur ne cherche pas à aérer son récit par la présence de scènes en extérieur. Toutefois, il se sert de la contrainte d’unité de lieu pour déstabiliser le spectateur et construire un espace mental qui se révèle être celui de l’esprit du personnage joué par Anthony Hopkins. Florian Zeller multiplie au début du film les plans fixes décrivant l’intérieur de l’appartement, ce qui semble au départ un brin scolaire. En réalité, cette description attentive est là pour mieux troubler le spectateur lorsque les lieux vont commencer à sensiblement se modifier.

De l’art de troubler la perception des spectateurs

Ainsi, Zeller opère de légers glissements dans la décoration, modifiant progressivement l’emplacement de certaines pièces et donnant à l’appartement un aspect mouvant. Peu à peu, il établit des boucles temporelles (des scènes sont rejouées plusieurs fois, redéfinissant l’ordre logique de la narration) ou pratique des ruptures brutales entre le matin et le soir. Il joue également avec les spectateurs en faisant interpréter les mêmes rôles par des acteurs différents afin de mieux faire ressentir les émotions d’un homme atteint d’Alzheimer.

Absolument admirable, le résultat final donne souvent le vertige tant on a le sentiment de perdre pied en même temps que le personnage principal. Si la thématique de la maladie d’Alzheimer a déjà donné des œuvres puissantes et émouvantes comme Loin d’elle (Polley, 2006) ou Still Alice (Westmoreland, Glatzer, 2014), aucune n’avait ainsi donné l’impression de vivre dans la tête d’un malade.

Anthony Hopkins au firmament

Si la réalisation, discrète et intimiste, mais particulièrement intelligente, est admirable, elle s’appuie surtout sur une interprétation absolument impeccable. Lauréat d’un Oscar du meilleur acteur pour sa performance, Anthony Hopkins n’a clairement pas volé sa récompense. Ce très grand acteur s’impose une fois de plus comme l’un des plus grands de sa génération. Lui qui nous a déjà bouleversés à de nombreuses reprises au cours de son immense carrière trouve ici un accomplissement qui ne peut que nous toucher.

En un seul regard, l’acteur parvient à faire chavirer nos cœurs. Déjà grandiose dans toutes les scènes, il nous donne l’estocade lors d’un plan-séquence final qui ne peut que déchirer. Il parvient à jouer le désarroi absolu lorsqu’il ne sait même plus qui il est et redevient un petit garçon cherchant sa maman, le tout en cinq ou six minutes qui font partie des moments les plus intenses vus au cinéma depuis quelques années.

Un drame digne, à la pudeur bouleversante

Jamais dans le mélodrame, mais à fleur de peau, le film de Florian Zeller ne surligne aucun effet, mais cherche au contraire à pénétrer la vérité des êtres par petites touches. Cette aptitude à révéler les émotions enfouies en chacun de nous est assurément la marque des très grands artistes. Face au géant Hopkins, Zeller a été très inspiré en choisissant l’excellente Olivia Colman (déjà formidable dans La favorite pour lequel elle a reçu un Oscar très mérité) dont les regards en disent plus long que des pages de dialogue.

La fille voit son père décliner petit à petit, subissant ses reproches et ses méchancetés, elle qui n’est clairement pas la préférée de son papa chéri. Les échanges entre les deux comédiens sont savoureux. Mais il ne faut pas oublier les personnages périphériques qui sont tous essentiels pour dresser le portrait complet de cet homme perdu dans son labyrinthe mental.

Un sacre mérité aux Oscars

Présenté avec succès au Festival de Sundance, puis récompensé très justement aux Oscars par une statuette du meilleur scénario et du meilleur acteur pour Anthony Hopkins, The Father a vu sa sortie repoussée pour cause de coronavirus. Il arrive sur les écrans français auréolé de son triomphe aux Oscars et nous rappelle ainsi que des émotions aussi intenses ne peuvent se ressentir que sur grand écran. Les spectateurs ont intérêt à prévoir des mouchoirs car on ne sort pas indemne d’une œuvre aussi forte.

Critique de Virgile Dumez

Sorties de la semaine du 26 mai 2021

The Father, affiche du film

Affiche/Photo : Laurent Lufroy / Couramiaud © New Zealand Trust Corporation as Trustee For Elarof Channel Fouf Television Corporation Trademark Father Limited F Comme Film Ciné @ Orange Studio

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The Father, affiche du film

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