Jean-Claude Van Damme s’essaye avec The Order au film d’aventures divertissant. Mais son mélange d’Indiana Jones et de Jackie Chan ne prend pas vraiment.
Synopsis : Rudy Calmeyer, qui a toujours eu un goût prononcé pour le risque et l’aventure, part à la recherche de son père archéologue. Ce dernier a disparu au Proche-Orient juste après avoir découvert un ancien manuscrit, ultime et très convoité chapitre d’un livre sacré appartenant à l’Ordre de la Trinité.
La descente aux enfers pour Jean-Claude Van Damme
Critique : Alors qu’il fut une grande star du film d’action au début des années 90, Jean-Claude Van Damme a peu à peu perdu de sa crédibilité à cause d’expériences malheureuses avec des réalisateurs parfois en manque d’inspiration. Il s’est notamment fourvoyé avec Tsui Hark pour un Double Team (1997) indigne, mais aussi un Piège à Hong Kong (1998) peu enthousiasmant. Et que dire du déplorable Inferno (Avildsen, 1999) qui entame pour lui la descente aux enfers du direct-to-vidéo ?
Après une pause de deux ans sans tourner, JCVD choisit donc de faire confiance à la société de production Millenium pour son grand retour sur les écrans. Il opte pour un film d’aventures qui serait à la fois un démarquage d’Indiana Jones (dont certaines scènes sont clairement inspirées) et une tentative d’imiter Jackie Chan (visible jusque dans le générique de fin consacré à un bêtisier). Du coup, le script apparaît comme un décalque de celui d’Indiana Jones et la dernière croisade (Spielberg, 1989) où d’ailleurs l’acteur Vernon Dobtcheff jouait déjà, clin d’œil à peine voilé à l’œuvre séminale de Spielberg.
Une aventure distrayante, mais tournée n’importe comment
Grâce à l’origine israélienne des fonds de la société Millenium, The Order bénéficie d’un tournage éclair en plein cœur de Jérusalem, offrant un cadre exotique et original qui enrobe la plupart des plans de paysages superbes. Toutefois, par souci d’économie, l’essentiel du tournage a bien eu lieu en Bulgarie, plateforme habituelle de la société de production aux coûts minimaux. Même constat d’économie avec la présence de la star vieillissante Charlton Heston pour une durée totale de cinq minutes de présence à l’écran. On imagine une à deux journées de travail qui permettent toutefois d’ajouter un nom prestigieux au générique. Son rôle ne sert d’ailleurs à rien dans la narration.
Hormis des paysages plaisants, The Order souffre tout de même d’un budget très serré qui se voit dans la conception des costumes – les tuniques de l’ordre occasionnent un bel éclat de rire, surtout quand elles sont portées par notre Jean-Claude préféré. Si le script, pas folichon, en vaut un autre, le cinéphile pourra en vouloir au réalisateur Sheldon Lettich, visiblement dépassé par la tâche à fournir. Alors que l’action est assez soutenue (une qualité), le réalisateur se révèle incapable de mettre en valeur les combats et autres cascades (un sacré défaut). Parfois illisible, l’action est brouillonne à cause d’un montage foireux et de quelques effets chichiteux (accélérations toc ou ralentis disgracieux). C’est d’autant plus dommage que le rythme général est plutôt bon et que l’on ne s’ennuie pas vraiment, malgré un script terriblement terne et prévisible.
Rabbi Van Damme
En réalité, le réalisateur ne parvient jamais à choisir entre action pétaradante et sérieuse et passages plus humoristiques où les limites du jeu de JCVD apparaissent de manière évidente. Dès que la scène se veut comique, Van Damme cabotine et se vautre, à tel point qu’on rit de lui et non pas avec lui. On se souviendra longtemps de la course-poursuite où JCVD est déguisé en juif orthodoxe sur une musique rappelant celle de Rabbi Jacob. A ses côtés, Sofia Milos est plutôt correcte, mais de nombreux seconds rôles font pitié et poussent le film du côté obscur du nanar. Risible à plusieurs reprises, le long-métrage n’atteint presque jamais sa cible et se fourvoie donc dans les grandes largeurs.
Ajoutons à cela une bande originale complètement à côté de la plaque d’un Pino Donaggio qui ne semble pas avoir eu connaissance des images avant d’enregistrer sa musique. Elle est sans cesse en décalage par rapport aux images et contribue un peu plus au naufrage du spectacle.
Un DTV qui se regarde aisément au cours d’une soirée nanar
Ceci explique sans nul doute son exploitation en vidéo sur de nombreux territoires dont la France. The Order n’a été exploité en salles que sur des territoires comme l’Italie, l’Espagne, la Russie et dans plusieurs pays émergents. Chez nous, il a été directement édité en DVD et il est désormais couplé en blu-ray avec l’unique réalisation de Van Damme, à savoir Le grand tournoi (1995), avec qui il entretient effectivement quelques liens thématiques.
Critique de Virgile Dumez