Véritable série Z, injure au bon goût, Inferno est sans doute l’un des pires films de Van Damme et un testament filmique regrettable pour le réalisateur John G. Avildsen.
Synopsis : Eddie, un aventurier solitaire, parcourt les routes de l’ouest américain à moto. Il arrive à Inferno, une petite ville où sévit une bande d’hommes sanguinaires. Agressé et laissé pour mort par trois d’entre eux, Eddie décide de se venger.
Critique : Initialement prévu pour être un hommage au cinéma japonais d’Akira Kurosawa, Inferno a tout du projet maudit qui débouche inexorablement sur un accident industriel de premier ordre. Dès les premières images, le spectateur peut constater l’ampleur des dégâts puisque le réalisateur John G. Avildsen semble faire preuve d’une réelle ambition sur le plan thématique, tout en sabrant la moindre idée intéressante par une réalisation catastrophique. Cela commence fort avec un coyote qui suit la moto de Van Damme en plein désert. Image symbolique qui, sur le papier, pouvait être poétique, mais est ruinée par une incrustation numérique malheureuse. Il en sera de même pour l’intégralité d’un métrage où rien ne fonctionne.
Le script original de Tom O’Rourke devait sans aucun doute suivre les pas d’un mort dans la ville d’Inferno, délivrant ainsi une métaphore sur l’existence. Mais ici, les éléments oniriques sont systématiquement sabordés par une réalisation terre-à-terre qui nous ramène aussitôt à la dure réalité. Du coup, l’ensemble du long-métrage se révèle incohérent, suggérant la mort de certains personnages qui, finalement, interagissent naturellement avec d’autres. John G. Avildsen ayant finalement refusé de signer son propre film, il y a fort à parier que ces modifications ont été faites dans son dos.
Toutefois, cela n’excuse en rien le réalisateur, responsable en grande partie du naufrage intégral du film. Tout d’abord, il est incapable de diriger son casting. Van Damme a rarement été aussi mauvais, Pat Morita fait de la figuration, tandis que Danny Trejo est épouvantable. Le casting féminin n’est pas en reste, de même que l’intégralité du gang des méchants qui sont tous en roue libre. Le cinéaste a également validé des choix esthétiques impardonnables, comme le chapeau ridicule que porte Van Damme pendant une grande partie du film. Il suffisait pourtant d’un coup d’œil rapide sur les rushes pour régler le problème.
Dans ce grand vent de médiocrité, Avildsen se rend coupable de scènes Z qui placent le film dans la case nanar. On pense notamment à ce massage de pieds totalement surréaliste prodigué par Trejo sur son ami Van Damme, tandis que le duo entonne une chanson. Mais le sommet du ridicule est atteint lorsque Van Damme se retrouve nu (mais avec des santiags) face à une jeune femme et que leurs ébats sont observés par une vieille grand-mère tout émoustillée, faisant des œillades complices à la caméra. On se croirait alors en plein film X ringard et vicelard.
Après de telles séquences, il est rigoureusement impossible de considérer le bousin autrement que comme un ratage mémorable, du genre dont on ne se remet jamais totalement. D’ailleurs, la carrière du réalisateur John G. Avildsen, oscarisé pour Rocky, a ainsi été brutalement interrompue puisqu’il s’agit de son dernier long avant une retraite sans doute anticipée. En ce qui concerne Jean-Claude Van Damme, Inferno constitue un terrible échec puisque la sortie cinéma a été annulée dans de nombreux pays, dont la France. Le film allait ainsi initier une tendance lourde : la star au bout du rouleau devait s’habituer à ne tourner que des produits vidéo durant les vingt années qui suivirent.
Au vu de l’extrême médiocrité de ce film, on peut comprendre pourquoi aucun distributeur n’a voulu se risquer à le sortir en salles.